TRÉSOR DE BIBLIOTHÈQUES # 05

🇫🇷

KEIKA Hasegawa. Keika hyakugiku [Cent chrysanthèmes de Keika], 1893.
Éditeur : Yamada Naosaburo. 1 vol., 32 cm. Cote : 520787.
© Université de Bourgogne

Note : 5 sur 5.

Texte : Rodolphe Leroy, Conservateur responsable de la mission patrimoine, archives et culture, Pôle documentation, Université de Bourgogne

Cet ouvrage n’est présent qu’à deux exemplaires en France : à la bibliothèque nationale de France (Paris) et à Dijon, en bibliothèque universitaire. D’où viennent-ils ? Leur étude dévoile un des aspects méconnus du travail des établissements culturels, qui interrogent la provenance de leurs collections. Initialement il s’agit, dans les deux cas, d’une collection débutée ailleurs avant de passer entre les mains de bibliothèques publiques. L’exemplaire de la bibliothèque universitaire est un dépôt de l’École nationale des beaux-arts de Dijon : au début du XXe siècle, l’ouvrage est un recueil de motifs pour les élèves, au moment où le japonisme est à la mode dans le monde de l’art.  L’autre exemplaire renvoie à une histoire dramatique, car il est issu des récupérations artistiques que l’État français a mis en place à la sortie de la Seconde guerre mondiale. Les biens spoliés par les forces d’occupation nazies puis récupérés sont en effet répartis dans des établissements publics, bibliothèques ou musées, lorsqu’ils n’ont pas été réclamés par leur légitime propriétaire. Ici, un collectionneur, qui reste à ce jour inconnu.
Imprimé en couleurs par la gravure sur bois traditionnelle japonaise, l’ouvrage représente une variété étonnante de chrysanthèmes, fleur soleil cultivée par la famille impériale et la noblesse depuis des siècles. Elle revêt une importance culturelle particulière dans cette société : cet ouvrage n’est donc pas un « simple » livre botanique ou florilège mais aussi une porte ouverte sur la civilisation japonaise.