Bamberger Apokalypse
Staatsbibliothek Bamberg
Bamberg, Allemagne
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Apocalypse de Bamberg, Staatsbibliothek Bamberg, Ms. Bibl.140, f. 1 v. avec initiale A,
Reichenau, c. 1010 (106 feuillets de parchemin illustrés, 29,5 x 20,5 cm)
© Staatsbibliothek Bamberg
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Texte : Bettina Wagner, directrice de la Bibliothèque nationale de Bamberg
Traduction : Thomas Ménard
L’Apocalypse de Bamberg est le manuscrit le plus précieux de la Bibliothèque nationale de Bamberg. Typique de l’enluminure ottonienne avec ses riches décorations, l’œuvre a été réalisée entre 1000 et 1020 et représente l’une des plus grandes créations de l’école dite de Reichenau. Elle fait partie du patrimoine documentaire mondial de l’UNESCO depuis 2003. Le manuscrit a été offert par l’empereur Henri II (roi de Germanie à partir de 1002 et décédé en 1024) et son épouse Cunégonde (décédée vers 1033) à l’église collégiale Saint-Étienne de Bamberg, à l’occasion de sa consécration, vers 1020. Le codex a été copié sur l’île de Reichenau, au bord du lac de Constance, par un scribe principal et deux assistants. Avec son décor luxueux, le codex représente l’une des plus grandes créations de l’art du livre ottonien. Le décor pictural est attribué à l’atelier de Liuthar, au sein du scriptorium de l’abbaye de Reichenau. L’Apocalypse est accompagnée de 50 miniatures grand format d’une grande puissance expressive. Il offre le seul cycle d’images survivant de la période ottonienne sur ce sujet.

Apocalypse de Bamberg, Staatsbibliothek Bamberg, Ms. Bibl.140, f. 1 r. avec miniature, Reichenau, c. 1010 (106 feuillets de parchemin illustrés, 29,5 x 20,5 cm)
© Staatsbibliothek Bamberg
Sur la miniature de la première page, Jean, l’auteur de l’Apocalypse, reçoit le livre des mains d’un ange. C’est le signe visuel que le texte est d’inspiration divine, c’est-à-dire qu’il est « terminé » avant d’être écrit et que Jean n’agit qu’en tant que médiateur. La description de ses visions commence au 4ème chapitre, après les lettres aux communautés

Apocalypse de Bamberg, Staatsbibliothek Bamberg, Ms. Bibl.140, f. 10 v. avec miniature, Reichenau, c. 1010 (106 feuillets de parchemin illustrés, 29,5 x 20,5 cm)
© Staatsbibliothek Bamberg
Jean voit le Christ trônant sur l’arc-en-ciel, au-dessus du globe terrestre et de la mer, entouré des quatre animaux symbolisant les évangélistes et des 24 (ici seulement 8) Anciens. Les anges rendent hommage à l’Agneau, qui est le seul digne d’ouvrir le livre aux sept sceaux (voir l’enluminure). À l’ouverture du premier sceau, le premier des quatre cavaliers de l’apocalypse apparaît sur un cheval blanc, tenant un arc à la main et recevant la couronne victorieuse de l’Agneau (voir l’enluminure).

Apocalypse de Bamberg, Staatsbibliothek Bamberg, Ms. Bibl.140, f. 29 v. avec miniature, Reichenau, c. 1010 (106 feuillets de parchemin illustrés, 29,5 x 20,5 cm)
© Staatsbibliothek Bamberg
L’ouverture des autres sceaux et le son des sept trompettes provoquent des catastrophes sur terre, aboutissant à l’apparition d’un dragon. Il s’attaque à un enfant, né d’une femme debout sur un croissant de lune et portant une couronne d’étoiles. Dans la tradition médiévale, elle symbolise l’Église (mater ecclesia), qui est attaquée par les puissances terrestres. L’archange Michel et son assistant combattent le dragon (voir l’enluminure). Finalement, les guerriers de l’armée céleste sont victorieux contre le dragon et son double, le faux prophète, et les jettent dans une mare de flammes. Le dragon doit y reposer pendant le règne millénaire du Christ et de ses fidèles, jusqu’à ce qu’il soit à nouveau libéré.

Apocalypse de Bamberg, Staatsbibliothek Bamberg, Ms. Bibl.140, f. 53 v. avec miniature, Reichenau, c. 1010 (106 feuillets de parchemin illustrés, 29,5 x 20,5 cm)
© Staatsbibliothek Bamberg
La bataille finale, au cours de laquelle le dragon est finalement vaincu, est suivie du Jugement dernier : le Christ sépare les justes des damnés et crée un nouveau ciel et une nouvelle terre. Cette représentation, familière grâce à de nombreuses reproductions dans des images et sculptures médiévales, a été conçue pour la première fois par les artistes de Reichenau qui ont décoré l’Apocalypse de Bamberg.

Apocalypse de Bamberg, Staatsbibliothek Bamberg, Ms. Bibl.140, f. 59 v. avec miniature, Reichenau, c. 1010 (106 feuillets de parchemin illustrés, 29,5 x 20,5 cm)
© Staatsbibliothek Bamberg
Dans le manuscrit, l’Apocalypse est suivie d’une deuxième partie, séparée par une image double représentant un souverain (fol. 59v/60r). Le côté gauche montre un jeune prince trônant entre les apôtres Pierre et Paul. En-dessous, quatre figures féminines offrent leurs cadeaux, comme des allégories des nations. L’identification de la figure du prince est controversée. La représentation n’est pas un portrait « authentique » de l’empereur Otton III ou d’Henri II. Le triomphe des vertus sur les vices est illustré sur la page opposée (voir l’enluminure).

Apocalypse de Bamberg, Staatsbibliothek Bamberg, Ms. Bibl.140, f. 63 v. avec miniature, Reichenau, c. 1010 (106 feuillets de parchemin illustrés, 29,5 x 20,5 cm)
© Staatsbibliothek Bamberg
Outre l’Apocalypse de Jean (le dernier livre de la Bible), le codex contient également un évangéliaire. Cette deuxième partie du texte propose les textes évangéliques proclamés pendant la messe, à l’occasion des fêtes principales du Seigneur et des saints. Elle n’était donc pas destinée à la pratique liturgique quotidienne. L’Évangéliaire contient cinq images avec des scènes de la vie du Christ. Les cycles de miniatures sur la vie du Christ sont l’une des grandes réalisations de l’enluminure de Reichenau ; ils ont déterminé le style de la peinture des siècles suivants.
