Recueil factice d’œuvres d’Érasme
Médiathèque de Haguenau – Réseau TILT
Haguenau, France
https://biblio-tilt.agglo-haguenau.fr/
🇫🇷

Fig. 1 : page de titre du premier ouvrage, De Verborum Copia.
© Ville de Haguenau, pour cette illustration et les suivantes.
Texte : Antoine Simonin, Coordonnateur patrimonial, Médiathèque de Haguenau
Ce document (Cote : XVI M 141) est un recueil factice, créé à partir de plusieurs éditions imprimées séparément mais reliées ensemble. Il est composé de trois ouvrages de et sur Érasme, datant tous du XVIe s. Il commence par l‘édition de 1518 du De verborum copia (Jacob Thanner à Leipzig), suivie de l’édition de 1519 du même ouvrage (Thomas Anshelm à Haguenau), seulement dans sa 2e partie, puis finit par un catalogue posthume des œuvres d’Érasme de 1537 (Jérôme Froben et Nicolas Episcopius à Bâle).
Le premier ouvrage, De verborum copia, est publié une première fois en 1512 puis remanié et augmenté pendant une vingtaine d’années par son auteur. Érasme y donne ici un exposé pratique sur la manière de la rhétorique (verborum).
Le deuxième ouvrage est incomplet, ne présentant que sa seconde partie, qui s’avère être la suite directe du premier ouvrage de notre recueil. Elle concerne les rerum (les matériaux qui feront mot), dans une idée d’imbrication avec le concept de rhétorique, les deux ne pouvant être séparés si ce n’est ici pour des questions pédagogiques.

Fig. 2 : marque typographique de Thomas Anshelm utilisée à la fin du deuxième ouvrage.
Le dernier ouvrage est l’un des rares exemplaires restants de la première édition commémorative des œuvres d’Érasme, éditée par son ami et héritier spirituel Bonifacius Amerbach. S’y trouvent un résumé des dernières années de vie d’Érasme, suivies d’un index thématique de ses travaux et des contributions d’une quinzaine d’auteurs humanistes dont une lettre du poète Germain de Brie et un texte en hébreu de Sébastien Münster. L’ouvrage finit sur l’épitaphe de la tombe d’Érasme.

Fig. 3 : texte hébreu de Sébastien Münster clôturant le recueil.
La première partie du recueil a été largement utilisée, comme en témoignent les très nombreuses annotations manuscrites qui parsèment, entourent et accompagnent le texte. Certaines se combinent avec le texte : le discours imprimé possède en effet des blancs par endroits, là où devaient figurer des mots en grec ancien. Or l’imprimeur ne disposait pas de ce jeu de caractère lors de l’impression : il fallait donc qu’ils soient rajoutés manuscritement. L’auteur des ajouts manuscrits en a profité pour expliciter certain de ces mots grecs en latin, à côté ou à la marge.

Fig. 4 : exemple de texte latin avec des trous, remplis manuscritement par les mots grecs manquants.
Encore plus insolite, cette même personne a dessiné au revers de la page de titre une représentation de son cheminement intellectuel et spirituel sous la forme d’un arbre de connaissance. À ses racines figurent nommément l’endurance (patientia), l’abstinence (abstinentia), l’obéissance (obed[ientia]) et l’application (dilig[entia]), qui permettent d’acquérir les fruits que sont l’honneur (honor), la renommée (bona fama) et le mérite (laüs). Sur le tronc monte une personne qui semble avoir deux poids reposant sur son bras gauche. Une mention lui est liée à droite, sequemini me (« Vous me suivrez ! »). Sur la branche la plus haute directement liée au tronc, de celles sur lesquelles le personnage grimpe et qui équivaut ici à la dernière marche, figure un livre ouvert et empli de texte. De l’autre côté de l’arbre figurent d’autres mentions latines moins lisibles. On observe également une racine qui s’enfonce sous terre en bas à droite, au-delà de ce qui reste de la page rognée, indiquant la possible présence d’autres mentions latines qui ne nous seraient malheureusement pas parvenues.

Fig. 5 : arbre de la connaissance manuscrit.
