TRÉSORS DE DEMEURES # 02

🇫🇷

Façade sur jardin du château de Maisons © David Bordes / Centre des monuments nationaux.

Note : 5 sur 5.

Textes : équipe du château de Maisons (Centre des monuments nationaux).

Le château de Maisons, joyau architectural du XVIIe siècle, est sis entre forêt et fleuve. Signé par l’illustre François Mansart, ce chef-d’œuvre marie la Renaissance à l’architecture classique, incarnant la transition stylistique de son époque. Témoin exceptionnel de l’art français du XVIIe siècle, ce château, bâti entre 1634 et 1646 pour René de Longueil, présente des traits novateurs avec son vestibule central et son escalier à jour.
Propriété de grandes figures de l’histoire nationale, il fut un lieu de repos, de réception et de fêtes. Parmi ces illustres propriétaires, citons le comte d’Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X, ainsi que le maréchal Lannes, mais aussi le banquier Jacques Laffitte, ministre des finances de Louis-Philippe, qui donna son nom à la ville nouvelle qu’il créa. Racheté par l’État en 1905, le château de Maisons est ouvert au public depuis le 26 juillet 1912. Il est aujourd’hui géré par le Centre des monuments nationaux.

Salle à manger du comte d’Artois © Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

Note : 5 sur 5.

L’escalier d’honneur © Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

L’escalier d’honneur du château, imposant et majestueux, offre une expérience architecturale unique. À première vue, il semble ordinaire, mais une fois que l’on monte ses marches, on découvre son génie caché. Conçu par l’illustre François Mansart, cet escalier est bien plus qu’un simple moyen de déplacement vertical : c’est une œuvre d’art à part entière.
Avec son vide central, il s’élève en quatre volées de marches, suspendues comme par magie, offrant une sensation de légèreté et de grâce. Sa coupole ovale, invisible depuis la cour d’honneur, ajoute à son mystère et à son charme.
Mansart a utilisé l’art de la stéréotomie pour créer cet ouvrage d’un type nouveau, où la découpe et l’assemblage des pierres de taille atteignent un niveau de perfection inégalé. La sobriété des murs de pierre blanche à l’étage contraste avec la richesse des détails sculptés et des pilastres, donnant vie à chaque pas que l’on fait.
Cet escalier, véritable pièce maîtresse du château, mène à l’étage noble, offrant un accès royal à l’appartement du roi et de la reine. C’est un voyage à travers le temps et l’histoire, où chaque marche révèle un peu plus la grandeur et l’ingéniosité de l’architecture française.

L’escalier d’honneur © Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Note : 5 sur 5.

Les putti de l’escalier d’honneur

Le groupe de la fête et de la musique © Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Le plafond de l’escalier d’honneur est orné d’un remarquable ensemble sculpté, composé de quatre groupes de putti ou Amours, réalisé par Philippe de Buyster (1595-1688) d’après les modèles de Jacques Sarrazin (1592-1660). Chaque groupe porte en lui une signification particulière.
Le premier groupe, identifiable par la présence de Cupidon et de son arc, symbolise l’Amour et l’Hymen. Cette représentation revêt une importance singulière à Maisons, où le château est parfois interprété comme un hommage à Madeleine Boulenc de Crèvecœur, la jeune épouse de René de Longueil, décédée en 1636. Les décors du château renforcent ces liens conjugaux à travers diverses allusions, telles que des initiales entrelacées, le blason des Boulenc de Crèvecœur, ou des symboles mariaux et de fidélité dissimulés dans les ornements.
Le deuxième groupe illustre l’aspect festif et réceptif du château, avec des putti chanteurs entourés de partitions et d’instruments de musique.
Le troisième groupe symbolise les Arts et les Sciences à travers l’utilisation du compas, de la palette et de l’équerre, illustrant ainsi l’architecture et la géométrie.
Enfin, le quatrième groupe aborde un thème cher aux artistes de la Renaissance : la Guerre et le contraste entre la vie active et militaire, et la vie contemplative et intellectuelle.

Le groupe de la guerre © Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux.png

Note : 5 sur 5.

Un tableau d’Hubert Robert

Le tableau d’Hubert Robert © Reproduction Patrick Cadet / CMN

« Le Paysage avec Cascade inspiré de Tivoli » est l’une des grandes œuvres de Hubert Robert, artiste majeur du XVIIIe siècle.
Après avoir passé une douzaine d’années en Italie, Robert visita Tivoli et le Vésuve en 1774, accompagné du Chevalier Volaire (1729-1799), spécialiste des peintures de volcans. C’est au cours de ce voyage que Volaire réalisa « L’éruption du Vésuve » pour le Château de Nègrepelisse.
De retour à Paris, les paysages italiens continuèrent à inspirer Hubert Robert, dont les œuvres furent qualifiées de « poétique des ruines » par Diderot. En 1779, Robert peignit cette composition monumentale directement d’après nature.
Au premier plan du tableau, trois personnages donnent une échelle humaine à cette scène grandiose. Le personnage tenant un carton à dessin sous le bras ne serait-il pas le peintre lui-même, comme le suggère sa signature visible sur le carton ?
En clin d’œil à l’histoire, les tableaux du Chevalier Volaire et d’Hubert Robert se font face aujourd’hui dans le Salon des Captifs, une salle de réception qui a prospéré aux XVIIIe et XIXe siècles…

Détail du tableau d’Hubert Robert © Reproduction Patrick Cadet / CMN

Note : 5 sur 5.

Les Éditions du Patrimoine ont publié deux ouvrages sur le château de Maisons :
> Claude Mignot, Le château de Maisons, collection Itinéraires, 48 pages, 9 euros,
> Collectif, Le château de Maisons, de la résidence aristocratique au monument historique, 175 pages, 29 euros.