Le château de Valençay
Valençay, France
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🇫🇷

Le donjon d’entrée et la tour nord-ouest © Pierre Holley.
Textes : l’équipe du château de Valençay.
Merci à Alexis Rousseau-Jouhennet, directeur, et Antoine Longuet, secrétaire général.
Le domaine de Valençay est un haut lieu du patrimoine français, riche d’une histoire singulière qui débute à la Renaissance avec la famille d’Estampes, avant d’être la demeure de l’illustre Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, diplomate hors pair et ministre de Napoléon.
Des textes attestent l’existence de la seigneurie de Valençay dès le XIIIe siècle. Elle relevait alors du comté de Blois. Seule subsiste de cette époque une salle basse médiévale, située sous l’actuelle cour d’Honneur. Alors propriété d’Eudes de Bourgogne, puis de sa descendance, le fief est acquis en 1451 par Robert II d’Estampes et trois de ses frères.
Originaire du Berry et anoblie, la puissante famille d’Estampes va jouir jusqu’au XVIIIe siècle d’une très bonne renommée, s’intégrer à la haute noblesse et s’illustrer dans des charges importantes au service de la couronne. Symbole de cette ascension prestigieuse, le château que nous connaissons aujourd’hui a remplacé un manoir féodal. Il a été construit par étapes et grâce à des alliances matrimoniales judicieusement choisies. C’est sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV que la famille d’Estampes atteint son apogée avec l’attribution du titre de marquis de Valençay à Jacques II, puis à son fils, Dominique. La famille bénéficie d’une situation particulièrement favorable à la cour et Dominique réalise une alliance prestigieuse en épousant Marie-Louise de Montmorency. Grâce à lui, les bâtiments entourant la cour d’Honneur sont achevés : doublement en longueur de l’aile ouest, construction d’une aile symétrique à l’est, fermeture au sud de la cour par un mur d’arcades ajourées.
Conséquences de conflits de succession dans la famille d’Estampes au début du XVIIIe siècle, le château est revendu plusieurs fois avant de devenir, en 1766, la propriété du fermier général Philippe-Charles de Villemorien qui acquiert aussi les seigneuries voisines de Veuil et Lucay-le-Mâle. L’embellissement du château et du domaine lui coûtera deux millions de livres. Tandis que l’aile est et le mur d’arcades sont détruits pour dégager la vue, une tour semblable à la tour nord-ouest est édifiée au sud du corps de logis. La façade sur cour est refaite dans le goût du temps sur les plans de l’architecte Joseph-Abel Couture et le bâtiment est nouvellement doté d’un comble brisé à la Mansart.
Troisième plus grande propriété privée de France, avec ses 13.000 hectares, le domaine est acheté en 1803 par Talleyrand, sous l’impulsion de celui qui deviendrait un an plus tard Napoléon 1er. Le château est très vite meublé et décoré grâce aux grandes collections du prince. Ce mobilier est en partie encore présent au château, où chaque pièce visitable est l’occasion de découvrir des pièces d’exceptions.
Il joue également un rôle important durant la Seconde guerre mondiale en tant que dépôt des œuvres d’art des Musées Nationaux, y compris le Louvre ou la Malmaison. Y seront ainsi stockés des chefs d’œuvres comme la Vénus de Milo, la Victoire de Samothrace, ou encore le diamant le Régent.
Rachetés en 1979 aux derniers héritiers de la famille de Talleyrand-Périgord, le château et le parc de Valençay sont aujourd’hui une propriété du département de l’Indre et de la ville de Valençay, et est ouvert au public d’avril à janvier.

Vue aérienne du château © Pierre Holley.

La façade ouest du corps de logis et le jardin régulier de la Grande perspective
© Pierre Holley.

La tour sud avec, à droite, la cour d’Honneur et, au fond à gauche, l’Orangerie © Pierre Holley.
La table du Congrès de Vienne

La table du Congrès de Vienne dans le Grand salon © Pierre Holley.
Au centre du grand salon est installée une table tout à fait unique. De forme ronde, recouverte d’un tapis de jeu, cette table semble être une simple table de jeux de cartes comme il s’en trouve beaucoup dans les salons du XIXe siècle.
Cependant, celle-ci a une histoire particulière, qui la rend unique : le 9 juin 1815, les diplomates européens, réunis dans le cadre du Congrès de Vienne, se réunissent autour de cette table, au sein du palais Kaunitz à Vienne, qui accueille alors l’ambassade de France. Ils signeront sur cette table l’acte final du congrès, qui redécoupera l’Europe.
Talleyrand, qui avait été envoyé à Vienne en tant que représentant plénipotentiaire de la France par Louis XVIII, réussit là-bas son coup de force diplomatique : installer la France au cœur des tractations, alors même qu’elle avait été mise au ban des nations après près de vingt ans de conflits en Europe, durant la Révolution et l’Empire.
Organisant de somptueuses réceptions et faisant rayonner l’art de vivre à la Française, il réussit à faire venir les diplomates étrangers, durant les longs mois que dure le congrès, au sein de l’ambassade de France, la plaçant ainsi petit à petit dans une position centrale.
À l’issu du congrès de Vienne, la table est ramenée à Valençay par Talleyrand en souvenir de son plus grand acte politique. Elle représente à la fois son succès, mais aussi la « diplomatie à la française », celle des grandes réceptions et de l’art de vivre.

La table du Congrès de Vienne (détail) © Pierre Holley.
La chambre du roi d’Espagne

La chambre du roi d’Espagne © Michel Chassat.
Plus grande chambre du château, cette chambre a connu un destin particulier : elle a accueilli, entre 1808 et 1814, le prince Ferdinand des Asturies, infant d’Espagne, envoyé en exil par Napoléon.
Profitant d’une lutte pour le trône d’Espagne entre Ferdinand et son père, le roi Charles IV, Napoléon convie en 1808 les deux princes de la maison de Bourbon à Bayonne en se présentant comme juge de paix. Une fois les princes à Bayonne, il les force à abdiquer, puis les envoient en exil, l’un à Compiègne et l’autre à Valençay, tout en installant son frère Joseph sur le trône d’Espagne.
La chambre qui sera occupée par le prince d’Espagne, futur Ferdinand VII, est meublée à son gout, avec notamment un lit fait sur mesure pour lui, accompagné d’un mobilier de style Empire. Les nombreux miroirs montrent l’importance de l’occupant des lieux. Ferdinand passera à Valençay un doux exil, bien loin des rigueurs de l’étiquette de la monarchie espagnole. Il apprendra ainsi à danser, monter à cheval, chasser, et profitera des douces soirées dans le parc du château. En décembre 1813, le traité de Valençay redonnera le trône d’Espagne aux Bourbon, et à Ferdinand en particulier. Il attendra mai 1814 pour repartir à Madrid.

La chambre du roi d’Espagne (détail) © Château de Valençay.
Le théâtre

Le théâtre © Pierre Holley.
Le théâtre du château de Valençay, construit à la demande du prince de Talleyrand entre 1819 et 1820, est un véritable bijou architectural et culturel. Situé dans les anciens communs, à proximité de l’Orangerie, ce théâtre intime reflète le goût raffiné de son propriétaire pour les arts et le divertissement.
Ce théâtre, de style néoclassique, possède une salle de spectacle aux proportions modestes, permettant une proximité directe entre les artistes et le public, créant ainsi une atmosphère chaleureuse et conviviale. Son décor est orné de stucs peints à la main, réalisés sous la houlette de Ciceri, chef décorateur des opéras de Paris. Le plafond, finement décoré, renforce le caractère intime et luxueux de l’espace, tout en donnant une impression de profondeur plus grande grâce à ses faux reliefs peints.
Le théâtre propose des décors de scènes uniques, datant de la création du lieu, qui représentent les scènes habituelles du théâtre classique : forêt, intérieurs bourgeois, place publique…, pour au total sept jeux de décors complets datant du début du XIXe siècle, cas unique en France.
Aujourd’hui encore, le théâtre de Valençay reste un témoignage précieux de la vie culturelle sous l’Empire et la Restauration, un espace où l’histoire, les arts de la scène et la musique continuent de résonner à travers les siècles. Il est encore utilisé de nos jours pour des représentations théâtrales ou musicales.
Afin d’en préserver les décors, le théâtre ne se visite qu’accompagné d’un guide, dans le cadre d’une visite guidée.

Le théâtre, avec un autre décor de scène © Château de Valençay.

L’une des niches et sa torchère caryatide © Château de Valençay.
