TRÉSORS D’ÉGLISES # 05

🇫🇷

Basilique Saint-Sauveur – Vue générale © Ville de Dinan

Note : 5 sur 5.

Textes : le service conservation et valorisation des patrimoines, Ville de Dinan.

Située au sud de Dinan, la basilique Saint-Sauveur est avec l’église Saint-Malo, l’un des deux établissements religieux historiques qui organisent le territoire ecclésiastique de l’agglomération de Dinan.

Une fondation légendaire
La tradition séculaire attribue à Riwalon Le Roux, frère de Geoffroy Ier de Dinan, la fondation, dans le premier quart du XIIe siècle au sud de la ville, de l’église Saint-Sauveur. Toutefois, l’étude architecturale des parties romanes de l’église atteste d’une construction autour des années 1130-1145.

La naissance d’une paroisse
La première mention de l’église Saint-Sauveur apparait vers 1122-1123 dans la charte de partage des biens de Geoffroy Ier de Dinan entre ses deux fils. Si le fils ainé, Olivier II, reçoit la seigneurie de Dinan-Nord ainsi que le château primitif, Alain de Dinan hérite de la partie sud de la ville et du château de Léhon. La naissance de la paroisse Saint-Sauveur, qui n’avait jusque-là aucun statut, est le fruit du démembrement de la paroisse Saint-Malo. Les territoires situés au sud de la ligne de partage remontant du pont sur la Rance pour rejoindre l’ouest de la ville relèvent désormais de la paroisse Saint-Sauveur.

Alain de Dinan, commanditaire de l’église romane ?
Si la légende attribuant la fondation de l’église Saint-Sauveur à Riwalon Le Roux ne repose sur aucune source historique, les vestiges de la façade occidentale témoignent d’un financement important qui ne peut être le fait que de riches seigneurs. Par ailleurs, en admettant que le chantier de l’église Saint-Sauveur s’établit entre 1130-1145, il est possible d’identifier Alain de Dinan comme étant le commanditaire de l’actuelle église romane, ce dernier souhaitant marquer la naissance de la nouvelle paroisse Saint-Sauveur, fief de sa seigneurie.

Basilique Saint-Sauveur – Porche de la façade © Ville de Dijon

1480 : le chantier d’agrandissement
En 1480, l’église Saint-Sauveur, devenue trop petite, fait l’objet d’importants travaux d’agrandissements. Le chantier débute par la construction d’un bas-côté au nord de l’édifice. L’homogénéité de la construction atteste une réalisation rapide et témoigne de ressources financières conséquentes. Par ailleurs, le profil employé dans le traitement des grandes arcades du bas-côté se retrouve également sur le chantier voisin du chœur de l’église Saint-Malo et traduit donc le recourt à une même main d’œuvre.

Basilique Saint-Sauveur – Bas-côté Nord © Ville de Dinan

La reconstruction du chœur
Le chantier s’étend vers l’est avec la construction d’un nouveau chœur. Une inscription sur l’un des piliers du rond-point porte la date 1507 et précise même le nom du maître d’œuvre : Rolland Bougnart. Le chantier du chœur de l’église Saint-Sauveur suit celui de l’église Saint-Malo dont le lancement est daté de 1490. S’il en reprend le plan général, le projet architectural du chœur de Saint-Sauveur systématise et amplifie le programme adopté à l’église Saint-Malo. L’augmentation du nombre de chapelles rayonnantes et la plus grande profondeur de la chapelle axiale en témoignent.

Basilique Saint-Sauveur – Chevet © Ville de Dinan

La fin du chantier
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, l’église Saint-Sauveur est dotée d’un transept. Une inscription sur une pile de la croisée du transept témoigne de la chute de la tour de croisée en 1547. Une autre inscription fait référence à la reconstruction des piles une dizaine d’année plus tard. Jusqu’à la fin du XVIe siècle, les ouvriers œuvrent à l’édification de la toiture de l’église Saint-Sauveur.
En 1600, la toiture de l’église est couverte d’ardoises. Plusieurs dates portées attestent d’une activité jusqu’en 1612. Si la chute de la tour de croisée en 1547 a pu ralentir le chantier, le contexte politique et économique du milieu du XVIe siècle, lié aux guerres de religion, marque l’abandon du projet initial.
Les travaux de la toiture de l’église Saint- Sauveur se poursuivront tout au long du XVIIe siècle. Dans la première moitié du XVIIe siècle, des travaux sont menés sur les charpentes du chœur, des transepts et du clocher, la bénédiction de ce dernier ayant lieu en 1668. La première messe est célébrée par l’évêque de Saint-Malo le 21 mai 1654.

Basilique Saint-Sauveur – Pinacles et clocher © Ville de Dinan

La restauration au XIXe siècle
En 1852, la commission des Monuments Historiques confie à l’architecte Victor Ruprich-Robert la restauration de l’église Saint-Sauveur. Ce dernier travaille alors à la reconstruction de l’église Saint-Malo de Dinan. Entre 1852 et 1859, une deuxième campagne de restauration se concentre sur les parties basses de la façade occidentale, celle-ci prévoit le remplacement des colonnes du porche, la modification de l’appareillage de la façade écran, la pose de la porte. Par ailleurs, les colonnes et chapiteaux du mur sud sont remplacés. En 1863, Victor Ruprich-Robert présente un nouveau tympan représentant le Christ bénissant dans une mandorle flanquée de deux anges. Le tympan est définitivement posé en 1864.
Classée parmi les monuments historiques en 1862, l’église Saint-Sauveur est érigée au rang de basilique le 23 mai 1954 par le pape Pie XII, trois siècles après l’ouverture du chœur et sa bénédiction.

Basilique Saint-Sauveur – Tympan sculpté représentant le Christ © Ville de Dinan

Note : 5 sur 5.

L’autel majeur

Basilique Saint-Sauveur – Autel majeur © Ville de Dinan

Le maître-autel, exécuté dans la première moitié du XVIIIe siècle par François Lamandé et Jean Lemonnier, est augmenté, dans les années 1744, d’un baldaquin d’autel comprenant un dais et six colonnes en faux marbre. Sous le dais, figurent un ange thuriféraire, un ange portant navette, un ange portant bénitier, la colombe du Saint-Esprit et le Christ en croix. Enfin sur le gradin d’autel prennent place deux statues : la Vierge Marie et saint Jean. Sous le dôme de la colonnade qui couvre le tabernacle trône la figure de Dieu bénissant. Son revers porte également un décor sculpté représentant un ange tenant une épée.   

Note : 5 sur 5.

La cuve aux Atlantes

Basilique Saint-Sauveur – Cuve aux Atlantes © Ville de Dinan

Les fonts baptismaux comprennent une cuve circulaire posée sur pied rectangulaire mouluré. Quatre personnages sculptés vêtus d’un bliaud portent la cuve. Deux poissons sont sculptés à l’intérieur du bassin cannelé. Lors de sa visite en 1840, Arcisse de Caumont précise avoir identifié une cuve similaire à Corseul. En effet, des cuves dites aux « atlantes » se retrouvent à la fin du XIIe siècle dans le nord-est de la Bretagne comme à Erquy, Landébia, Perros-Guirec, Plancoët, Pléboulle, Saint-Malo et Trégon. Toutefois, la maitrise de la sculpture en ronde-bosse, avec ces corps qui se détachent presque de la vasque, fait des fonts baptismaux de l’église Saint-Sauveur un exemple unique pour la Bretagne.

Note : 5 sur 5.

Notre-Dame des Vertus

Basilique Saint-Sauveur – Notre-Dame des Vertus © Ville de Dinan

Dans ses « Recherches sur Dinan et ses environs », Luigi Odorici, en 1857, décrit une icône miraculeuse placée dans l’église Saint-Sauveur, en partie supérieure du retable dédié à saint François. Celui-ci identifie cette image comme étant Notre Dame des Vertus. En effet, la tradition associée à la fondation du couvent des Cordeliers de Dinan atteste du don fait par saint Bonaventure d’une image de Notre Dame des Vertus au dit couvent. Cette image est citée à plusieurs reprises, dans un testament de 1478, dans un poème du XVIe siècle ou encore dans un ouvrage publié en 1587 par le général de l’ordre des franciscains, François de Gonzague. Le bas-relief aujourd’hui identifié comme étant Notre-Dame des Vertus représente le couronnement de la Vierge : la sainte est représentée les mains jointes debout sur un croissant de lune porté par deux anges. Deux séraphins portent le manteau tandis qu’au sommet, deux anges couronnent la Vierge. Ce panneau pourrait faire partie d’un retable en bois sculpté plus conséquent. La présence de cette icône dans l’église Saint-Sauveur lui vaut d’être élevée au rang de basilique mineure par le pape Pie XII, le 23 mai 1954.