TRÉSORS D’ÉGLISES # 08

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Façade occidentale de la cathédrale de Glasgow
© Bewahrerderwerte, 2018, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Ce contenu a été publié dans le cadre des célébrations du 850e anniversaire de Glasgow.

Note : 5 sur 5.

Textes : Andrew Ralston, The Society of Friends of Glasgow Cathedral.
Contribution publiée le 12 février 2025.

L’histoire de la cathédrale de Glasgow remonte à l’année 612, lorsque saint Kentigern (également connu sous le nom de saint Mungo) aurait prétendument été enterré sur le site. Comme pour de nombreux saints médiévaux, une grande partie de l’histoire de sa vie repose sur des légendes, mais il est probable qu’il ait effectivement construit une église à côté du Molendinar Burn (« Burn » étant le mot utilisé en Écosse pour désigner un ruisseau ou une petite rivière). C’est à partir de ce lieu que la ville de Glasgow s’est développée. La sphère d’influence de Kentigern était très vaste, puisque son évêché s’étendait aussi loin que Ben Lomond au nord et jusqu’en Cumbria en Angleterre, même si, à cette époque, ces lieux étaient réunis dans ce qui était connu alors sous le nom de royaume de Strathclyde.

L’histoire de la cathédrale de Glasgow devient plus claire à partir du XIe siècle. Le roi David Ier d’Écosse était un fervent partisan de l’autonomie de l’Église écossaise et c’est pendant son règne qu’une nouvelle cathédrale fut consacrée (mais probablement pas achevée), en juillet 1136, sous l’évêque Jean.

À cette époque, l’archevêque d’York prétendait avoir autorité sur toute l’Église en Écosse, mais, en 1175, Glasgow parvint à obtenir un statut spécial de la part du pape Alexandre III, qui reconnut la cathédrale comme « notre fille spéciale, sans personne entre nous ». Le roi Guillaume le Lion accorda à l’évêque de Glasgow et à ses successeurs « le privilège d’avoir un bourg à Glasgow, avec un marché le jeudi, et toutes les libertés et coutumes des bourgs du roi ». C’est l’octroi de cette charte qui est commémoré par de nombreux événements cette année, dans le cadre des célébrations du 850e anniversaire de Glasgow.

Par la suite, la cathédrale n’a cessé de croître en taille et en statut. La « Melrose Chronicle » rapporte que le bâtiment fut « glorieusement agrandi » sous l’évêque Jocelin et qu’une seconde dédicace eut lieu en juillet 1197. C’est Jocelin qui commanda l’écriture d’une vie de saint Kentigern, louant ses miracles et encourageant le développement du culte du saint. La vision ambitieuse de l’évêque Bondington (1233-1258) permit d’étendre l’église vers l’est, afin de fournir un site encore plus impressionnant pour le sanctuaire de saint Kentigern. Comme le terrain était en pente, cela a nécessité la construction d’une église inférieure, qui est peut-être l’élément architectural le plus distinctif de la cathédrale telle que nous la voyons aujourd’hui. Le statut de la cathédrale de Glasgow en tant que lieu de pèlerinage est peut-être lié aux offrandes faites par le roi Édouard Ier d’Angleterre aux églises supérieure et inférieure en 1301. Avec l’élévation de Glasgow au rang d’archevêché en 1492, la cathédrale devint encore plus importante.

Les choses ont radicalement changé après la Réforme des années 1560. L’Église d’Écosse adopta une structure presbytérienne plutôt qu’épiscopale, avec l’autorité conférée à une série d’assemblées ou de tribunaux plutôt qu’aux évêques. Au cours du XVIIe siècle, les rois Stuart tentèrent de réintroduire l’épiscopat et ce n’est qu’en 1690 que la forme presbytérienne de l’Église d’Écosse a été définitivement assurée.

La forme du culte au sein de la cathédrale a également changé de manière significative. Les pratiques élaborées du catholicisme médiéval ont été remplacées par une forme simplifiée de culte, basée sur les principes de sola gratia, sola fide, sola scriptura (« par la grâce seulement, par la foi seulement, par l’Écriture seulement »). Les images et les chapelles latérales avec des autels dédiés aux saints ont été supprimées. Les offices avec des processions et la séparation du clergé dans le chœur et de la congrégation laïque dans la nef ont cédé la place à des services centrés sur la prédication de la Parole, pour laquelle un si grand bâtiment était mal adapté. Ainsi, du XVIe au début du XIXe siècle, « la cathédrale » n’abritait pas une mais trois églises. Le bâtiment a alors été divisé pour l’usage de congrégations distinctes : l’Inner High Kirk (dans le chœur), l’Outer High Kirk (dans la nef) et la Baronnie (dans l’église inférieure).

Ce n’est que dans les années 1830 que la ville de Glasgow a réalisé que la cathédrale était un lieu qui méritait d’être préservé. L’unité architecturale du bâtiment a été rétablie et de nombreux travaux de restauration ont été entrepris, bien que certains regrettent la démolition des deux tours occidentales dans les années 1840. Aujourd’hui, il est possible de voir l’ensemble de la structure dans toute sa splendeur.

De nos jours, la cathédrale continue à accueillir une congrégation active dans la tradition réformée au sein de l’Église d’Écosse. À proprement parler, le terme « cathédrale » fait référence au siège d’un évêque mais, étant de structure presbytérienne, l’Église d’Écosse n’a bien sûr pas d’évêques. Néanmoins, pour des raisons historiques, le bâtiment est toujours connu sous le nom de cathédrale de Glasgow.

Gravure de 1693 représentant la cathédrale de Glasgow, par John Slezer
© Domaine public, via Wikimedia Commons.
Les deux tours de la façade occidentale ont été détruites au XIXe siècle.

La cathédrale de Glasgow vue du sud-est © Andrew Ralston

Le chœur vu de la chaire © Stinglehammer, 2017, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Note : 5 sur 5.

L’église inférieure

Tombe de saint Mungo dans l’église basse © Andrew Ralston.

L’aspect architectural le plus distinctif de la cathédrale de Glasgow est l’église inférieure, connue également sous le nom de crypte. Elle mesure 37,5 mètres de long. Un historien a écrit que le maître maçon qui l’a conçu « a réalisé des prodiges de manipulation spatiale », le projet étant de mettre l’accent sur la zone centrale autour de la tombe de saint Mungo et sur la chapelle Notre-Dame à l’extrémité est. Le plafond a été considéré par l’historien de l’architecture Richard Fawcett comme étant de loin l’essai de voûte le plus complexe à avoir été tenté à cette époque en Écosse. Il y a une variation habile dans la conception des piliers, notamment ceux entourant le tombeau de saint Mungo, qui est positionné sur une plate-forme surélevée à l’intérieur de quatre piliers élancés. Vue de l’extérieur ou depuis la Necropolis [nldr : le cimetière du XIXe siècle, inspiré du Père-Lachaise], l’extrémité est de la cathédrale est impressionnante, la hauteur combinée des églises inférieure et supérieure atteignant 23 mètres.

Note : 5 sur 5.

Les vitraux du XXe siècle

Le grand vitrail occidental de la cathédrale de Glasgow, par Francis Spear (1958).
© Colin, 2015 CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Eric Milner-White, doyen d’York, a déclaré que les vitraux de la cathédrale de Glasgow étaient « la collection la plus complète et la plus représentative de vitraux modernes en Grande-Bretagne ». Milner-White était certainement qualifié pour en juger : il était une autorité reconnue en la matière et avait supervisé le remplacement des vitraux de la cathédrale d’York.
La qualité des vitraux de la cathédrale de Glasgow est en grande partie due au révérend Dr A. Nevile Davidson, pasteur de la cathédrale de 1935 à 1967. Lorsque Davidson est arrivé à la cathédrale, les fenêtres étaient principalement ornées de vitraux de Munich du XIXe siècle. Ils étaient à la mode lors de leur installation mais s’étaient détériorés avec le temps, donnant à l’intérieur du bâtiment un aspect sombre et lugubre. En créant une Société des amis de la cathédrale en 1936, Davidson encouragea les organismes publics et les donateurs individuels à contribuer à des rénovations majeures et, entre cette date et le début des années 1960, un vaste programme de remplacement des vitraux fut entrepris. Sir Albert E. Richardson, ancien professeur d’architecture à l’Université de Londres, a été choisi comme conseiller et les principaux artistes du vitrail de l’époque, tels que Francis Spear, Herbert Hendrie, Sadie McLellan, Gordon Webster et d’autres, ont été chargés de réaliser les vitraux.
Sur la photo ci-dessus, on découvre l’une des plus impressionnantes de ces installations : la Grande Fenêtre Ouest au-dessus des portes d’entrée de la nef. Offert par la Corporation de la Cité de Glasgow et réalisé par Francis Spear en 1958, le vitrail représente la Création. Les baies centrales contiennent les figures d’Adam et Ève, flanquées de chaque côté de la création des poissons et des oiseaux. Au centre de la fenêtre, on peut voir le soleil, la lune et les étoiles. De la rosace au-dessus, des rayons de lumière émanent d’une représentation de l’Agneau de Dieu.
De nouveaux vitraux ont été ajoutés par la suite. Le plus important, ces dernières années, est un vitrail représentant symboliquement l’arbre de Jessé, réalisé par Emma Butler-Cole Aiken en 2018. Il s’agit d’une représentation visuelle de l’ascendance de Jésus, basée sur les paroles de la prophétie d’Isaïe, chapitre 11 : « Un rameau sortira du tronc de Isaïe, et de ses racines croitra un rejeton ».

Note : 5 sur 5.

Les orgues

Les orgues de la cathédrale de Glasgow © Andrew Ralston.

La tradition dans les églises écossaises de l’après-Réforme était de ne pas avoir d’accompagnement instrumental, les chants de la congrégation étant simplement dirigés par un chantre. Cependant, à la fin du XIXe siècle, certains milieux considérèrent le culte écossais comme trop simple et trop austère. Certaines des plus grandes églises, comme la cathédrale de Glasgow, ont commencé à adopter une liturgie plus élaborée et l’installation d’orgues est devenue de plus en plus populaire. 
Le premier orgue permanent installé dans la cathédrale après la Réforme date de 1879. Il s’agissait d’un instrument à trois claviers construit par Henry Willis (connu sous le nom de « Père » Willis), célèbre pour avoir construit un orgue gigantesque pour la Grande Exposition de Londres en 1851. Le premier organiste de la cathédrale fut le Dr Albert Lister Peace (1844-1912) qui aurait eu un « merveilleux pouvoir d’adapter toutes sortes de musique orchestrale à son instrument » et une capacité à faire sonner Bach « moderne et vivant » [Glasgow Herald, 15 mars 1912]
Comme c’est le cas pour la plupart des orgues à tuyaux, l’instrument a été périodiquement reconstruit et, en 1903, 1913, 1922 et 1931, les générations suivantes de la firme Willis ont porté l’orgue à quatre claviers. D’autres reconstructions ont eu lieu en 1971 (par J.W. Walker and Sons) et en 1996 (par Harrison and Harrison), cette dernière ayant permis de se rapprocher du projet initial du père Willis. 
Actuellement, le directeur musical est Andrew Forbes et l’organiste est le professeur Malcolm Sim. L’instrument peut être entendu tous les dimanches lors du culte du matin et il y a régulièrement des récitals d’orgue.

Note : 5 sur 5.

Pour aller plus loin :
“Where Mortal and Immortal Meet” by Andrew G. Ralston (Wipf & Stock, 2021 ISBN 978-1-7252-9951-1). Cet ouvrage regroupe des contributions d’historiens d’hier et d’aujourd’hui, sur certains aspects de l’histoire de la cathédrale de Glasgow. Cela inclut des recherches inédites. Il est possible de commander l’ouvrage en suivant ce lien :  https://glasgowcathedral.org/publications.