TRÉSORS D’ÉGLISES # 02

🇫🇷 🇩🇰 🇬🇧

La façade occidentale depuis une ruelle de Roskilde
© Roskilde Domkirke – Foto Sara Peuron-Berg

Note : 5 sur 5.

Textes en danois et en anglais par l’équipe de la cathédrale.
Traduction et adaptation en français par Thomas Ménard.

La cathédrale de Roskilde, 1000 ans d’histoire
La cathédrale de Roskilde, située dans la cité historique du même nom, au Danemark, est le témoin de plusieurs siècles de rayonnement architectural et culturel. Chef-d’œuvre de style gothique, cette magnifique structure remonte au XIIe siècle et est inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Les immenses flèches et le décor soigné de la cathédrale attirent le regard et attisent l’imagination de tous les visiteurs. Sa riche histoire est étroitement liée à celle de la monarchie danoise, puisqu’elle est la dernière demeure de 40 rois et reines, notamment certains des personnages historiques les plus importants du pays. La grandeur de son espace intérieur, avec ses chapelles magnifiquement ornées et ses tombeaux superbement sculptés, reflète à la fois la dévotion religieuse du passé et les prouesses artistiques des artisans qui ont participé à sa construction.
Au-delà de ces merveilles architecturales, la cathédrale de Roskilde, siège du plus important diocèse du pays, a joué un rôle essentiel dans le patrimoine culturel du Danemark. C’est aussi un lieu de prière et de contemplation, qui invite au recueillement autant les habitants de la ville que les touristes.

Architecture
C’est le caractère unique de la cathédrale de Roskilde qui explique son classement sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1995.
C’est l’une des plus anciennes églises en briques de l’Europe du Nord et l’une des premières églises gothiques en briques dans le monde. On estime que 2,5 millions de briques rouges ont été nécessaires à sa construction. Son influence a été considérable dans la diffusion de l’utilisation de la brique pour des édifices religieux dans cette partie du monde.
Par ailleurs, autant par sa forme que par son cadre, c’est un exemple remarquable de complexe cathédral en Europe du Nord. Elle est particulièrement notable du fait de la juxtaposition de styles architecturaux successifs, utilisés dans les chapelles auxiliaires et les porches ajoutés au fil des siècles, alors que la cathédrale servait de nécropole pour la famille royale danoise. Au fil du temps, certains des meilleurs architectes danois ont ainsi transformé l’ancienne église gothique : Caspar Frederick Harsdorff (1735-1799), Christian Frederick Hansen (1756-1845), le couple Inger (née en 1926) et Johannes Exner (1926-2015).

La nécropole royale
Les funérailles royales sont des cérémonies émouvantes et solennelles qui marquent la disparition d’un monarque ou d’un membre de la famille royale. Ces événements réunissent des éléments relevant de la tradition, de l’histoire et du protocole, et reflètent le rôle culturel et social de la dynastie régnante. De la grandeur des processions funéraires à la précision des rituels et coutumes, les funérailles royales sont empreintes de nombreux symboles et occupent une place unique dans la mémoire collective de la Nation. Les tombeaux royaux ont un intérêt à la fois architectural et historique. Souvent, ils deviennent des lieux de mémoire et attirent des visiteurs du monde entier. À travers l’architecture et le style de la sépulture, c’est la personnalité, les actions et les apports de son occupant qui sont révélés. Les tombeaux servent alors d’hommage à leur héritage.
D’après la légende, c’est Harald à la dent bleue (mort en 985) qui bâtit la première église et s’y fit enterrer. Mais il n’y a aucune preuve. Parmi les personnalités royales qui ont marqué l’histoire du bâtiment, citons Harald Ier à la dent bleue, son prétendu fondateur, Sven II Estridsen (mort en 1076), le premier roi dont on est sûr qu’il est inhumé dans la cathédrale, Margrethe Ière (1353-1412), un des plus puissants monarques de l’histoire danoise, et Christian IV (1577-1648), un des souverains les plus populaires. Entre les XIe et XVe siècles, les souverains étaient principalement inhumés à l’église Sankt Bendt de Ringsted, mais, depuis le XVIe siècle, la totalité des rois et des reines (sauf une) ont choisi comme dernière demeure la cathédrale de Roskilde. Cette tradition vieille de 1000 ans va continuer avec la reine Margrethe II, puisqu’un tombeau conçu par l’artiste Bjørn Nørgaard l’y attend depuis 2018. C’est quelque chose d’assez unique que de pouvoir s’asseoir sur le banc qui recouvre la future tombe d’une souveraine et admirer les fresques médiévales qui la surplombent.

La cathédrale de Roskilde vue du sud, avec quelques-unes des chapelles latérales
© Roskilde Domkirke – Fotograf Mik Dahl Storyflight


La nef, vue en direction du maître-autel
© Roskilde Domkrike – Foto Henrik Wichmann

L’antependium des reines, brodé par les reines Ingrid et Margrethe II
© Roskilde Domkirke

Voûte de la chapelle Christian IV
© Roskilde Domkirke – Foto ByCatalan

Christian IV à la bataille de Colberger Heide (1644), dans la chapelle Christian IV
© Roskilde Domkirke – Foto Jan Friis

Note : 5 sur 5.

Le grand orgue

Détail de l’orgue de la cathédrale de Roskilde
© Roskilde Domkirke – Foto Sara Peuron-Berg

C’est sous le nom d’orgue de Raphaëlis que l’on connait le fameux orgue de style baroque de la cathédrale de Roskilde. Il a une sonorité unique et est considéré comme l’un des meilleurs orgues du monde. Au Moyen Âge, la musique et le chant étaient le privilège des religieux. [NDLR : Les orgues se diffusent dans les églises aux XIIe et XIIIe siècles]. La tribune de l’orgue date de la première moitié du XVe siècle. Après la Réforme de 1536, la musique d’église prit une importance centrale. L’orgue fut reconstruit en 1554 par le facteur d’orgue hollandais Hermann Raphaëlis Rottensten-Pock. Un siècle plus tard, en 1654, l’orgue de style Renaissance de Raphaëlis fut reconstruit dans le nouveau style de l’époque : le baroque. Il s’agit plus particulièrement du style dit auriculaire, parce que l’un des motifs récurrents ressemble au cartilage d’un lobe d’oreille [on parle de « baroque cartilagineux » dans certaines langues] L’orgue a ensuite été restauré et reconstruit à plusieurs reprises. La dernière modification d’importance date de 1988-1991, lorsque l’on a restitué autant que possible l’état de 1654. Au final, l’orgue de la cathédrale de Roskilde comporte des éléments du Moyen Âge, de la Renaissance et de la période baroque.

L’orgue Raphaëlis de la cathédrale de Roskilde
© Roskilde Domkirke -Foto Jan Friis

Note : 5 sur 5.

Le tombeau de Margrethe Ière

Le tombeau de la reine Margrethe I
© Foto Kristjan Løk Olsen_ Visit Fjordlandet

Margrethe Ière a d’abord été enterrée, en 1412, dans l’église abbatiale de Søro. Toutefois, en 1413, sa dépouille fut transportée à la cathédrale de Roskilde, à l’occasion de cérémonies funéraires qui durèrent trois jours. Le nouveau roi, Éric de Poméranie, avait décidé que la cathédrale serait désormais la nécropole de tous les souverains de l’Union de Kalmar. Plus que cela, ce sont presque tous les souverains suédois qui ont été inhumés à la cathédrale de Roskilde depuis les funérailles de Margrethe Ière [NDLR : l’Union de Kalmar, qui réunissait les royaumes de Danemark, de Suède et de Norvège, a été dissoute dès 1423]. La partie principale du monument funéraire est le dormant de Margrethe. Typique de cette époque, elle est représentée à la fois allongée et debout : la reine est morte, mais la monarchie perdure. Morte à l’âge de 59 ans, elle est représentée sous les traits d’une jeune femme. La plus grande partie du monument est d’origine.

Détail du monument funéraire de la reine Margrethe
© Roskilde Domkirke – Foto Sara Peuron-Berg

Note : 5 sur 5.

Les sœurs de la Petite Sirène

Détail du tombeau de Christian IX et de la reine Louise
© Roskilde Domkirke – Foto Sara Peuron-Berg

Les trois figures féminines qui ornent le tombeau de Christian IX (1818-1906) et de la reine Louise (1817-1898) sont connues sous le nom de « sœurs de la Petite sirène ». Elles ont été réalisées par le sculpteur Edvard Eriksen (1876-1959). C’est son épouse qui a servi de modèle pour ces statues, ainsi que pour son œuvre la plus célèbre : la Petite Sirène [NDLR : installée aux bords des eaux de la Baltique, dans le parc Churchill du port de Copenhague]. Elles incarnent le Souvenir, la Douleur et l’Amour.