TRÉSORS D’ÉGLISES # 04

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Façade occidentale de l’abbaye de Westminster © Dean and Chapter of Westminster, 2024.

Note : 5 sur 5.

Textes en anglais : l’équipe de l’abbaye de Westminster
Traduction en français et adaptation : Thomas Ménard

La nef et la Tombe du Soldat inconnu © Dean and Chapter of Westminster, 2024.

La chapelle Notre-Dame © Dean and Chapter of Westminster, 2024.

Monuments commémoratifs dans le transept Nord © Dean and Chapter of Westminster, 2024.

The Queen’s Diamond Jubilee Galleries © Dean and Chapter of Westminster, 2024.

Note : 5 sur 5.

Le Cosmati Pavement

Le Cosmati Pavement © Dean and Chapter of Westminster, 2024.

La grande mosaïque située au pied du maître-autel de l’abbaye de Westminster est une œuvre unique et remarquable. La complexité de son dessin et la subtilité de sa réalisation sont incomparables à cette échelle.
Elle fut posée en 1268, sur ordre du roi Henri III, qui avait lancé, en 1245, la reconstruction de l’église d’Édouard le Confesseur dans le nouveau style gothique. Les artisans venaient de Rome, avec un certain Odoricus à leur tête. La mosaïque appartient à un type de décor de marqueterie de pierre connu sous le nom de technique de Cosmati, d’après l’une des familles d’artisans qui s’était spécialisées dans cette technique. On parle aussi d’opus sectile (« appareil découpé »). Ce style est très différent des mosaïques de la Rome antique et du Haut Moyen Âge, qui présentaient des pierres carrés de même taille.
La vaste mosaïque forme un carré de 7 mètres et 58 centimètres de côté, constitué de formes géométriques composées de morceaux de pierre de différentes couleurs, taillées dans une grande variété de forme : triangles, carrés, disques, rectangles, etc. Le disque central est en onyx. On trouve également du porphyre (pourpre), de la serpentine (verte) et du calcaire (jaune), ainsi que des morceaux de verre coloré en rouge, turquoise, bleu cobalt et blanc bleuâtre. Elle repose sur un lit de calcaire sombre connu sous le nom de marbre de Purbeck.

Détail du Cosmati Pavement © Dean and Chapter of Westminster, 2024.

Note : 5 sur 5.

La Coronation Chair

La Coronation Chair en 2012 © Dean and Chapter of Westminster, 2024.

Le Trône du Couronnement [littéralement la « Chaise du Couronnement » ou « Fauteuil du Couronnement »], conservé dans la chapelle Saint-Georges, est un des meubles les plus précieux et les plus connus dans le monde. Placé au centre de l’abbaye de Westminster, devant le maître-autel, il a été au cœur des couronnements depuis plus de 700 ans.
Le Trône du Couronnement a été fabriqué sur ordre d’Édouard Ier, pour abriter la fameuse Pierre de Scone. Il l’a ramendé d’Écosse en 1296 et l’a confié aux bons soins de l’abbé de Westminster. En 1300-1301, il fait réaliser ce magnifique trône en chêne, peint par Maître Walter et orné d’oiseaux, de feuillages et d’animaux sur un fond doré. Initialement, le trône aurait dû être en bronze, mais cela aurait coûté trop cher. À l’arrière, on a représenté le roi, soit Édouard le Confesseur, soit Édouard Ier, ses pieds posés sur un lion. Les quatre lions dorés du socle furent placés en 1727, afin d’en remplacer d’autres, plus anciens, qui dataient du début du XVIe siècle. Au départ, la Pierre était complètement enfermée en dessous du siège, mais, au fil des siècles, le décor de bois a été progressivement retiré.
Lors des couronnements, le Trône (haut de 2 mètres et 5 centimètres) fait face au maître-autel, avec la Pierre de Scone sous l’assise. Il a été utilisé au cours des cérémonies de couronnement depuis 1308, mais les historiens se demandent s’il était effectivement occupé par le souverain à l’instant où il recevait la couronne. Cela est certain à partir du couronnement d’Henri IV, en 1399. Pour le couronnement du roi Charles III, le 6 mai 2023, le Trône fut placé sur la partie circulaire en onyx du Cosmati Pavement (voir le Trésor précédent). Il y a eu trente-neuf couronnements de souverains à l’abbaye, sans compter les consorts. Guillaume III et la reine Marie furent couronnés conjointement lors de la même cérémonie, en tant que co-monarques, en 1689. Un trône spécial fut fabriqué pour Marie, puisque Guillaume avait choisi d’utiliser le vieux trône. Ce second siège est aujourd’hui exposé dans les « Queen’s Diamond Jubilee Galleries », dans le triforium de l’abbaye.
À l’arrière du dossier, de nombreux graffitis ont été gravés aux XVIIIe et XIXe siècles, par les écoliers de la Westminster School et par des visiteurs. Un touriste a même écrit « P. Abbott a dormi sur ce siège 5-6 juillet 1800 ». En 1914, lors d’un attentat probablement organisé par les Suffragettes, l’explosion d’une bombe a même détruit un coin du trône.

Note : 5 sur 5.

La plus vieille porte du Royaume-Uni

La plus vieille porte du Royaume-Uni © Dean and Chapter of Westminster, 2024.

La plus vieille porte du Royaume-Uni se trouve à l’abbaye de Westminster, dans le passage qui conduit à la salle du Chapitre (Chapter House). La porte a été datée pour la première fois en 2005, grâce à une procédé nommé dendrochronologie. Une étude approfondie de la porte de bois a montré que le bois avait été abattu après 1032 et que la porte avait été construit aux alentours des années 1050. Cela correspond au règne du roi Édouard le Confesseur, qui fit édifier l’abbaye normande consacrée en 1065. Elle est donc non seulement la plus ancienne porte du Royaume-Uni, mais également la seule qui date de la période anglo-saxonne. Le motif des anneaux du bois indique que l’arbre a poussé dans l’Est de l’Angleterre, très probablement dans l’une des gigantesques forêts alors possédées par l’abbaye dans cette région, peut-être plus précisément dans l’Essex. Les planches viennent du même arbre et les anneaux montrent qu’il a poussé entre les années 924 et 1030.
Après que les planches aient été assemblées, il est probable que les deux faces aient été recouvertes de peau de vache, afin de fournir une surface lisse pour la décoration (aucune trace de peinture n’a été retrouvée). Au XIXe siècle, des fragments de peau de vache ont été découverts et une légende est née, selon laquelle il s’agissait de peau humaine. On disait qu’on avait surpris quelqu’un en train de commettre un sacrilège ou un cambriolage dans l’église. Pour dissuader d’autres méfaits de ce genre, il aurait été écorché et sa peau coulée sur la porte.

Note : 5 sur 5.

En plus de ces trois Trésors, retrouvez les nombreux chefs-d’œuvre de l’abbaye de Westminster, notamment les centaines de monuments funéraires, sur www.westminster-abbey.org.