Le Goût de la Renaissance. Un dialogue entre collections.
Collection Al Thani, Paris
6 mars – 30 juin 2024
www.thealthanicollection.com
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PRÉSENTATION
Extraits du dossier de presse
Du 6 mars au 30 juin 2024, la Collection Al Thani à l’Hôtel de la Marine présente « Le Goût de la Renaissance. Un dialogue entre collections ». Cette exposition, la deuxième d’une série de trois organisées en collaboration avec le Victoria and Albert Museum, rend hommage à l’exceptionnelle inventivité ainsi qu’à la virtuosité de l’art de la Renaissance et s’intéresse à la fascination que cet art continue d’exercer depuis des siècles sur les collectionneurs. Pour la première fois depuis son ouverture, la présentation des quatre salles de la Collection Al Thani est intégralement renouvelée.
Rassemblant des chefs-d’œuvre issus du musée londonien et de la Collection Al Thani, elle met en lumière les interconnexions du monde à la Renaissance, époque où explorations et découvertes favorisent les échanges de matériaux et d’idées tant à travers l’Europe qu’en des contrées lointaines. La pensée et l’esthétique héritées de l’Antiquité connaissent parallèlement un regain d’intérêt. Dans ce contexte propice, de riches mécènes commandent alors des œuvres d’art majeures, prisées depuis par les plus grands collectionneurs de l’histoire.
Réunissant plus de 130 œuvres, l’exposition donne à voir sculptures, pièces d’orfèvrerie, bijoux, verres, textiles, livres, manuscrits, peintures, œuvres graphiques et objets exotiques qui, pour beaucoup, n’ont jamais été présentés à Paris. Se côtoieront ainsi des œuvres de l’Antico, Lucas Cranach le Jeune, François Clouet, Vittorio Crivelli, Donatello, Nicholas Hilliard, Hans Holbein le Jeune et Léonard de Vinci, ainsi que des objets d’art exceptionnels commandés aux artistes les plus talentueux de l’époque par des mécènes issus des familles royales ou de la haute aristocratie.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
proposée par Amin Jaffer,
directeur de la Collection Al Thani
Les textes suivants sont des extraits du catalogue publié à l’occasion de l’exposition.
Chaque texte peut y être retrouvé dans son intégralité.
Le Codex Forster III de Léonard de Vinci

Vue de l’exposition « Le Goût de la Renaissance. Un dialogue entre collections »
© The Al Thani Collection 2024. All rights reserved. Photographie par Marc Domage.
Trésors de la Renaissance et arts décoratifs / Renaissance treasures and the decorative arts
Léonard de Vinci, Codex Forster III, Milan, vers 1490-1493
Plume, encre et sanguine sur papier, relié en parchemin, Fermé : 9,3 x 7 cm
Victoria and Albert Museum, MSL/1876/Forster/141/III, Legs de John Forster
Texte original en anglais : Emma Edwards, docteur en histoire de l’art, commissaire associée au Victoria and Albert Museum, commissaire de l’exposition.
Traduction en français : Camille Fort
« Commencé à Florence dans la maison de Pietro di Braccio Martelli, le 22 mars 1508. Voici un recueil de notes sans ordre particulier, extraites de nombreuses pages que j’ai copiées ici, dans l’espoir de les classer plus tard dans un ordre approprié selon les sujets qu’elles traitent. Et je pense qu’avant d’en avoir fini, j’aurai répété plusieurs fois la même chose : mais, lecteur, ne me blâme pas, car les choses sont nombreuses, et la mémoire ne peut pas les retenir toutes et dire : “Ceci, je ne veux pas l’écrire parce que je l’ai déjà écrit.” »
Rédigé dans la célèbre écriture en miroir de Léonard de Vinci, ce texte figure sur ce qui est aujourd’hui la première page (Folio 1r) du Codex Arundel conservé à la British Library. Il constitue l’un des vingt-deux cahiers encore accessibles, avec plus de six mille feuilles de notes et dessins (certaines reliées par la suite, d’autres non) réalisées par Léonard de Vinci au cours de sa vie. Pour citer Léonard, ce texte éclaire en profondeur les notes, réflexions, diagrammes et dessins qu’il a consignés sur une vaste gamme de sujets, notamment la peinture, la sculpture, l’architecture, la géométrie, la géologie, l’ingénierie, l’optique, l’anatomie, la botanique, l’hydrodynamique et l’astronomie ; il offre un aperçu précieux des intérêts éclectiques et de l’activité intellectuelle de ce polymathe surdoué.
Le Codex Forster se compose de cinq cahiers, relié en trois petits volumes, légués au V&A par John Forster (1812-1876) en 1876. Forster, un ami de Charles Dickens, était écrivain, critique et collectionneur de livres anciens. À l’origine, ces carnets figuraient parmi la somme de documents transmis par Léonard à son élève et ami Francesco Melzi (1491/1493-v. 1570). Ils ont ensuite appartenu à Pompeo Leoni (1533-1608), sculpteur à la cour de Philippe I, roi d’Espagne. […]
Le Codex Forster III contient des notes prises entre 1490 et 1493, alors que Léonard était au service de Ludovic Sforza, duc de Milan. Comme la plupart des carnets conservés, il couvre une large gamme de sujets, avec des notes et diagrammes sur la géométrie, les poids et l’hydraulique, entrecoupés de notes et d’esquisses sur les systèmes de verrouillage, l’architecture, les costumes et les chapeaux, l’anatomie humaine et animale. Il comprend aussi des recettes utiles aux peintres (ainsi, un mélange d’huile de lin et de graines de moutarde), et mentionne des livres intéressants, comme un « bel herbier » appartenant à un certain Giuliano da Marliano.
La même page voit souvent converger toutes sortes d’observations agrémentées de notes, de diagramme et de croquis qu’on ne peut parfois comprendre qu’en les faisant pivoter. Une grande partie du texte est écrite en miroir, de droite à gauche. On a suggéré que c’était une façon pour l’artiste d’encoder ou de crypter le texte. En réalité, il était peut-être plus facile pour Léonard, qui était gaucher, d’écrire ainsi. […]
Le texte et les diagrammes des folios 86v-87r présentés ici [voir ci-dessous] renvoient à plusieurs pages de notes sur les poids, les poulies et le mouvement, en particulier sur les façons de quantifier la longueur des cordes dans un système de vingt poulies à roues soulevant un poids de 100 livres.

Léonard de Vinci, Codex Forster III, Milan, vers 1490-1493
Plume, encre et craie rouge sur papier, relié en parchemin / Fermé : 9,3 x 7 cm
Victoria and Albert Museum, MSL/1876/Forster/141/III / Legs de John Forster
© Victoria and Albert Museum, London
Le Méléagre de L’Antico

L’Antico (Pier Jacopo Alari Bonacolsi, dit), Méléagre, Mantoue, vers 1484- 1490
Bronze partiellement doré avec incrustations d’argent, 33 x 18 x 10 cm
Victoria and Albert Museum, A.27-1960
Achat avec l’aide des legs Horn et Bryan, et le soutien de l’Art Fund
© Victoria and Albert Museum, London
Texte original en anglais : Rachel Boyd, conservatrice en chef au Victoria and Albert Museum, en charge des sculptures de la Renaissance
Traduction en français : Christian-Martin Diebold
Saisi dans un instant d’action résolue, le héros grec Méléagre porte le poids de son corps sur sa jambe gauche alors qu’il progresse à grand pas à la poursuite du sanglier de Calydon. Artémis, déesse de la chasse, avait envoyé la bête sauvage ravager la patrie de Méléagre, parce que le père de celui-ci le roi Œnée, avait négligé de l’honorer par des offrandes appropriées. […]
Né à Mantoue, Pier Jacopo Alari Bonacolsi (v. 1460-1528) a été surnommé « L’Antico » en raison de son étude minutieuse et ses scrupuleuses imitations de la sculpture antique. Son travail fut plus particulièrement admiré pour des statuettes comme celle-ci, qui reproduisaient la sculpture grecque et romaine à échelle réduite. Le modèle de son Méléagre est un groupe en marbre que les premiers observateurs pouvaient admirer dans la cour du Belvédère au Vatican et, plus tard, aux Offices de Florence, où il fut répertorié en 1638. Il fut détruit lors d’un incendie en 1762, mais on connait son aspect général d’après plusieurs dessins. Cependant, dès le XVIe siècle, la sculpture était en ruine : manquaient la tête et les membres du héros. Le bronze de L’Antico n’est donc pas tant une reproduction qu’une réinvention, restaurant le héros dans sa gloire d’antan, mais dans des matériaux plus précieux encore et dans un contexte entièrement nouveau.
Les surfaces sombres et régulières de la chair du héros, rehaussées de patine noire, appliquée par L’Antico, équilibrent magistralement les plis de la tunique de Méléagre, les boucles de sa chevelure et les lacets délicats de ses sandales, tous avivés par le sculpteur qui les a revêtus d’une dorure au mercure avant de les brunir pour créer des tons chauds et brillants. Quant aux yeux, ils sont incrustés d’argent, en imitation délibérée des bronzes antiques. Ces surfaces magnifiquement travaillées et la complexité des détails – même les dents du héros sont dorées – exigent d’être examinées de près.
Le Zodiaque Arundel

Zodiaque Arundel
Intaille : Italie, vers 1540 ; monture : Italie, vers 1540-1550 et Pays-Bas (?), vers 1600-1620
Cornaline, or émaillé, diamants, rubis / Intaille : Diam. 4,3 cm ; avec monture : H. 11 ,6 cm
Collection Al Thani, ATC1079
© The Al Thani Collection, 2021. All rights reserved.
Photography by Prudence Cuming Associates Ltd.
Texte : Julie Rohou, responsable des collections d’orfèvrerie, de joaillerie, d’instruments de précision, de métal et d’armement du musée national de la Renaissance – château d’Écouen.
Exceptionnel tant pas sa complexité que par sa provenance, ce remarquable bijou se compose d’une intaille en cornaline figurant en son centre Jupiter assis sur son aigle, flanqué de Mercure et de Mars, et surplombant Neptune qui émerge des flots. Autour d’eux se déploient les douze signes du zodiaque en frise circulaire. La pierre est sertie dans un jonc rehaussé de pierres précieuses, de cuirs et de grappes de fruits émaillés ; le revers [voir ci-dessous] est décoré d’une grue en émail translucide sur fond or, entourée de guirlandes de végétaux et de fleurs et d’une couronne de lauriers. […]
L’intaille est pour la première fois mentionnée dans les collections de Thomas Howard, quatorzième comte d’Arundel (1585-1646), amateur d’art passionné qui en fait l’acquisition auprès du marchand flamand Daniel Nijs (1582-1647) en 1636. Ce dernier a organisé à partir de 1628 la vente de la colossale collection des ducs de Mantoue auprès d’amateurs anglais, au nombre desquels Charles Ier d’Angleterre, le duc de Buckingham et Lord Arundel. Quoique les inventaires Gonzague, imprécis, ne permettent pas d’y reconnaître notre intaille, il est possible, sans pour autant être certain, qu’elle en soit originaire. Le bijou passe ensuite à George Spencer, quatrième duc de Marlborough (1739-1817), qui achète la collection Arundel à sa belle-sœur, et demeure à Blenheim jusqu’en 1899, date à laquelle la collection est dispersée.
La composition centrale dérive directement d’un modèle imaginé par Raphaël pour le frontispice d’une édition de l’Énéide, jamais éditée mais gravée par Marcantonio Raimondi. […]
L’astrologie, étude des mouvements des astres et de leurs répercussions sur les événements humains, est considérée à la Renaissance comme une science au même titre que l’astronomie. Elle s’épanouit au sein des cours humanistes éprises de pensée hermétique et d’emblématique, notamment à la cour de Frédéric II de Gonzague, duc de Mantoue. Ce dernier, qui avait choisi comme emblème Jupiter, est à l’origine de plusieurs décors du palais du Té mettant en scène le roi des dieux et les mystères du cosmos. L’intaille, qui associe les deux thématiques, pourrait donc bien être le produit de la culture savante de la cour des Gonzague des années 1530-1540 ; la présence à Mantoue de Giulio Romano, peintre et fournisseur de modèles, expliquerait alors aisément la familiarité avec la source raphaélesque de la composition.

Zodiaque Arundel
Intaille : Italie, vers 1540 ; monture : Italie, vers 1540-1550 et Pays-Bas (?), vers 1600-1620
Cornaline, or émaillé, diamants, rubis / Intaille : Diam. 4,3 cm ; avec monture : H. 11 ,6 cm
Collection Al Thani, ATC1079
© The Al Thani Collection, 2021. All rights reserved.
Photography by Prudence Cuming Associates Ltd.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Le goût de la Renaissance. Un dialogue entre collections.
Cette exposition est organisée par la Al Thani Collection Foundation et le Centre des monuments nationaux, en collaboration avec le Victoria and Albert Museum.
Commissariat : Emma Edwards, docteur en histoire de l’art, commissaire associée au Victoria and Albert Museum.
Où ?
Salles de la Collection Al Thani à l’Hôtel de la Marine
2, place de la Concorde
75008 Paris
www.thealthanicollection.com
www.hotel-de-la-marine.paris
Quand ?
Du 6 mars au 30 juin 2024
Tous les jours de 10h30 à 19h00.
Fermeture de la billetterie à 18h15.
Fermeture à 21h30 tous les vendredis.
Combien ?
Tarif plein : 13 euros
Le billet donne accès à l’exposition, ainsi qu’aux salons d’apparat et à la loggia de l’Hôtel de la Marine. Un billet jumelé (23 euros) permet de découvrir également les Appartements des intendants du Garde-Meuble.
Informations concernant les tarifs et billetterie en ligne sur le site de l’Hôtel de la Marine : www.hotel-de-la-marine.paris
Comment ?
L’exposition donne lieu a un riche programme d’activités culturelles : visites-conférences, visites en famille, ateliers, cycle de conférences, représentation d’une pièce de théâtre, concert, animation lors de la Nuit européenne des musées (18 mai), bal Renaissance. Le détail de la programmation est disponible sur le site de l’Hôtel de la Marine : www.hotel-de-la-marine.paris
Par ailleurs, la Collection Al Thani propose une visite audioguidée « au son du confident », le système de visite de l’Hôtel de la Marine, ainsi qu’un catalogue de l’exposition, publié par les Éditions du Patrimoine (411 pages, 42 euros).
