Bestiaire médiéval
Château de Chantilly
21 février – 27 mai 2024
www.chateaudechantilly.fr
🇫🇷

PRÉSENTATION
Extraits du dossier de presse
L’animal occupe une place importante dans la vie et l’imaginaire des hommes et femmes du Moyen Âge. Les livres – et pas seulement ceux qui traitent des animaux – offrent donc un répertoire riche et varié d’illustrations ou de décors animaliers. Mieux conservées que d’autres formes d’art, les enluminures permettent de percevoir l’évolution du regard sur l’animal de l’Antiquité tardive jusqu’à l’aube de la Renaissance. Grâce à l’exceptionnelle collection rassemblée par le duc d’Aumale, près de quarante trésors manuscrits du château de Chantilly donnent à admirer des animaux d’une qualité picturale et poétique étonnante.
La bibliothèque du musée Condé replace le florilège de représentations animalières qu’elle a choisi, dans le contexte de la culture médiévale chrétienne. Le parcours proposé au sein du Cabinet des livres est à la fois chronologique et thématique : des manuscrits datés du XIe au XVIe siècle illustrent les différentes facettes de l’illustration animalière. Les animaux peints comme symboles religieux ou emblèmes de pouvoir font peu à peu place aux personnages de fables et aux figures de traités savants, sans oublier les compagnons familiers qui animent les livres d’heures.
Les animaux sont d’abord mis en scène dans la Bible, de manière symbolique jusqu’au XIIe siècle, au sein des manuscrits monastiques, puis de façon plus narrative et figurative dans les bibles historiées pour les laïcs à la fin du Moyen Âge. Les vies des saints offrent peu à peu de nouveaux thèmes animaliers tandis que les ouvrages à but didactique et moral, ainsi que les fables, permettent aux illustrateurs de créer de nouvelles images. À partir du XIIIe siècle, se développe une approche plus réaliste du monde animal, dans les encyclopédies notamment. Les auteurs y compilent les informations tout en les dégageant des commentaires religieux et en les enrichissant par les connaissances acquises lors de voyages en Orient ou grâce à la redécouverte d’Aristote. Omniprésents dans la vie quotidienne, les animaux sauvages ou domestiques illustrent de nombreux textes à la fin du Moyen Âge : livres d’histoire, œuvres littéraires, livres sur la chasse, traités d’agronomie. Les livres d’heures eux-mêmes accueillent les animaux rares ou exotiques des ménageries princières.
Le florilège donne à comprendre la richesse du livre médiéval dont tous les éléments – reliure, illustration, marges décorées, initiales historiées, lettres zoomorphes – concourent à célébrer l’animal.
L’exposition met en valeur la richesse du Cabinet des livres de Chantilly qui réunit les ouvrages les plus anciens et précieux de la collection d’Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), cinquième fils du roi Louis-Philippe, brillant général devenu historien, collectionneur et bibliophile durant son exil en Angleterre de 1848 à 1871. En 1886, Aumale donne le château de Chantilly et toutes ses collections à l’Institut de France pour en préserver l’intégrité. Le Cabinet des livres abrite 1500 manuscrits dont 500 manuscrits médiévaux, et 17 000 imprimés. On y dénombre 200 manuscrits à peintures médiévaux, dont le plus ancien date du Xe siècle : c’est la collection française la plus riche en enluminures après celle de la Bibliothèque nationale de France.Le Cabinet des livres du château de Chantilly constitue un exemple unique en France de bibliothèque princière préservée dans son cadre d’origine. C’est un élément majeur du musée Condé à l’égal de la Galerie de peinture. Il est conçu comme un écrin pour abriter l’exceptionnel héritage de manuscrits des Bourbon-Condé ainsi que la rarissime collection bibliophilique rassemblée par le duc d’Aumale à partir de 1848.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
présentée par Marie-Pierre Dion
conservateur général des bibliothèques, musée Condé

Traités de fauconnerie et de vénerie, Italie (Milan), XVe siècle (1459)
Manuscrit sur parchemin. 110 feuillets. 2 miniatures, ornements dans les marges et lettrines
Chantilly, Bibliothèque du musée Condé, manuscrit 368. Provenance : Francesco Sforza, duc de Milan (1450-1466) ; Guy Chapelet (XVIe siècle) ; achat du duc d’Aumale à la vente Broderip (1859)
© IRHT-CNRS / Château de Chantilly
Ce magnifique manuscrit copié par Antonio de Lampugnano et enluminé par le Maître du Traité de fauconnerie, contient plusieurs traités en latin, dont quelques-uns traduits de l’arabe. Ces traités sont consacrés à l’affaitage des faucons et à l’élevage des chiens de chasse. Copié pour Francesco Sforza, duc de Milan (1450-1466), il contient deux miniatures à pleine page, peintes sur des feuillets indépendants. La première montre trois hommes et une femme à cheval participant à une chasse au faucon. Le rapace capturant l’oiseau au-dessus de l’étang est aussi l’emblème ducal.

Dante Alighieri (1265-1321), Inferno, avec le commentaire de Guido da Pisa
Italie (Sienne ?), XIVe siècle (vers 1328-1330)
Manuscrit sur parchemin. 243 feuillets. 55 miniatures
Chantilly, Bibliothèque du musée Condé, manuscrit.597.
Provenance : Lucano Spinola (Gênes, XIVe siècle) ; bibliothèque de Giuseppe Archinto (Milan, XIXe siècle) ; achat du duc d’Aumale à la vente Robinson (1863)
© IRHT-CNRS / Château de Chantilly
C’est l’auteur du commentaire, le carme Guido de Pise (1321?- 1337?), qui fait sans doute réaliser ce manuscrit à l’intention d’un noble génois : les images accompagnent non le texte de Dante mais le commentaire, constituant ainsi le premier cycle d’illustration connu de cette partie de la Divine Comédie. Les peintures sont attribuées en partie à Francesco Traini, chef de file de la peinture pisane du XIVe siècle. Malgré leur petite dimension, les scènes sont d’une vivacité alors inédite. La nuit du Jeudi au Vendredi Saint de l’an 1300, Dante est perdu dans une forêt. Ainsi s’ouvre la Divine Comédie. Trois fauves, un lynx, un lion et un loup (la luxure, l’orgueil et l’avarice, d’après Guido), empêchent Dante de trouver le droit chemin.

Composition de la sainte Écriture ou Ci nous dit, France, XIVe siècle (vers 1320)
Manuscrit sur parchemin. 265 et 228 feuillets. Cycle de 800 enluminures attribuées à Mahiet, collaborateur de Jean Pucelle, peut-être Mathieu Le Vavasseur, libraire parisien
Chantilly, Bibliothèque du musée Condé, manuscrits 26 et 27.
Provenance : achat du duc d’Aumale à la vente Monmerqué (1851)
© IRHT-CNRS / Château de Chantilly
Ce recueil d’instruction chrétienne écrit vers 1320 est constitué de nombreux petits chapitres, ou exempla, classés de la Genèse au Jugement Dernier. Il puise des éléments dans la Bible, les vies des saints, les bestiaires, les fables… Chaque chapitre commence par la formule « Ci nous dit » (Ici on nous dit que…) qui finit par désigner l’œuvre. Destiné à un laïc, ce manuscrit exceptionnel par son décor est le plus ancien des Ci nous dit. La Fable de l’aigle et de l’escargot (f. 118v) qui préfère garder sa coquille plutôt que de voler (Chapitre 186 du Ci nous dit) raconte comment un escargot demande à un aigle de lui apprendre à voler. Mais lorsque l’aigle lui dit que pour cela il doit abandonner sa coquille, l’escargot préfère ne pas savoir voler. Moralité : beaucoup d’hommes renonceront à voler jusqu’au paradis à cause du trop grand amour de leur corps, car ils aiment trop cette « coquille puante » où ils sont mal logés.
FOCUS
Les Très Riches Heures du duc de Berry

France (Paris et Bourges), 1411-1485
Manuscrit enluminé sur parchemin, 206 feuillets,
66 peintures à pleine page, 65 petites peintures.
Achat du duc d’Aumale à Gênes, 1856
Chantilly, Bibliothèque du musée Condé, manuscrit 65
© IRHT-CNRS / Château de Chantilly
Ce livre de prières à l’usage de laïcs est commandé par Jean de Berry (1340-1416), frère du roi de France Charles V, vers 1411. Grand amateur d’art, le duc de Berry en confie le décor à trois enlumineurs originaires de Nimègue, les frères Limbourg. Ces derniers ainsi que le duc meurent en 1416, sans que l’ouvrage soit achevé. Tout au long du XVe siècle, d’autres enlumineurs se succèdent pour compléter le manuscrit, tel le peintre Jean Colombe. C’est finalement un « livre-cathédrale », réalisé grâce à une succession d’artistes et de mécènes, qu’acquiert le duc d’Aumale en 1856. Il est considéré, grâce aux Limbourg, comme un chef-d’œuvre de l’art gothique international.
Dans les Très Riches Heures, l’office de sexte des Heures de la Vierge, récité vers midi, est précédé par un diptyque qui a pour thème l’histoire des Rois mages et qui met en scène un bestiaire exotique. Seul l’évangéliste Mathieu évoque trois mages venus d’Orient pour adorer l’Enfant Jésus et reconnaître ainsi la nature divine du Christ. Sous la plume des auteurs tardo-antiques et médiévaux, les mages deviennent des rois d’origine lointaine. Félins et camélidés accompagnent donc le cortège des trois Rois lors de leur rencontre au pied d’une montjoie (à gauche) ou lors de la scène de l’adoration (à droite). Les frères Limbourg ont pu observer ces animaux sur le vif dans la ménagerie que le duc de Berry possédait, et qui était, à l’instar de sa bibliothèque, un des symboles de son prestige et de son rang.
Ce trésor fera l’objet d’une exposition au château de Chantilly en 2025.
Une présentation de l’ouvrage est disponible sur le site de la bibliothèque du musée Condé.
Il est également possible de feuilleter la version numérisée des Très Riches Heures du duc de Berry sur un site dédié.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Bestiaire médiéval – Trésors du Cabinet des livres
Exposition organisée par le musée Condé / Château de Chantilly – Institut de France.
Commissariat : Marie-Pierre Dion, conservateur général des bibliothèques, musée Condé,
avec l’assistance de Camille Olivier, chargée de documentation, musée Condé
Où ?
Château de Chantilly
Cabinet des livres
60500 Chantilly
www.chateaudechantilly.fr
Quand ?
Du 21 février au 27 mai 2024
Tous les jours, sauf le mardi, de 10h00 à 17h00 (18h00 à partir du 1er avril).
Dernier accès une heure avant la fermeture de la billetterie.
Combien ?
Tarif plein : 18 euros
Tarif réduit : 14,50 euros
Le billet comprend l’accès au château, aux grandes écuries, aux jardins, au parc, aux expositions temporaires et aux animations équestres.
Informations sur les tarifs et billetterie en ligne sur le site du château de Chantilly : www.chateaudechantilly.fr
Comment ?
> Une application de visite guidée peut être téléchargée gratuitement dans l’App Store et sur Google Play. Elle propose un commentaire sur le Cabinet des livres, mais pas sur l’exposition temporaire.
> La bibliothèque du musée Condé est partie prenante du projet Sublimes animaux, la première exposition virtuelle de l’Armarium, la bibliothèque numérique du patrimoine écrit, graphique et littéraire des Hauts-de-France, alimentée par l’Agence Régionale du Livre et de la Lecture (AR2L). Cette exposition virtuelle sur le bestiaire médiéval est accessible à tous avec un lien vers les manuscrits à feuilleter intégralement et des parties ludiques pour les enfants.
> Deux autres expositions sont proposées au château de Chantilly à des dates proches : « Claude Lorrain – Dessins et eaux-fortes » (2 mars – 19 mai 2024) et « Aux sources du néoclassicisme » (2 mars – 29 avril 2024).
