Louise d’Orléans. Première reine des Belges. Un destin romantique.
Château de Chantilly, Chantilly
19 octobre 2024 – 16 février 2025
www.chateaudechantilly.fr
🇫🇷

PRÉSENTATION
Extraits du dossier de presse
Louise d’Orléans. Première reine des Belges
Un destin romantique
Il est des fratries qui ont changé le cours de l’histoire et ont modelé leur époque de leurs goûts. Parmi elles se trouve en bonne place celle des princes et princesses d’Orléans, fils et filles du roi Louis-Philippe et de la reine Marie-Amélie, montés sur le trône à la faveur de la révolution de Juillet 1830. Par leurs mariages et leurs exils, ils ont diffusé dans l’Europe entière leur sens de la famille, leur intérêt pour les arts, leur compréhension des siècles passés, leur fascination pour l’Orient, leur politique de l’image et leur encouragement au romantisme. Les uns après les autres, ces princes et princesses d’Orléans ont intéressé nos contemporains. Le roi Louis-Philippe d’abord, récemment célébré à Versailles ou à Fontainebleau, mais aussi ses enfants Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans, la sculptrice Marie d’Orléans, ou Henri d’Orléans, duc d’Aumale, régulièrement mis à l’honneur par le musée Condé qu’il a fondé.
Un seul membre de cette brillante fratrie connut un destin royal. Louise d’Orléans (1812-1850), fille aînée de Louis-Philippe, épousa en 1832 Léopold Ier, premier roi d’un royaume qui venait d’être créé, la Belgique. La première reine des Belges est pourtant souvent qualifiée de « reine oubliée ». Il est temps de réévaluer le rôle et l’influence de cette figure de l’Europe romantique. Princesse de France puis reine de Belgique, Louise – devenue Louise-Marie – n’a jamais vraiment été dépeinte comme une personnalité politique ou une grande collectionneuse. Décédée trop jeune à Ostende, elle devint pourtant la première icône, au souvenir aujourd’hui dissipé, d’un royaume récemment établi.
Les recherches extensives menées en préparation de cette exposition et de son catalogue livrent d’elle un tout autre visage. Ayant bénéficié d’une solide éducation artistique, férue de politique et épistolière prolifique, la reine des Belges s’inscrit au cœur d’un large réseau de mécènes avertis et de monarques avisés, tout en témoignant de préférences tout à fait personnelles et en tenant une place à part dans les relations diplomatiques. De nombreuses œuvres inédites venant de sa collection sont pour la première fois présentées, ainsi que d’émouvants souvenirs, mais aussi des représentations officielles ou intimes souvent méconnues, bien qu’exécutées par les plus grands artistes du temps. Il était naturel qu’un partenariat franco-belge soit établi pour valoriser cette figure : le musée Condé du Château de Chantilly, où la collection réunie par l’un des frères de la reine, le duc d’Aumale, comporte nombre d’œuvres la concernant, et le service des Musées et du Patrimoine culturel de la Province de Namur, province où cette dernière aimait à se rendre, ont eu plaisir à collaborer pour que le destin romantique de Louise d’Orléans, première reine des Belges, puisse être partagé.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
présentées par Mathieu Deldicque,
conservateur en chef du patrimoine,
directeur du musée Condé et du musée vivant du Cheval, Château de Chantilly.
Louise d’Orléans

Joseph-Désiré Court, Portrait de Louise d’Orléans, reine des Belges, vers 1833
Huile sur toile, h. 128 cm ; l. 88 cm
Chantilly, musée Condé, PE 451
© GrandPalaisRmn – Domaine de Chantilly – Mathieu Rabeau
Sa correspondance en témoigne : le portrait fut – de loin – le genre le plus apprécié par Louise d’Orléans. Alors que l’obsession pour cet art se diffusait dans l’Europe des monarchies romantiques, la reine de la jeune Belgique fut l’une des principales actrices du renouvellement des modes de représentation des têtes couronnées. Grâce à ses connexions familiales transfrontalières, elle joua également un rôle majeur dans la promotion et la circulation de nouveaux portraitistes royaux. Dans la lignée du grand portrait d’apparat français depuis Hyacinthe Rigaud jusqu’à la vogue du portrait néoclassique de l’Europe napoléonienne porté par François Gérard, qui connut ses derniers succès sous la Restauration, une nouvelle génération de portraitistes vit le jour à l’époque de la montée sur le trône de la reine des Belges. Bien plus que son époux, moins intéressé par le sujet, Louise se mit en quête de portraits dignes d’établir et de diffuser l’image d’une dynastie encore fragile.
Si le mariage de Louise d’Orléans et de Léopold Ier fut l’occasion de représenter le couple au cours des cérémonies de Compiègne, il fallut attendre quelques années avant qu’un portrait important de la reine ne soit proposé. La monarchie belge n’était en effet pas encore bien établie avant la fin de la guerre belgo-néerlandaise (1831-1833) et l’hostilité des milieux orangistes qui dominaient certaines parties du pays n’incitait pas à y envoyer des représentations du couple royal. Les résidences quant à elles ne se décoraient et se meublaient que progressivement.
Peintre d’histoire et portraitiste, le Normand Joseph-Désiré Court, artiste officiel de la monarchie de Juillet, était doté d’un talent certain pour le portrait. Il semblait alors naturel, comme le confirme la remarque agacée de Louise à sa mère dans une lettre datée du 29 septembre 1833, que l’artiste sollicita le patronage du nouveau couple royal. Court avait en effet été chargé de peindre le premier mariage royal belge, pour Compiègne d’abord, en 1833, puis pour Versailles, quatre ans plus tard. C’est dans le cadre de la commande de 1833 que doit être compris l’un des tout premiers portraits de la reine, aujourd’hui conservé au musée Condé (venant de la collection de son frère, le duc d’Aumale) présentant les armes jointes Orléans et Belgique aux côtés d’une princesse juvénile, figurée en buste. Il s’agit néanmoins d’un portrait intime, sans doute réservé à la sphère familiale.
Le Sommeil de Jésus

François-Joseph Navez,
Le Sommeil de Jésus ou Le Mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie, 1834
Huile sur toile, h. 243 cm ; l. 190 cm
Houyet, église de l’Assomption de la Vierge
© Frédéric Pauwels – Province de Namur (SMPC)
Né en 1787 à Charleroi, François-Joseph Navez intégra d’abord l’Académie de Bruxelles. En 1812, il remporta le premier prix de peinture historique au Salon de Gand. Il se rendit ensuite à Paris, où il bénéficia de l’enseignement de Jacques-Louis David de 1813 à 1816, et le suivit même en exil à Bruxelles en 1816. À partir de 1817, il passa quatre ans en Italie où il put se frotter tant à l’art de Raphaël qu’à celui d’Ingres. De 1835 à 1862, il fut directeur de l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles et fut à ce titre régulièrement invité à dîner aux palais de Bruxelles ou de Laeken. Au début de la décennie 1830, cet artiste officiel se faisait distancer par la nouvelle génération romantique belge, celle des Wappers, De Keyser, Madou et autres Geefs. Une commande de prestige, dans le genre de la peinture d’histoire dans lequel il excellait, allait lui permettre de marquer les esprits.
En juillet 1833, le roi Léopold Ier souhaita qu’il peignît un grand tableau religieux pour son épouse Louise. On a peu souligné les circonstances qui ont pu présider à cette entreprise : c’est sans nul doute pour célébrer la naissance de son premier fils, Louis-Philippe dit « Babochon », malheureusement décédé moins d’un an plus tard, que le roi demanda à Navez de peindre un tableau qui mettait en valeur l’enfant nouvellement né – en l’occurrence le Christ. L’œuvre était destinée à orner la chapelle catholique de Louise, au Palais de Laeken ou au Palais royal de Bruxelles. Voué à l’origine à la célébration d’une naissance, le tableau, achevé en 1834, mais livré plus tard à la reine, devint sans doute, après le trépas de son premier enfant, une invitation à trouver consolation dans la religion.
Navez ne ménagea pas sa peine pour rencontrer l’assentiment des cercles artistiques belges en général et du couple royal en particulier. Les nombreux dessins préparatoires témoignent du soin employé à déterminer la composition. L’un d’entre eux, réalisé à Rome en 1822, indique qu’il songeait déjà à un tel sujet quinze ans auparavant. Envoyé au Salon de Paris en 1834 puis à celui de Bruxelles en 1836, il fut admiré par Gros et par Granet, fut gravé en 1836 par Henri van der Haert et rencontra un certain succès, même si d’aucuns reprochaient à ce tableau « de manquer de vérité », tandis que d’autres auraient souhaité encore plus de gravité : « La Vierge de M. Navez est trop jolie, elle n’est pas assez belle. » Au-delà de la grâce raphaélesque de Navez, où la chaise de la Madone a laissé place à un siège aux montants torsadés du plus pur style Louis-Philippe, Navez illustre ici son grand talent de coloriste qui donne vie à une composition harmonieuse et étagée, où règne le silence. Par cette commande, Léopold et Louise participèrent au renouveau de la peinture religieuse belge ; ils appréciaient l’art de Navez, puisque deux autres de ses tableaux se trouvaient dans la Collection royale en 1864.
Les bracelets romantiques de la reine des Belges

Bracelet aux pendants en forme de cœur
Or et gemmes (béryl blanc ou aigue-marine claire, chrysobéryl, grenat hessonite, améthyste, malachite, opale brune et grenat pyrope), L. 17,5 cm
Chantilly, musée Condé, 2024.5.1
© GrandPalaisRmn – Domaine de Chantilly – Adrien Didierjean

Bracelet aux pendants formés d’yeux en miniatures, d’après Franz Xaver Winterhalter
Or et gemmes, L. 18,5 cm
Chantilly, musée Condé, 2024.6.1
© GrandPalaisRmn – Domaine de Chantilly – Adrien Didierjean
Pour se consoler de la distance qui la séparait de sa famille et démontrer son attachement viscéral à ses proches, Louise d’Orléans s’adonnait à une correspondance quotidienne frôlant l’obsession, mais cultivait aussi passionnément son goût pour les bijoux de sentiment. Ils lui permettaient en effet de conserver perpétuellement auprès d’elle le souvenir de ses êtres chers. Deux bracelets récemment acquis par le musée Condé permettent de la placer au premier rang des amatrices de ce type de bijoux, les plus romantiques qui soient, rappelant par les images ou les cheveux qu’ils contenaient les proches parfois éloignés.
Sa mère Marie-Amélie, qui faisait monter toutes sortes de portraits en bijoux, fut incontestablement son modèle en la matière. L’exemple le plus spectaculaire est sans doute formé par les quatre bracelets en or attribués à Mellerio et dus à François Meuret, Robert Theer et Sir William Charles Ross, comportant chacun six miniatures avec les portraits de tous ses petits-enfants. Entre 1830 et 1845, la reine des Français commanda près d’une quarantaine de bracelets-portraits à la Maison Mellerio, notamment des médaillons dits « à l’œil » ; sa fille fut également une grande cliente de la maison.
L’inventaire des bijoux dressé à la mort de Louise signale des bracelets comportant les portraits en miniature du prince royal et de Marie d’Orléans ou encore un médaillon avec le portrait du roi Léopold, alors donné à la princesse Charlotte et, en cas de remariage de Léopold, à la nouvelle reine. Comme les autres membres de sa famille, la reine des Belges appréciait particulièrement les médaillons à l’œil : partie la plus évocatrice du visage, l’œil était considéré comme « la voix de l’âme ».
Dans son testament, Louise signale posséder un médaillon en cœur avec l’œil de son père peint par Ross, qu’elle lègue également à sa fille Charlotte. Un inventaire après décès dénombre « trois médaillons en or enrichis de pierreries contenant l’œil de chacun des Princes Royaux », « un médaillon en or, contenant l’œil et des cheveux de S. M. Louis Philippe », « un médaillon en or contenant un œil peint en miniature », « un médaillon en or contenant l’œil du prince Alf. d’Angleterre » et « un médaillon en or contenant l’œil de la Reine Victoria ». L’œil de ce dernier médaillon était semblable à celui inséré dans la plaque d’un bracelet offert à Louise le 25 août 1841. Sir William Ross s’était fait une spécialité de ces miniatures.
Une partie de ces médaillons (Charlotte et Louis-Philippe) furent employés après la mort de la reine dans un bracelet récemment acquis par le musée Condé, réunissant les miniatures des yeux des parents, de l’époux, des enfants, de la reine Victoria et de la reine des Belges elle-même, d’après Winterhalter, réalisées entre 1843 et 1855, sans doute pour le futur Léopold II.
Ces bijoux étaient par excellence des cadeaux échangés entre princesses romantiques. La reine Victoria en usa largement, comme en témoigne un second bracelet récemment entré dans les collections du musée Condé. La date apposée sur le fermoir permet de retrouver le contexte de sa création. Le 3 avril 1844, Louise était en effet à Buckingham Palace pour son 32e anniversaire : « Ce matin, dès 8h1/2, le Leopich a eu la bonté de venir me souhaiter ma triste fête, et m’a dit des choses qui m’ont bien touché ; nous avons ensuite déjeuné avec Victoria qui a été bien bonne aussi et bien comprenant tous mes sentiments. Elle m’a donné un charmant bracelet avec des cœurs pour mettre des cheveux de toute la famille. » (Louise à Marie-Amélie).
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Louise d’Orléans. Première reine des Belges. Un destin romantique.
Cette exposition est organisée par le musée Condé du Château de Chantilly (Institut de France) et le service des Musées et du Patrimoine culturel de la Province de Namur (Belgique). Elle sera présentée au TreM.a – musée des Arts anciens du Namurois, à Namur, du 14 mars au 16 juin 2025.
Commissariat : Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée Condé et du musée vivant du Cheval, Château de Chantilly, et Julien De Vos, conservateur général, directeur du service des Musées et du Patrimoine culturel de la Province de Namur.
Où ?
Musée Condé – Château de Chantilly
60500 Chantilly
www.chateaudechantilly.fr
Quand ?
Du 19 octobre 2024 au 16 février 2025
Du lundi au dimanche, sauf le mardi, de 10h00 à 17h00.
Dernier accès une heure avant la fermeture de la billetterie.
N.B. : les Grandes Écuries sont ouvertes de 12h00 à 17h00 et le parc de 10h00 à 18h00.
Combien ?
Tarif plein : 18 euros.
Tarif réduit : 14,50 euros.
Ce tarif donne accès au château, au parc, aux Grandes Écuries, aux expositions temporaires et aux animations équestres.
Les informations concernant les tarifs, les réductions et les gratuités sont disponibles sur le site internet du château de Chantilly : www.chateaudechantilly.fr.
Comment ?
L’exposition a donné lieu à la publication d’un catalogue, paru aux Éditions In Fine et dirigé par Mathieu Deldicque et Julien De Vos (208 pages, 165 illustrations, 35 euros).
