Chefs-d’œuvre de Kenwood House
Gainsborough’s House, Sudbury
3 mai – 19 octobre 2025
gainsborough.org
🇫🇷 🇬🇧

PRÉSENTATION
Chefs-d’œuvre de Kenwood House
Splendeur des peintures françaises et britanniques
par Mahaut de La Motte
Cette exposition présente un ensemble de peintures françaises et britanniques des XVIIIe et XIXe siècles, habituellement exposées dans les opulents intérieurs d’époque géorgienne de Kenwood House, à Londres. La plupart des peintures furent achetées par Edward Cecil Guinness, premier comte d’Iveagh (1847–1927), issu de la dynastie de brasseurs Guinness.
Kenwood House, construite au sommet d’Hampstead Heath en 1616, est l’une des plus belles demeures historiques de Londres. Elle fut agrandie et rénovée par l’architecte Robert Adam entre 1764 et 1779. En 1925, lord Iveagh acheta la propriété au sixième comte Mansfield. À sa mort, en 1927, il légua Kenwood, ainsi qu’une impressionnante collection de peintures de maîtres britanniques, français, hollandais et flamands, à la nation britannique, formant le Legs Iveagh (The Iveagh Bequest). Depuis 1986, le Legs est administré par English Heritage.
Lord Iveagh commença sa collection dans les années 1870 pour décorer ses propriétés de Londres, d’Irlande et de l’Île de Wight. Cependant, ses acquisitions les plus importantes furent réalisées à la suite du succès financier de l’entrée en bourse de la brasserie Guinness. Entre 1887 et 1891, lord Iveagh acquit 212 peintures auprès du marchand d’art Thomas Agnew & Sons. À la même époque, les hommes d’affaires fortunés des deux rives de l’Atlantique, comme les Rothschild, Frick, Vanderbilt et Huntington, se livraient alors une concurrence acharnée pour acquérir les tableaux de maîtres vendus par l’aristocratie foncière fortement touchée par la crise agricole.
Au XIXe siècle, les portraits de société de la période géorgienne (1714–1834), surtout ceux d’élégantes jeunes femmes, peints par sir Joshua Reynolds (1723–92), Thomas Gainsborough (1727–88), George Romney (1734–1802), Thomas Lawrence (1769–1830) et Henry Raeburn (1756–1823), étaient considérés comme le pinacle de l’art britannique et composent, de ce fait, une grande partie du Legs Iveagh.
L’exposition présente aussi une section consacrée à l’influence de l’art français sur les peintres britanniques, à la fois concurrents, admirateurs et détracteurs. Paris était un passage obligé sur la route du Grand Tour. Son Académie, fondée en 1648, était un modèle pour les artistes britanniques. Les collectionneurs britanniques favorisant l‘art du Continent au détriment des artistes nationaux, la Royal Academy fut fondée en 1768, autour de Reynolds, pour promouvoir une école anglaise de peinture.
En 1927, le legs de Kenwood House fut salué au Parlement comme « un exemple parfait d’une demeure d’un gentilhomme et amateur du XVIIIe ». Si la collection de peintures françaises de lord Iveagh est similaire à celle de ses prédécesseurs du siècle précédent, la belle part faite aux peintures britanniques souligne le succès des efforts de Reynolds pour établir une école purement anglaise encouragée par les collectionneurs britanniques.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
Proposée par Mahaut de La Motte,
Conservatrice adjointe de la Gainsborough’s House et co-commissaire de l’exposition
Joshua Reynolds

Joshua Reynolds (1723–1792), Catherine Moore, 1752–1756
Huile sur toile
English Heritage. Donation de Walter Edward Guinness, 1er Baron Boyne, 1946
© English Heritage Archive
Ce charmant portrait de Catherine Moore est l’un des premiers tableaux acquis par lord Iveagh chez le marchand Agnew’s en 1887. Le portrait fut probablement peint par Reynolds en 1752 à Paris, lorsque Catherine Moore et son futur époux, l’architecte William Chambers, y séjournaient avant de se marier à Rome l’année suivante. Reynolds était alors sur le chemin du retour à Londres, après deux ans en Italie. La palette de couleurs pastel, avec des ombres douces sur le visage, est semblable aux œuvres des contemporains français de Reynolds. Le laçage croisé du bustier, d’où s’échappe par endroits la chemise, rappelle les bergères de fantaisie animant les pastorales de François Boucher (1703–1770) et Jean-Honoré Fragonard (1732–1806). Par contraste, le chapeau en soie bleue et ivoire est de style résolument anglais. Le choix de cet accessoire pourrait être une allusion au métier du modèle, puisque Catherine Moore était modiste.
Thomas Gainsborough

Thomas Gainsborough (1727–1788), Mary, Countess Howe, vers 1764
Huile sur toile
English Heritage, The Iveagh Bequest (Kenwood, Londres)
© English Heritage Archive
Ce portrait de la comtesse Mary Howe (1732-1800), alors titrée seulement lady Howe, fut exécuté par Gainsborough dans son studio de Bath, au début des années 1760, en même temps qu’un portrait en pendant de son mari. Ce portrait, tour de force associant ses talents de paysagiste et de portraitiste, était vraisemblablement son troisième essai de portrait en pied. Lady Howe se tient avec assurance dans un paysage dépeuplé, tandis que le ciel s’assombrit à l’approche du soir. La main sur la hanche, relevant son tablier de délicates dentelles, elle semble s’arrêter un instant pour parfaire sa contenance. La composition est servie par une palette choisie. Ainsi, les chaleureuses touches de rose infusent le ciel, la somptueuse robe du modèle, ainsi que sa complexion. Lady Howe porte ici la dernière mode, avec une large capeline de paille fine. L’examen du tableau montre les difficultés de Gainsborough à affiner la composition. Plusieurs repentirs, notamment la position des pieds et la longueur des manches de dentelles, sont visibles à l’œil nu. La réalisation du portrait coïncida avec la longue maladie et la rémission de Gainsborough et s’étala probablement sur une année. Certaines modifications sont peut-être dues à l’introduction de nouvelles tendances dans le costume féminin.
Hyacinthe Rigaud

Hyacinthe Rigaud (1659–1743) et Joseph Parrocel (1646–1704)
Louis (1682–1712), duc de Bourgogne, 1702-1703
Huile sur toile
English Heritage, The Iveagh Bequest (Kenwood, Londres)
© English Heritage Archive
Peintre du Roi, Rigaud exécuta un grand nombre de commandes royales, dont ce portrait du « Petit Dauphin » Louis (1682–1712), duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV. Son rang est signalé par le cordon bleu de l’Ordre du Saint-Esprit, ainsi que par les fleur-de-lys qui parsèment sa demi-armure. La pose choisie ici par Rigaud, en bon courtisan, permet de dissimuler la malformation du dos du duc. Le doigt tendu fait écho à la figure de l’adlocutio romaine, la harangue de général à ses troupes, et souligne aussi l’action de l’arrière-plan. Le champ de bataille animé d’escarmouches de cavalerie devant une ville est l’œuvre du peintre de l’armée Joseph Parrocel. Il s’agit peut-être de Nimègue, que le duc assiégea en 1702. Malgré l’échec des Français à prendre la ville tenue par une armée anglo-hollandaise, le duc, âgé de vingt ans, fut félicité par le roi pour sa bravoure au combat.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Chefs-d’œuvre de Kenwood House. Splendeur des peintures françaises et britanniques
Cette exposition est organisée par la Gainsborough’s House de Sudbury, en collaboration avec English Heritage.
Commissariat : Emma Boyd, conservatrice de la Gainsborough’s House, et Mahaut de La Motte, conservatrice adjointe.
Où ?
Gainsborough’s House
46 Gainsborough Street
CO10 2EU Sudbury
Royaume-Uni
gainsborough.org
Quand ?
Du 3 mai au 19 octobre 2025
Tous les jours, de 10h00 à 17h00
Combien ?
Tarif normal : 15 livres sterling
Les informations concernant les conditions de gratuité sont disponibles sur le site internet de la Gainsborough’s House.
