EXPOSITION # 29

Note : 5 sur 5.

Le Grand Bain
Ou comment bien se (dé)vêtir au soleil
Maillots et tenues de plage 1940-2000

Longtemps élitiste, la mer, en tant que loisir, se démocratise avec l’accroissement des voies de communication, la mise en place des congés payés de 1936 et le développement des sports nautiques. Elle attire aujourd’hui des millions de baigneurs venus se délecter des plaisirs de la plage, théâtre des dernières tendances « beachwear ». Du justaucorps unisexe et fonctionnel des années 30 aux créations « couture », parfois décalées de stylistes contemporains, l’exposition Le grand bain permet de suivre l’évolution des mœurs et des goûts de la société, à travers l’histoire du maillot – ou comment bien se (dé) vêtir au soleil !

Très présente dans les collections du Château Borély, la mode balnéaire se fait l’écho des Jeux olympiques et des compétitions de voile qui se dérouleront dans la rade de Marseille, à travers la sélection d’une centaine de pièces du département Mode du musée : maillots de bain pour hommes, femmes et enfants, tenues de plage et sportives, accessoires de l’après-guerre aux années 2000. Dans une approche à la fois chronologique et esthétique et une scénographie originale où les maillots de bains s’affichent à la manière d’une « galerie de portraits », cette exposition raconte un moment de l’histoire du maillot de bain, reliée à celle des pratiques balnéaires et de la mode.

Des photographies inédites, provenant des Archives et du Musée d’Histoire de la Ville de Marseille, mettent en lumière le goût des plaisirs immédiats des Marseillais photographiés à la plage : Julia Pirotte (1907-2000) notamment, journaliste et résistante, livre en 1940, des portraits sensuels de baigneuses qui, en osmose avec le paysage méditerranéen, et en dépit de la réalité de Marseille en guerre, rendent perceptible l’exaltation du corps.

L’exposition montre comment l’évolution du vêtement se rattache à la pratique sportive. Les archives du Cercle des Nageurs de Marseille, célèbre club de natation fondé en 1921, rendent compte de l’adaptation des formes et des matières, nécessaire à la performance et à la compétition. L’exposition se clôt sur des images de la création contemporaine issues des dernières collections de labels marseillais, régionaux ou plus largement méditerranéens, qu’ils soient émergents ou confirmés.

Note : 5 sur 5.

UNE SÉLECTION D’ŒUVRES

Présentées par Laurence Donnay,
assistante de conservation au Château Borély,
commissaire associé de l’exposition

Note : 5 sur 5.

Maillot de bain deux-pièces

Neyret, Maillot de bain deux-pièces, années 1930
Maille de laine jacquard, jersey de laine, métal
Inv. 2004.1.117.1-2
Château Borély – Musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la mode
© MDM Claude Almodovar et Michel Vialle

D’un seul tenant depuis le début du XXe siècle, le maillot de bain féminin se scinde enfin en deux dans les années 30. En laine, composé d’un soutien-gorge et d’une large culotte montante, il ne dévoile cependant pas encore le nombril. Ce sera chose faite en juillet 1946 : avec son Bikini (en référence à l’atoll du Pacifique où viennent de se dérouler des essais nucléaires américains), Louis Réard atomise les gardiens de la pudeur ! Réduit à de simples triangles retenus par des ficelles, le sulfureux maillot, bien que frappé d’interdit sur certaines plages européennes, fait rapidement des adeptes. Consacré par Brigitte Bardot en 1953, il reste depuis, la pièce iconique de la garde-robe estivale.

Note : 5 sur 5.

Ensemble en toile de coton

J. Tiktiner, Ensemble en toile de coton, vers 1958
Inv. 2004.1.18.1-3
Château Borély – Musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la mode
© MDM Claude Almodovar et Michel Vialle

Fréquentée essentiellement l’hiver par des élites fortunées en quête d’abris climatiques exceptionnels, la Côte d’Azur se mue dans les années 1920 en station estivale. Cannes, Nice, Monte-Carlo – rendez-vous mondains par excellence – voient dès lors défiler un vestiaire spécifique alliant confort et élégance, signé Lanvin, Patou, Chanel, Schiaparelli… De grands noms bientôt concurrencés par de petites entreprises locales, précurseurs du prêt-à-porter de luxe : Delapierre, Tiktiner, Texmer, Brigitte de Cannes, Acmé, offrent aux clientes une alternative originale aux modèles parisiens. Dynamisme, coloris ensoleillés, matières légères caractérisent ce nouveau Look Riviera, chic et couture. Promotrices de la région Sud, ces marques donneront naissance, après-guerre, à une économie locale florissante jusqu’au milieu des années 80, victime notamment de la concurrence étrangère.

Note : 5 sur 5.

Maillot de bain une-pièce Ali Baba

Jean-Rémy Daumas, Maillot de bain une-pièce Ali Baba, Printemps-Été 1986
Jersey de coton, raphia, métal, matières plastiques/synthétiques
Don Jean-Rémy Daumas, Inv. 1989.5.88.1
Château Borély – Musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la mode
© MDM Raphaël Chipault et Benjamin Soligny

Les adeptes du monokini et du string assistent dans les années 80 au grand retour du maillot de bain une-pièce, version « couture ». Paré de ruchés ou de volants sous l’influence des « dessous-dessus », bustier ou à balconnets, drapé, découpé, construit, il dessine une silhouette sophistiquée, rétro ou résolument contemporaine, non dénuée parfois d’humour et de décalage. En édition limitée, griffé par les grands noms de la mode, il diffuse sur l’ensemble de la garde-robe de plage ses couleurs acidulées et motifs chamarrés aux côtés de l’élégance intemporelle du noir.

Note : 5 sur 5.

INFORMATIONS PRATIQUES

Quoi ?
Le Grand Bain. Ou comment bien se (dé)vêtir au soleil. Maillots et tenues de plage 1940-2000
Cette exposition est organisée par le Château Borély – Musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode de la Ville de Marseille, à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 (label « Olympiade culturelle »).
Commissaire : Marie-Josée Linou, Conservatrice en chef du patrimoine, directrice du Château Borély – Musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode.
Commissaires associées : Caroline Baujard, attachée principale de conservation, adjointe à la directrice du Château Borély, et Laurence Donnay, assistante de conservation, médiatrice culturelle