EXPOSITION # 23

🇫🇷

Note : 5 sur 5.

Le musée Granet consacre cet été une exposition inédite – la première manifestation de ce type -, au grand peintre du baroque provençal Jean Daret (Bruxelles, 1614 – Aix-en-Provence, 1668).
Redécouvert par le grand public à l’occasion de l’exposition sur la peinture en Provence au XVIIe siècle organisée à Marseille en 1978, Jean Daret a travaillé pour les mécènes les plus importants de son époque dont le roi Louis XIV et le gouverneur de Provence.
Si nombre de ses œuvres sont visibles dans les musées français et étrangers (États-Unis, Russie), comme dans de nombreuses églises et cathédrales de Provence et d’hôtels particuliers d’Aix-en-Provence (hôtels de Châteaurenard et Maurel de Pontevès), Jean Daret demeure peu connu du grand public et son œuvre d’envergure mérite d’être mise à l’honneur.
L’exposition au musée Granet est ainsi l’occasion de montrer un ensemble exceptionnel d’une centaine d’œuvres comprenant les productions les plus importantes de l’artiste, huiles sur toile, dessins et gravures, accompagnées d’œuvres des grands maîtres du siècle tant parisiens (Jacques Blanchard) que provençaux (Nicolas Mignard, Reynaud Levieux ou encore Gilles Garcin).
À travers huit sections thématiques qui suivent également la chronologie de la carrière de l’artiste, l’exposition montre l’ensemble de sa carrière, des chefs-d’œuvre des premières années (« Daret caravagesque »), à l’élégance et la richesse des scènes de genre, tableaux de dévotion ou de décor (« Collectionnisme » et « Décor »), sans omettre la place centrale occupée par les tableaux religieux, où se mêlent sobriété et pathétique, douceur et expressivité, pour terminer par le second séjour parisien, les dernières années de la carrière de l’artiste.
Cette exposition offre ainsi l’occasion d’apprécier l’importance de la production de Jean Daret, de mettre en lumière la richesse patrimoniale d’Aix-en-Provence et de la région ainsi que les nombreuses découvertes récentes liées à la peinture française du XVIIe siècle.
Cet événement propose également au public de partir sur les route de Provence à la découverte des œuvres de l’artiste et de ses contemporains grâce à un itinéraire à travers 15 communes des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse.

Note : 5 sur 5.

UNE SÉLECTION D’ŒUVRES

Présentée par l’équipe du musée Granet

Note : 5 sur 5.

L’Assomption

Jean Daret (1614-1668), Assomption, 1647,  huile sur toile, 360 x 266 cm,
Collégiale, actuellement église de la Nativité de Marie, Pignans, Var
© Photo CICRP, Émilie Hubert Joly

La grande Assomption de la Vierge, signée et datée de 1647, provient d’une église dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, celle de Pignans, dans le Var. Le contexte de sa réalisation n’est pas connu. Toutefois, la commande pourrait avoir été passée lors de travaux réalisés au maître-autel de cette église, au milieu du XVIIe siècle.
Présentée avec plusieurs dessins préparatoires, cette grande toile est l’une des plus impressionnantes de Jean Daret. Elle est consacrée à l’Assomption de la Vierge, un dogme de l’Église catholique romaine selon lequel Marie, au terme de sa vie terrestre, a été élevée au Ciel. Célébrée le 15 août, c’est l’une des grandes fêtes de la vie chrétienne.
Les fidèles sont invités à entrer dans la toile par l’intermédiaire de saint Pierre. Il est debout, au premier plan, à droite. Les clés, qu’il tient dans la main droite, permettent de l’identifier. De l’autre main, le prince des apôtres désigne le miracle. La scène fourmille de personnages. Si bien que l’espace est difficile à appréhender, exception faite de la pierre tombale au centre, évoquant la résurrection de Marie.
Jean Daret a particulièrement soigné sa composition. Il l’a divisée en deux parties. Le domaine céleste, en haut, est relié au monde terrestre, dans la partie inférieure, par l’intermédiaire d’un coude et des mains des apôtres, mis en lumière au centre de la toile. Les teintes se répondent également. C’est le cas du rouge et du bleu, couleurs de prédilection de l’artiste. Ce choix de composition s’inscrit dans la lignée des Assomptions françaises et italiennes peintes dès la Renaissance. Il évoque celles d’Annibale Carrache ou de Guido Reni. Daret aurait pu les voir lors d’un premier séjour en Italie. On peut également y lire l’impact des œuvres de Rubens sur le même sujet. Ainsi, le style de Daret est un creuset d’influences. Né à Bruxelles, alors capitale des Pays-Bas espagnols, il multiplie les sources d’inspiration. Au gré de son parcours, elles sont tantôt françaises, tantôt italiennes et flamandes, ou parfois encore ibériques.

Note : 5 sur 5.

Le Joueur de guitare

Jean Daret (1614-1668), Joueur de guitare, 1636, huile sur toile, 128,2 x 101 cm,
musée Granet, Aix-en-Provence
© photo C. Almodovar/Musée Granet, Ville d’Aix-en-Provence

La présence de Jean Daret en Provence est attestée en 1636. La date de nombreuses œuvres le confirme. Il prête alors ses propres traits à ce Joueur de guitare. C’est le premier tableau du peintre qui intègre la collection d’un musée, en l’occurrence le musée Granet. En 1636, il n’a que vingt-deux ans, mais c’est déjà un artiste confirmé. Il avait commencé son apprentissage onze ans plus tôt, dans l’atelier d’Antoine Van Opstal. Lorsqu’il s’installe à Aix, la ville est en plein essor. De nouveaux quartiers et des hôtels particuliers richement ornés sortent de terre. Cette croissance va lui fournir de nombreuses commandes privées dont les sujets variés, scènes de genres ou de bataille, œuvres profanes, portraits ou tableaux de dévotion, lui permettent d’élargir sa clientèle. Son mariage avec Madeleine Cabassol, fille d’un bourgeois local, en 1639, témoigne, par ailleurs, de son intégration rapide auprès de la haute société aixoise.

Note : 5 sur 5.

La Vierge donnant le Rosaire à saint Dominique

Jean Daret (1614-1668), La Vierge donnant le Rosaire à Saint Dominique ou L’Institution du Rosaire, 1643, huile sur toile, 340 x 220 cm, Aix-en-Provence,
Église Sainte- Madeleine, Aix-en-Provence © CICRP

Le Don du Rosaire est une œuvre importante. Elle a été commandée le 11 mai 1643 par la confrérie du Rosaire. Le tableau est destiné à sa chapelle, située dans l’église des Prêcheurs à Aix – actuelle église de la Madeleine, reconstruite à la fin du XVIIe siècle. Le terme de « Prêcheurs » désigne l’ordre mendiant des Dominicains. Ils ont institué la dévotion au Rosaire, c’est-à-dire l’usage du chapelet, ces grains enfilés sur un cordon, pour réciter ses prières.
Ici, la scène dépeint saint Dominique de Guzmán, le fondateur de l’Ordre des Frères Prêcheurs. Conformément à sa vision, il reçoit le chapelet des mains de la Vierge. Ce thème, fréquent dans l’iconographie chrétienne à partir du XVIe siècle, a connu un développement considérable en Provence. Cette dévotion, en lien avec la Vierge Marie, est également importante dans le contexte de la Contre-Réforme catholique. Ce mouvement, en réaction à la Réforme protestante, vise à réaffirmer les fonctions rhétoriques de la peinture : enseigner, émouvoir et convaincre les fidèles.
Les grands retables pour lesquels Jean Daret peint des tableaux en sont une manifestation exemplaire. Au XVIIe siècle, ils prennent une importance spectaculaire, et furent souvent sculptés. C’est le cas de ce tableau, qui devait être incorporé dans une structure alternant des colonnes corinthiennes et des sculptures de saints. Malheureusement, il ne reste nulle trace de ce décor.
La composition est divisée en deux parties quasi indépendantes. Elles sont, toutefois, unifiées grâce à la patte du chien de saint Dominique, qui déborde sur le registre inférieur. Il tient un flambeau dans la gueule et fait allusion au surnom de saint Dominique, le « chien de Dieu », traduit précisément Domini cane en latin. Saint Dominique partage la partie supérieure avec Catherine de Sienne. Les deux saints sont souvent figurés ensemble. Ici, elle reçoit le Sacré-Cœur de la main de l’Enfant Jésus. La composition est dominée par le manteau noir de saint Dominique. Il contraste fortement avec les couleurs plus chaudes du fond. La partie inférieure représente le Purgatoire, et l’espoir de Salut offert par l’exercice de la prière. La chair blanche des figures, les petites bouches rouges, les mains allongées et élégantes, la physionomie des angelots et les avant-bras raides de l’ange du premier plan présentent les caractéristiques typiques du style de Daret.

Note : 5 sur 5.

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