Elles, les élèves de Jean-Jacques Henner
Musée national Jean-Jacques Henner, Paris
28 novembre 2024 – 28 avril 2025
www.musee-henner.fr
🇫🇷

PRÉSENTATION
[Extraits du dossier de presse]
Elles, les élèves de Jean-Jacques Henner
Alors que l’École des beaux-arts leur était interdite, comment les femmes se formaient-elles à l’art durant la seconde moitié du XIXe siècle ? Le musée national Jean-Jacques Henner consacre du 28 novembre 2024 au 28 avril 2025 une exposition dédiée aux élèves féminines de Jean-Jacques Henner, qui ont suivi les enseignements du peintre sous différentes modalités. L’occasion de redonner une place aux femmes artistes, d’aborder des sujets tels que leur apprentissage, leur professionnalisation et de mettre en avant leurs œuvres et leurs liens avec Jean- Jacques Henner.
Louise Abbéma, la Suissesse Ottilie W. Roederstein, Madeleine Smith, Marie Petiet ou encore l’Anglaise Dorothy Tennant… Elles étaient peintres et élèves de Jean-Jacques Henner. Certaines ont eu des parcours emblématiques, toutes sont encore trop méconnues du grand public. L’exposition Elles, les élèves de Jean-Jacques Henner a pour ambition de mettre en lumière, à travers plus de 80 peintures, dessins, lettres et photographies, le travail et la vie d’une dizaine de femmes artistes de la seconde moitié du XIXe siècle. Plusieurs musées de région ainsi que des institutions parisiennes, mais également des collections particulières (en France et à l’étranger), ont été sollicités pour le prêt d’œuvres.
Jusqu’en 1897 en France, les femmes ne sont pas admises à l’École des beaux-arts, notamment à cause de la nudité des modèles masculins. Elles ne peuvent donc pas bénéficier de l’enseignement délivré par cette institution de renom. Toutefois, des ateliers privés qui se développent en nombre à cette période leur permettent d’accéder à une formation artistique. Il y a 150 ans, en 1874, Jean-Jacques Henner est sollicité par son collègue et ami Carolus-Duran, afin de tenir un atelier pour dames situé au 81 Boulevard du Montparnasse, puis au 17 Quai Voltaire où il enseigne jusqu’en 1889. En parallèle et après la fermeture de cet atelier, il reçoit certaines de ses élèves dans son atelier personnel, place Pigalle. Il est alors l’un des artistes les plus célèbres de son temps à enseigner à des femmes.
L’exposition, pensée par Maëva Abillard, conservatrice du musée national Jean-Jacques Henner, s’appuie sur des recherches en archives menées en dehors du musée à travers de multiples journaux, des carnets de notes, des lettres, des photographies et des dessins, retrouvés parfois dans des fonds inédits. Le musée national Jean-Jacques Henner conserve pour sa part les agendas du peintre, de nombreuses lettres de Carolus-Duran ainsi que des lettres émanant de ses élèves. Le peintre a entretenu des liens amicaux forts avec quelques-unes d’entre elles. Certaines ont également posé pour lui, comme le montrent quelques portraits présentés dans l’exposition.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
présentées par Maëva Abillard,
conservatrice du musée national Jean-Jacques Henner,
commissaire scientifique de l’exposition.
Germaine Dawis

Jean-Jacques Henner (1829-1905), La Religieuse. Portrait de Germaine Dawis, 1903
Huile sur toile
Paris, musée national Jean-Jacques Henner
© Musée Henner / Jean-Yves Lacote
Ce sont bien les traits de Germaine Dawis que l’on reconnaît dans cette œuvre mystérieuse. De son vrai nom Eugénie-Marie Gadiffet-Caillard (1857-1927), Germaine Dawis est probablement la disciple la plus fidèle de Henner, son professeur pendant près de vingt ans. Elle peint des portraits mais semble davantage adepte des nymphes couchées dans des paysages, si caractéristiques de l’œuvre de son mentor. Malgré les critiques qui la réduisent parfois à « l’ombre » de son professeur, elle connaît de son vivant un certain succès.
Henner la peint régulièrement dès les années 1890, l’élève jouant notamment le rôle de muse pour des études de têtes, dont certaines sont conservées au musée. Ici, Germaine Dawis pose pour une composition originale et énigmatique. L’œuvre est saisissante, le spectateur est comme hypnotisé par ce visage d’ivoire fantomatique qui émerge d’un tourbillon de brun-noir, mêlant le voile de la figure à l’arrière-plan. Présenté au Salon de 1903 sous le titre Religieuse, le tableau, d’une grande profondeur et sensualité, est encensé par la presse et reproduit dans certains articles.
[Commentaire à partir des contributions au catalogue rédigées par Marie Vancostenoble.]
Noémie Guillaume

Noémie Guillaume (1849-1916), Portrait de Madame Chaumelin, 1886
Huile sur toile
Paray-le-Monial, musée eucharistique du Hiéron
© Jean-Pierre Gobillot / Musée du Hiéron, Paray-le-Monial
Au sein de « l’atelier des dames », les élèves sont formées au portrait par deux brillants représentants du genre, Jean-Jacques Henner et Carolus-Duran. Présenté au Salon de 1887, cet élégant portrait démontre l’influence des deux professeurs sur Noémie Guillaume, qui opte pour un schéma plastique fidèle à celui de ses maîtres : un portrait à mi-jambe, le modèle figurant sur un fond neutre largement brossé, l’attention portée aux costumes et aux étoffes ainsi qu’à la personnalité du modèle par le travail du regard. Le modèle représenté ici, Anne Tisserand (1835-1901), est l’épouse du journaliste et critique d’art Jean-Marie dit Marius Chaumelin (1833-1889). Ce portrait fonctionne en pendant avec celui de M. Chaumelin, que la peintre exécute et présente au Salon l’année précédente. Noémie Guillaume fait ainsi partie des nombreuses élèves de Jean-Jacques Henner qui s’illustrent dans le genre du portrait, genre accessible et lucratif pour une artiste femme à l’époque. Artiste travailleuse, elle rencontre un certain succès de son vivant, ses portraits se vendant bien et cher. Vers 1879, elle ouvre également un cours pour femmes dans son atelier du 7, quai Voltaire à Paris.
Juana Romani

Juana Romani (1867-1923), Desdémone ou Portrait de femme en costume vénitien, 1903
Huile sur bois
Courbevoie, musée Roybet-Fould © Ville de Courbevoie
Héroïne shakespearienne, Desdémone est un personnage de tragédie dont s’emparent les peintres dans la seconde moitié du XIXe siècle. Cette œuvre s’apparente à ces figures de fantaisie que Juana Romani présente régulièrement au Salon à compter de 1892, et qui s’inspirent du type mis en place par Jean-Jacques Henner : une tête de face ou de profil, le regard droit ou levé vers le ciel, souvent coiffée d’une frange et d’une chevelure abondante. Contrairement à son professeur alsacien, Juana Romani accorde une place plus importante au costume, qui témoigne également de son attrait pour la peinture espagnole.
Desdémone n’est pas le seul personnage féminin historique que peint Juana Romani. Elle représente également Bianca Cappello (plusieurs versions entre 1892 et 1895) ou Béatrice d’Este (vers 1900), mais aussi des personnages bibliques, telles Salomé (1898) ou Judith (1889), qui font partie d’un répertoire remis au goût du jour par des peintres orientalistes et symbolistes. Ces figures ne lui sont pas étrangères, l’artiste les ayant elle-même incarnées en tant que modèle. En effet, avant d’être peintre, Juana Romani était modèle professionnelle et posait pour de nombreux artistes, comme Jean-Jacques Henner, Carolus-Duran ou Ferdinand Roybet. Ces contacts privilégiés et cette immersion dans les ateliers lui ont probablement donné le goût de la peinture et permis de recevoir les enseignements de ces maîtres. Portraitiste mondaine, achetée par l’État, récompensée aux expositions, elle s’impose comme une des grandes peintres du Tout-Paris en l’espace d’une quinzaine d’années.
[Commentaire à partir de la notice du catalogue rédigée par Marion Lagrange.]
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Elles, les élèves de Jean-Jacques Henner.
Cette exposition est organisée par le musée national Jean-Jacques Henner.
Commissariat général : Charle Villeneuve de Janti, directeur de l’Établissement public du musée national Jean-Jacques Henner et du musée national Gustave Moreau.
Commissariat scientifique : Maëva Abillard, conservatrice du musée national Jean-Jacques Henner, assistée de Marie Vancostenoble, assistante de conservation et régie des œuvres.
Où ?
Musée national Jean-Jacques Henner
43, avenue de Villiers
75017 Paris
www.musee-henner.fr
Quand ?
Du 28 novembre 2024 au 28 avril 2025
Tous les jours, sauf le mardi et certains jours fériés, de 11h00 à 18h00.
Nocturnes le deuxième jeudi du mois jusqu’à 21h00.
Les informations concernant les jours de fermeture sont disponibles sur le site du musée : www.musee-henner.fr.
Combien ?
Tarif plein : 8 euros
Tarif réduit : 6 euros
L’exposition temporaire remplace le parcours permanent du musée national Jean-Jacques Henner. Le billet de l’exposition permet de visiter gratuitement le musée national Gustave Moreau dans les 72 heures.
Les informations concernant les tarifs réduits et les conditions de gratuité sont disponibles sur le site du musée : www.musee-henner.fr.
Comment ?
L’équipe du musée propose un riche programme d’activités pour accompagner l’exposition : visites, conférences, concerts, lectures, pièces de théâtre, cours de dessin, etc. Le détail de la programmation est disponible dans l’agenda du site du musée : www.musee-henner.fr
L’exposition est prolongée par un catalogue, publié aux Éditions Faton, co-édité par le musée national Jean-Jacques Henner (304 pages, 210 illustrations, format 25 x 22 cm, 35 euros). Dirigé par Maëva Abillard, il constitue le premier ouvrage scientifique consacré à ce sujet.
