EXPOSITION # 61

🇫🇷

Note : 5 sur 5.

100 ans d’honneurs
Destin d’un musée, destins de décorés

Le musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie présente du 25 juin au 23 novembre 2025 une exposition célébrant les cent ans de sa création : 100 ans d’honneurs – Destin d’un musée, destins de décorés. Un choix d’œuvres emblématiques marque les différentes étapes ayant mené à son édification, avant que ne soient développées ses évolutions à travers le siècle, par le biais de portraits de décorés, véritables témoins de l’histoire. Par la diversité de nature, d’époque ou d’origine géographique des objets mis en lumière, cette exposition s’attache également à souligner le caractère insolite et unique du musée. Elle explique ainsi comment il est devenu une référence mondiale dans son domaine scientifique. Elle fait connaître les parcours d’hommes et de femmes décorés qui œuvrent au service de la France et de l’intérêt général. Conscients du rôle qu’ils ont à jouer, nombre d’entre eux ont légué ou déposé leur distinction ou des objets personnels au musée, contribuant ainsi à l’enrichissement de ses collections. Lorsque le musée est créé, le général Dubail, alors grand chancelier, en fixe les objectifs : « Entretenir, devant les vestiges d’un passé magnifique, le culte des hautes vertus, au regard desquelles la croix de la Légion d’honneur a été et restera la raison qui décide, l’inspiration qui entraîne, la récompense qui grandit et console ». Cent ans plus tard, ces objectifs demeurent intacts.

À l’occasion de l’Exposition universelle de 1889, la grande chancellerie de la Légion d’honneur présente un ensemble de « décorations et médailles françaises » au pavillon du ministère de la Guerre. Pour la première fois, les distinctions nationales font l’objet d’une exposition historique. Certaines de ces œuvres sont à nouveau réunies aujourd’hui pour plonger le visiteur dans l’effervescence de la fin du XIXe siècle. Le public pourra également découvrir des photos d’archives, ainsi que des planches explicatives de la deuxième exposition consacrée à ce sujet. En 1911, le musée des Arts décoratifs propose en effet une « rétrospective de la Légion d’honneur et des décorations françaises ». Placée sous le haut patronage du général Georges-Auguste Florentin, grand chancelier de la Légion d’honneur, elle est organisée par un collectionneur passionné et deux membres de la grande chancellerie et réunit 2 694 objets. Déjà, des collectionneurs privés mettent leurs œuvres à la disposition du public. Ces importants dons et dépôts deviendront par la suite une caractéristique du musée qui put alors compter sur de généreux passionnés comme Maurice Bucquet, dont l’importante collection est aujourd’hui encore conservée par l’institution. Décorations et objets d’art sont venus enrichir ses collections au fil du temps, grâce à l’action de particuliers ou de la Société des Amis du musée. À l’occasion de son centenaire, les Amis ont ainsi lancé une souscription pour l’acquisition de l’aigle d’or du général Jean Boudet, un insigne couvert de diamants, saphirs et émeraudes, qui rejoint les vitrines du musée. Cet insigne est présenté aujourd’hui pour la première fois, tout comme l’impressionnante copie en diamants de synthèse de la plaque de joaillerie de l’ordre du Saint-Esprit de Charles X, réalisée grâce à un très important mécénat de compétence de l’entreprise Walking Tree France.

Le succès de la manifestation aux Arts décoratifs en 1911 encourage la création d’un musée au siège de la grande chancellerie de la Légion d’honneur. L’année suivante, le grand chancelier rédige ainsi un arrêté dans lequel il stipule : « Il est institué à la grande chancellerie, un musée historique de la Légion d’honneur et des différentes décorations et médailles françaises et étrangères ». Bien que le décret ne soit jamais signé, une première salle d’exposition est aménagée en janvier 1912 pour présenter quelques œuvres réunies par l’institution. Elle peut compter sur de généreux donateurs, dont principalement le marquis Rodolphe de Champreux d’Altembourg. Une partie de sa collection de précieux insignes et objets de l’Ancien Régime et du Premier Empire est aujourd’hui présentée. Le début de la Première Guerre mondiale met provisoirement un terme à cet engouement et au projet. Au lendemain de la Grande Guerre, le projet de créer un musée dédié à l’histoire des décorations et des décorés est relancé pour fonder un mémorial à la gloire des Français et des alliés éprouvés par le conflit. Grâce à une souscription ouverte parmi les légionnaires et les médaillés militaires, financée en grande partie par l’avocat d’affaires américain William Nelson Cromwell, le musée ouvre ses portes le 16 juin 1925. Son conservateur, Henri Torre, en définit les objectifs : « Unir le présent au passé en rappelant les grandes traditions chevaleresques dont nos modernes décorés sont les lointains porte-flambeaux ». L’exposition rend ici hommage à la force motrice du projet, le général Dubail, alors grand chancelier. Pour la première fois, son impressionnant ensemble de décorations est réuni. De nombreux documents d’archives permettent également aux visiteurs de mieux comprendre l’évolution du musée : plans, projets, éléments de signalétique ou encore œuvres sorties spécialement des réserves. Elles proviennent des collections de la grande chancellerie, enrichies par des dépôts de grandes institutions (musée du Louvre, château de Versailles, Mobilier national…) et des dons privés. Fidèles à une logique qui perdure encore aujourd’hui, ces objets retracent les grandes périodes de l’histoire de France à travers les parcours de protagonistes illustres et de personnages moins connus.

En cent ans, le musée n’a eu de cesse d’évoluer mais reste avant tout un lieu à la gloire des décorés. À travers treize parcours exceptionnels, la seconde salle de l’exposition s’attache ainsi à souligner la diversité et la richesse des parcours des membres des ordres nationaux. Premiers légionnaires militaires et civils (Vincent Le Gras, Louis-Benjamin Saugnier, Parmentier et David), le maréchal Berthier, le duc de Berry, Rosa Bonheur, Félix Faure, le maréchal Joffre, Simone Veil, Paul Bocuse, la famille Desmonts (père et fils), Ludivine Loiseau : ces hommes et ces femmes, distingués pour leurs actions au service de l’intérêt général et de la Nation, sont ici mis à l’honneur à travers des objets qu’ils ont, pour certains, mis en dépôt ou donné à l’institution. Sont notamment présentés dans l’exposition deux objets extrêmement rares ayant appartenu au maréchal Alexandre Berthier (1753-1815) : sa ceinture d’apparat et son collier de la Légion d’honneur ; seulement trois exemplaires de ce type de collier sont aujourd’hui conservés. Le public pourra également voir l’ensemble des distinctions de l’artiste Rosa Bonheur qui fut, après les membres des familles royales et impériales, la femme la plus décorée de son époque. L’exposition met aussi en relief des exploits plus récents. Âgée de seulement 16 ans, Ludivine Loiseau remporte la médaille d’or aux Jeux paralympiques d’Atlanta en 1996 et reçoit la Légion d’honneur, faisant d’elle la plus jeune décorée de cet ordre.

Note : 5 sur 5.

UNE SÉLECTION D’ŒUVRES

présentées par les commissaires de l’exposition

Note : 5 sur 5.

Raymond Poincaré

Insignes de l’ordre de Saint-André remis par l’empereur de Russie Nicolas II (1868-1918)
au Président de la République Raymond Poincaré (1854-1934) en 1914
Don du Président Poincaré, 1932. Inv. 02183
© Musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, Paris.

Dès 1932, le général Dubail, pour la création de la salle des ordres étrangers, sollicite d’importantes personnalités afin de donner le plus d’humanité possible aux distinctions exposées. Il contacte à ce sujet l’ancien président Poincaré : « J’ai l’honneur de vous informer que je projette d’ouvrir prochainement au Musée de la Légion d’honneur une salle d’ordres étrangers. Jusqu’à présent le musée n’avait exposé que des décorations ou insignes français ; mais le public a maintes fois exprimé son regret de ne pas trouver dans un établissement spécialiste des ordres, à côté des décorations de notre pays, celles des Nations étrangères… Le musée dispose d’un certain nombre de croix-modèle des divers pays. C’est un premier fonds qui a sa valeur, mais dont la qualité laisse souvent à désirer. Surtout il lui manque cette relation avec des personnages illustres qui donne le branle à l’imagination et retient longuement le visiteur. » En réponse, le président fera porter au musée, le 22 octobre 1932, ses insignes de l’ordre de Saint-André de Russie, qui est encore aujourd’hui l’une des pièces majeurs de la salle des ordres étrangers.

Insignes de l’ordre de Saint-André remis par l’empereur de Russie Nicolas II (1868-1918)
au Président de la République Raymond Poincaré (1854-1934) en 1914 (détail)
Don du Président Poincaré, 1932. Inv. 02183
© Musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, Paris.

Note : 5 sur 5.

Le roi de Rome

Hubbart, Insigne de la Légion d’honneur dit « du roi de Rome », Seconde moitié du XIXe siècle
Argent, émail et strass, Hauteur : 16 cm Largeur : 10,5 cm
© Musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, Paris.

Exposé dans les salons de la grande chancellerie dès 1912, cet insigne a été offert par le marquis de Champreux pour constituer le premier fonds de collection du futur musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, avant même son ouverture définitive en 1925. Dans son mémoire pour la constitution du musée, l’archiviste Paul Feuillâtre écrit ainsi, « survient à point l’homme nécessaire. Le marquis de Champreux d’Altenbourg, collectionneur érudit et avisé, causeur exquis, avait eu l’occasion de s’entretenir plusieurs fois avec nous au Pavillon de Marsan, où il exposait quelques insignes anciens d’un choix irréprochable, notamment une grande croix, œuvre de Hubbart, fournisseur de la Légion d’honneur, offerte, suivant la tradition, au roi de Rome par la ville de Paris, qui avait été fort remarquée. »  Cette attribution est cependant tout à fait légendaire. De fabrication plus récente, cet insigne est tout à fait fantaisiste. Au centre du revers, la légende « Honneur et Patrie » (devise de l’institution) a été remplacée par l’inscription « Napoléon à jamais ». Plus étonnant, aucune trace d’un fournisseur de la Légion d’honneur ni même d’un joaillier du nom de Hubbart n’a pu être trouvé. Cet emblématique bijou reste à ce jour aussi mystérieux que spectaculaire, mais témoigne de la survivance tout au long du XIXe siècle de la ferveur attachée tant à la mémoire de l’empereur que de l’aiglon. L’hypothèse de le rattacher à une œuvre spécifique réalisée pour une des expositions universelles du Second Empire reste séduisante mais n’est étayée par aucune preuve documentaire.

Hubbart, Insigne de la Légion d’honneur dit « du roi de Rome », Seconde moitié du XIXe siècle
Argent, émail et strass, Hauteur : 16 cm Largeur : 10,5 cm
© Musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, Paris.

Note : 5 sur 5.

Rosa Bonheur

Veste à brandebourg de Rosa Bonheur (1822-1899)
avec rosette d’officier de la Légion d’honneur,
insigne de commandeur de l’ordre d’Isabelle la catholique (Espagne)
et collier d’officier de l’ordre de Saint-Jacques de l’Épée (Portugal)
© Musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, Paris.

Rosa Bonheur est une peintre et sculptrice française de la seconde moitié du XIXe siècle qui occupe une place toute particulière dans l’histoire des ordres et distinctions. Fait exceptionnel pour son époque, l’artiste reçoit entre 1865 et 1894, six ordres et décorations qui font d’elle, en dehors des souveraines, la femme la plus décorée du XIXe siècle. Cet ensemble symbolise ainsi l’ouverture progressive des distinctions aux femmes mais également l’immense notoriété rencontrée par Rosa Bonheur de son vivant. En France, elle est la première femme artiste faite chevalier de la Légion d’honneur en 1865, puis la première femme officier en 1894. Données au château de Fontainebleau par Anna Klumpke, ces distinctions ont été déposées au musée de la Légion d’honneur, complétées par cette veste très évocatrice déposée par le château de Rosa Bonheur. Ces œuvres symbolisent ainsi les partenariats du musée depuis sa création avec les grandes institutions culturelles françaises, permettant d’évoquer des parcours exemplaires.

Rosa Bonheur (1822-1899) portant ses ordres
© Musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, Paris.

Note : 5 sur 5.

INFORMATIONS PRATIQUES

Quoi ?
100 ans d’honneurs. Destin d’un musée, destins de décorés

Cette exposition est placée sous la présidence du grand chancelier de la Légion d’honneur, le général d’armée François Lecointre
Commissariat : Peter Keller, directeur-conservateur, Musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, Tom Dutheil, conservateur adjoint, Patrice Grelet, régisseur des collections, Marion Bontemps, chargée de l’accueil et des publics