Bertholet Flémal (1614-1675)
Trésor de la cathédrale de Liège, Liège
25 avril – 15 juin 2025
www.tresordeliege.be
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PRÉSENTATION
[Extraits du dossier de presse]
Bertholet Flémal (1614-1675).
Un tiers de l’œuvre peint du Raphaël des Pays-Bas au Trésor de Liège.
Une confrontation interne
En partenariat avec l’Institut archéologique liégeois, à l’occasion de son 175e anniversaire, le Trésor de la cathédrale de Liège a mis sur pied l’exposition intitulée Bertholet Flémal (1614-1675). Un tiers de l’œuvre peint du Raphaël des Pays-Bas au Trésor de Liège. Une confrontation interne. Elle a pour ambition de commémorer le 350e anniversaire du décès de ce grand peintre liégeois qui travailla, entre autres, pour Louis XIV au palais des Tuileries. Au départ des deux plus grandes collections de tableaux de cet artiste, cette exposition se présente comme une sorte de confrontation interne à son œuvre peint avec, d’une part, les 10 tableaux religieux conservés à la cathédrale de Liège et, d’autre part, 13 tableaux pour l’essentiel profanes d’une importante collection privée de la région liégeoise. Le public pourra ainsi découvrir, à travers des toiles de grande qualité, le caractère protéiforme de l’art de celui que le peintre allemand Joachim von Sandrart – qui semble l’avoir rencontré à Rome – surnommait le « Raphaël des Pays-Bas », rendant ainsi hommage à l’accent classicisant de ses tableaux, bien éloignés de la production rubénienne qui dominait alors les Pays-Bas méridionaux.
Des années 1620 aux années 1730, Liège fut le foyer d’une école de peinture particulièrement originale en Europe. Contrairement aux peintres des autres villes des territoires qui allaient constituer la Belgique, ceux de Liège se tournèrent vers Rome et Paris, plutôt que vers Anvers, sans oublier le modèle de Lambert Lombard. Le fondateur de cette école fut Gérard Douffet, qui redynamisa la peinture dans sa ville natale à son retour de Rome, pétri des conceptions caravagesques alors à la mode. Il n’eut guère qu’un élève : Bertholet Flémal (1614-1675), l’un des plus grands noms de l’histoire de la peinture liégeoise.
Après avoir travaillé dans l’atelier de Douffet, le jeune Bertholet séjourna quelques années à Rome, autour de 1640, et il travailla là dans le cercle du grand peintre classique français Nicolas Poussin, qui le marqua profondément. Après un séjour à Paris, où son talent fut rapidement reconnu, Bertholet Flémal rentra à Liège en 1646 et il gagna très vite le firmament de la peinture locale, grâce à la modernité de ses conceptions, qui perdurèrent à travers l’art de ses divers élèves, tels Jean-Guillaume Carlier, Gérard de Lairesse ou Englebert Fisen. Bertholet Flémal ayant terminé son existence comme chanoine de la collégiale Saint-Paul, sa production de scènes mythologiques – et surtout de bacchanales – a été longtemps oubliée, comme si elle était incompatible avec son statut. Or, ses œuvres historiques, mythologiques et allégoriques constituent un pan essentiel d’un catalogue comptant à ce jour une bonne soixantaine de tableaux. L’exposition regroupe un tiers de sa production picturale connue. Elle permet de suivre l’évolution du peintre, depuis sa production romaine autour de 1640, illustrée ici par une Scène de sacrifice, jusqu’à son ultime tableau et l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre : l’Invention de la Sainte Croix, actuellement exposée dans le collatéral nord de la cathédrale.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
présentées par Pierre-Yves Kairis,
docteur en histoire de l’art,
chef de travaux principal honoraire de l’Institut royal du patrimoine artistique,
président de l’Institut archéologique liégeois
et commissaire de l’exposition
La Dernière Cène

Bertholet Flémal, La Dernière Cène, vers 1638-1640 ?
Dépôt du Musée de la Vie wallonne © Trésor de la cathédrale de Liège
Longtemps attribué, assez étonnamment, au grand peintre liégeois de la Renaissance Lambert Lombard, ce curieux tableau ornait au XVIIIe siècle l’autel de la chapelle de l’hospice de Cornillon, mais il n’a sans doute pas été conçu pour cet autel. Il montre le moment, rapporté dans l’Évangile de Jean, où le Christ annonce aux apôtres la trahison de Judas, que l’on voit se détourner pour s’enfuir. En raison de diverses maladresses dans le dessin et la perspective, on s’est demandé si ce tableau n’était pas une œuvre de jeunesse réalisée au moment où le jeune Bertholet venait de quitter l’atelier de Gérard Douffet. L’influence italienne pouvait s’expliquer par la connaissance, répandue à l’époque, des gravures de Raphaël. La récente restauration a permis de noter que le tableau avait été exécuté sur une toile à armure sergée, caractéristique de la peinture italienne. Ce tableau pourrait donc avoir été peint lors du séjour du maître à Rome. Quelle que soit sa date, c’est probablement le plus ancien tableau connu du peintre liégeois. Il a pu être restauré, en 2017, grâce au Fonds David-Constant de la Fondation Roi Baudouin.
Le Triomphe de Bacchus

Bertholet Flémal, Le Triomphe de Bacchus, vers 1650 ?
Collection privée © Trésor de la cathédrale de Liège
Ce tableau, longtemps attribué à tort à Gérard de Lairesse, l’un des meilleurs disciples de Flémal, constitue l’un des chefs-d’œuvre de son auteur. Le sujet ne paraît pas renvoyer à un thème mythologique précis de l’histoire de Bacchus, dieu du vin et des fêtes, ni de Silène, son père adoptif. On retrouve maintes caractéristiques des tableaux de cabinet de Flémal : les architectures un peu lourdes et sèches, le somptueux dallage marbré, l’entassement de personnages dans un espace compact, les ombres fortes, le répertoire de gestes théâtraux, la difficulté du peintre à étager ses figures dans l’espace et à maîtriser la perspective. On retrouve aussi les effets d’agitation qui lui sont chers et qui l’éloignent des visions arcadiennes des peintres français contemporains, dont il est par ailleurs souvent si proche. On voit aussi apparaître pour la première fois le motif des bandeaux de tissu dans les coiffures féminines ; on les retrouvera régulièrement par la suite. Quoique dense, la composition restitue bien l’atmosphère de fête que cherche à traduire l’artiste. Mais ce qui rend cette toile exceptionnelle, c’est la recherche dans l’équilibre des couleurs, où les taches de couleur vives le disputent magnifiquement aux jeux de blancs si chers au peintre. Un pendant de ce tableau, montrant l’enfance du même dieu Bacchus, est passé en vente à Vienne en 1978, mais sa localisation actuelle n’est pas connue.
Guillaume de Moreau

Bertholet Flémal, Portrait dit de Guillaume de Moreau, vers 1660-1665 ?
Collection privée © Trésor de la cathédrale de Liège
Lorsqu’on examine dans le détail ce beau portrait jadis attribué à Gérard Douffet, sa mise en page apparaît déroutante. Le modèle semble assis, à l’étroit, sur un siège invisible, alors qu’il pose le bras droit sur le dossier d’une chaise voisine. Peut-être ce siège vide renvoie-t-il à quelque allusion symbolique (un veuvage ?). Son identification ne se fonde que sur une ancienne tradition familiale éminemment douteuse. Par sa subtilité, ce portrait s’avère exceptionnel dans le contexte liégeois. Dans le rendu du visage, le peintre est parvenu à traduire avec beaucoup de simplicité la bonhomie de son modèle. L’ombrage porté sur l’œil et sur la joue gauches met en valeur l’œil droit, conférant au personnage un air malicieux sinon jubilatoire que ne contredisent pas les lèvres légèrement pincées. Flémal n’a pour autant pas cherché à flatter son modèle. On soulignera aussi la qualité des effets de dentelles et de ce gris bleuté souvent considéré comme une marque de fabrique liégeoise. La fenêtre à droite s’ouvre sur un large paysage aux effets cendrés, typiques du peintre. On peut relever, dans cette trouée de paysage, une claire modification de la composition. Par transparence se devinent en effet deux colonnes comme posées sur le rebord de la fenêtre. L’effet est saisissant, car on ne comprend guère comment ces deux colonnes auraient pu s’insérer opportunément dans un tel tableau.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Bertholet Flémal (1614-1675). Un tiers de l’œuvre peint du Raphaël des Pays-Bas au Trésor de Liège. Une confrontation interne.
Cette exposition est organisée par le Trésor de la cathédrale de Liège, en partenariat avec l’Institut archéologique liégeois.
Commissariat : Pierre-Yves Kairis, docteur en histoire de l’art, chef de travaux principal honoraire de l’Institut royal du patrimoine artistique et président de l’Institut archéologique liégeois.
Où ?
Trésor de la cathédrale de Liège
Rue Bonne Fortune, 6
4000 Liège, Belgique
www.tresordeliege.be
Quand ?
Du 25 avril au 15 juin 2025
Du mardi au samedi, de 10h00 à 17h00.
Le dimanche, de 13h00 à 17h00.
Combien ?
Tarif plein : 8 euros
Tarif réduit : 7 euros
Le billet donne accès aux collections permanentes et à l’exposition temporaire.
Les informations concernant les tarifs réduits sont disponibles sur le site internet du musée.
