EXPOSITION # 60

🇫🇷

Note : 5 sur 5.

Les Maîtres du Feu
L’âge du Bronze en France
2300 – 800 avant J.-C.

Fruit d’une collaboration entre le musée d’Archéologie nationale (MAN), l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et l’Association pour la promotion des recherches sur l’âge du Bronze (Aprab), cette exposition montre comment le développement de la métallurgie du bronze a accompagné, tant symboliquement que culturellement, les bouleversements profonds de la société en Europe occidentale et transformé le territoire français en un carrefour de cultures. Dans les sociétés européennes, l’introduction de ce nouvel alliage – fait de cuivre et d’étain – ainsi que l’essor considérable de sa production et de son usage engendrent de véritables mutations dans les cultures matérielles (objets, bijoux, armes, etc.) et l’imaginaire (cultes du soleil et de la nature, etc.). La circulation des biens et des personnes, comme le développement des moyens de communication par voies terrestres, maritimes et fluviales connait à cette époque une expansion sans précédent.

Dire que l’âge du Bronze (2300-800 av. J.-C.) est le début du monde tel que nous le connaissons n’est pas exagéré. Cette période marque une révolution technologique et sociale par des innovations qui structurent encore nos sociétés actuelles. Le bronze, un alliage révolutionnaire, permet la création d’outils, d’armes et de parures dont la forme perdure : épée, lime, rivet, pince à épiler, rasoir, fibule, torque, etc. La production en série devient possible grâce aux moules réutilisables. Le compas permet de dessiner des décors géométriques d’une extrême précision. La soudure, dès l’âge du Bronze final, perfectionne l’assemblage des objets. L’épée (XVIIe siècle av. J.-C.) marque l’émergence du guerrier, figure sociale dont l’équipement (casque, cuirasse, bouclier) reste ancré dans notre imaginaire.

L’âge du bronze inaugure des transformations majeures. L’exploitation intensive des ressources (mines, production de charbon de bois), annonce pollution et déforestation. La domestication du cheval (2200 av. J.-C.) et l’invention de la roue à rayons facilitent les transports rapides et renforcent le pouvoir des élites. Les échanges maritimes sont favorisés par l’apparition du bateau à planches cousues (2e millénaire av. J.-C.), en usage de la Manche à l’océan Indien. Les poids et balances (XIVe-XIIIe siècle av. J.-C.) instaurent les bases du commerce et des échanges normés. L’organisation avancée du territoire se met en place, ce dont témoigne la dalle de Saint-Bélec (Leuhan, Finistère), la plus ancienne carte territoriale d’Europe.

Les Maitres du Feu, in situ, musée d’Archéologie nationale © MAN – Baptiste Simon

Les Maitres du Feu, in situ, musée d’Archéologie nationale © MAN – Baptiste Simon

Note : 5 sur 5.

UNE SÉLECTION D’ŒUVRES

présentées par Rolande Simon-Millot
Conservatrice générale du patrimoine,
responsable des collections du Néolithique et de l’âge du Bronze,
Musée d’Archéologie nationale

Note : 5 sur 5.

Ceinture ou torque géant

Ceinture ou torque géant, 1200-800 av. J.-C.
Dépôt de Guînes, « Le Pont à Vaches » (Pas-de-Calais), Découverte fortuite (1985 – 2000)
Or
Musée d’Archéologie nationale © MAN / Valorie Gô

L’âge du Bronze est aussi celui de l’or. De nombreuses parures ont été découvertes mises en terre ou déposées dans les zones humides, souvent roulées ou repliées. Les torsades découvertes en Grande-Bretagne, en Irlande, à Jersey et dans le nord de la France, témoignent des échanges artisanaux et de la circulation des savoir-faire de part et d’autre de la Manche. Unique par ses dimensions, son poids (2,51 kg) et la richesse de son décor, la torsade en or massif de Guînes est un véritable chef-d’œuvre d’orfèvrerie. Elle combine plusieurs techniques : fonte à la cire perdue, martelage, ciselure, poinçonnage, emboutissage, rivetage et soudure. C’est le plus lourd bijou en or de l’âge du Bronze connu en Europe occidentale. D’autres objets hors normes existent, non pour être portés, mais pour être offerts, peut-être aux dieux. D’une taille exceptionnelle, ils possédaient sans doute une forte valeur symbolique.

Note : 5 sur 5.

Pendeloque en forme de peigne

Pendeloque en forme de peigne, Dôle (Jura) ?, 1000 av. J.-C.
Découverte ancienne (XIXe siècle)
Bronze
Musée d’Archéologie nationale © MAN / Valorie Gô

Le Soleil, sous forme de rouelle, de croix, d’étoile, de spirale ou de cercle, est partout à l’âge du Bronze. Il se manifeste à travers nombre d’objets du quotidien mais aussi dans les pièces les plus prestigieuses. Le motif du soleil tiré par un cheval ou par des cygnes représente un des symboles les plus fréquents de la fin de l’âge du Bronze au nord des Alpes, comme en témoigne ce pendentif en forme de peigne découvert dans le Jura. L’anneau sommital, qui symbolise le soleil, était probablement suspendu ou accroché à une chaîne. Il est associé à deux protomés [tête et avant-corps] d’oiseaux stylisés, des cygnes ou des canards, et à une barque inversée en forme de peigne. Il ressemble à une figure féminine aux bras levés et à la jupe bouffante. Motif solaire, figuration d’une danseuse ou peigne à carder, cette pendeloque évoque d’abord la course du soleil dans le ciel et le cycle de la vie. Des exemplaires similaires ont été trouvés dans tout l’arc nord-alpin.

Note : 5 sur 5.

La carte de Saint-Bélec

La carte de Saint-Bélec, 1880-1630 av. J.-C.
Dalle mégalithique du tumulus de Saint-Bélec, Leuhan (Finistère)
Fouille ancienne (P. du Chatellier, 1900)
Pierre (schiste ardoisier)
Musée d’Archéologie nationale © MAN / Valorie Gô

En 1900, Paul du Chatellier découvre une dalle gravée en schiste dans le tumulus de Saint-Bélec à Leuhan (Finistère). Elle sert alors de paroi ouest à la chambre funéraire. Elle est couverte sur une face de motifs géométriques, des cupules et des lignes évoquant un réseau hydrographique. Cet ensemble de signes est interprété par les archéologues comme la représentation de la haute vallée de l’Odet en Bretagne. Il pourrait ainsi s’agir d’une des plus anciennes cartes du monde. Elle représenterait un vaste territoire d’environ 600 kilomètres carrés, le « royaume » d’un puissant chef de l’âge du Bronze armoricain.

Note : 5 sur 5.

INFORMATIONS PRATIQUES

Quoi ?
Les Maîtres du Feu. L’âge du Bronze en France. 2300 – 800 avant J.-C.

Cette exposition est organisée par le musée d’Archéologie nationale (MAN), l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et l’Association pour la promotion des recherches sur l’âge du Bronze (Aprab).
Commissariat général : Dominique Garcia, Président de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), professeur des universités, Claude Mordant, Président de l’Association pour la promotion des Recherches sur l’Âge du Bronze (Aprab), professeur émérite de Protohistoire européenne à l’Université Bourgogne-Europe, Rose-Marie Mousseaux, Conservatrice générale du patrimoine, directrice du Musée d’Archéologie nationale – Domaine national du château de Saint-Germain-en-Laye (MAN), Daniel Roger, Conservateur général du patrimoine, adjoint à la directrice, responsable du pôle scientifique du Musée d’Archéologie nationale – Domaine national du château de Saint-Germain-en-Laye (MAN).
Commissariat scientifique: Cyril Marcigny, Directeur adjoint scientifique et technique pour l’interrégion Grand Ouest, Inrap, Rebecca Peake, Responsable de recherches archéologiques, Inrap, Rolande Simon-Millot, Conservatrice générale du patrimoine, responsable des collections du Néolithique et de l’âge du Bronze, Musée d’Archéologie nationale, Stefan Wirth, Professeur de Protohistoire européenne à l’Université Bourgogne-Europe.

Comment ?
En marge de l’exposition, l’équipe du musée propose une très riche programmation d’activités culturelles, centrée autour de nombreuses visites (guidées, thématiques, théâtralisées, méditatives, etc.) et d’un cycle de conférences (en collaboration avec la Société des Amis du MAN). Il y aura également une résidence d’écrivain, avec des ateliers, et une résidence artistique culinaire, ainsi qu’une exposition photographique intitulée « Les archéologues dévoilent l’âge du bronze ». Enfin, un projet spécifique a permis la plantation d’espèces végétales en usage durant la période concernée dans les jardins du Domaine national du château de Saint-Germain-en-Laye. L’ensemble du programme est disponible sur le site du MAN.
Par ailleurs, un catalogue a été publié chez Faton (192 pages, 28 euros).