Grands décors restaurés de Notre-Dame
Mobilier national, Paris
24 avril – 21 juillet 2024
www.mobiliernational.culture.gouv.fr
🇫🇷

PRÉSENTATION
Extraits du dossier de presse
Du 24 avril au 21 juillet 2024, la DRAC Île-de-France et le Mobilier national proposent un regard inédit sur les décors de Notre-Dame de Paris. Des chefs-d’œuvre sauvegardés après l’incendie du 15 avril 2019 aux pièces contemporaines imaginées pour remeubler la cathédrale, cette exposition soulignera le travail mené depuis cinq ans pour restaurer et repenser le décor intérieur de la cathédrale. Parmi les œuvres majeures, treize grands Mays, dus aux meilleurs peintres du XVIIe siècle (Charles Le Brun, Laurent de La Hyre, Charles Poerson, etc.) et restaurés et étudiés par la DRAC Île-de-France, seront montrés pour la première fois depuis deux siècles dans une même scénographie : une occasion unique de découvrir ces œuvres et les compétences et savoir-faire d’excellence mobilisés par le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) pour leur redonner leur éclat avant leur réinstallation dans la cathédrale. Ce patrimoine d’exception dialoguera avec le tapis de chœur monumental offert par Charles X, restauré par le Mobilier national, et avec la présentation du nouveau mobilier liturgique et des assises, issus d’un concours lancé par le diocèse de Paris en 2023.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
Présentées par les commissaires de l’exposition
Caroline Piel,
inspectrice des patrimoines, collège Monuments historiques (h)
et Emmanuel Pénicaut,
directeur des collections du Mobilier national,
Les Mays de Notre-Dame de Paris

Les Prédictions du prophète Agabus à saint Paul, Louis Cheron, 1687
Huile sur toile ; H.472 x 376 cm
Paris, musée du Louvre, MI 308, dépôt à la cathédrale Notre-Dame de Paris
© DRAC Île-de-France
C’est en 1449, le premier mai, qu’est instituée par les orfèvres parisiens l’offrande du « may » à Notre-Dame de Paris. Cette dévotion mariale se prolonge jusqu’en 1707, mais ses pratiques varient au cours du temps. À l’origine, il s’agit de déposer un arbre vert accompagné de sonnets en l’honneur de la Vierge à l’entrée de la cathédrale. Entre 1482 et 1608, le may est un tabernacle en bois, à six pans, orné de tableautins représentant des épisodes bibliques peints sur soie, auquel sont suspendus des écriteaux explicatifs et poétiques dédiés à la Vierge. En 1609, le tabernacle devient triangulaire et comporte une peinture sur bois dit « petit may » dont le sujet est emprunté à la vie de la Vierge, et sur les deux autres côtés les textes l’accompagnant.
En 1630, la confrérie Sainte-Anne des orfèvres parisiens s’engage à offrir à la Vierge, chaque année au premier mai, un tableau commémorant un acte des Apôtres, de grandes dimensions (10 pieds et demi sur 8 pieds et demi, soit environ 3,40 m x 2,75 m), destiné à être accroché sur les piliers de la nef. La confrérie des orfèvres était dirigée par quatre maîtres, renouvelables tous les deux ans. Ce sont les deux derniers élus qui sont chargés de la commande et en partagent la charge financière. L’esquisse de l’artiste leur est soumise ainsi qu’au chapitre de la cathédrale qui peut demander des modifications. L’artiste doit aussi fournir à chacun des commanditaires une réplique réduite. La coutume se poursuit jusqu’en 1707 et suscite la création d’une série de soixante-seize grands tableaux religieux, dus aux meilleurs peintres français, qui couvrent peu à peu les murs de l’édifice.
Admirée et commentée tout au long du XVIIIe siècle, la collection des mays de Notre-Dame est saisie et dispersée à la Révolution. Certains reprennent place dans la cathédrale entre 1802 et 1862, date à laquelle Viollet-le-Duc obtient leur dépôt au Louvre car il les juge incompatibles avec le style médiéval de l’architecture qu’il s’efforce de rétablir.
La collection des mays suscite de nouveau l’intérêt au XXe siècle. Cinquante-deux d’entre eux sont aujourd’hui localisés, répartis entre des églises et des musées, notamment le Louvre et le musée des Beaux-Arts d’Arras. Sur cet ensemble, treize se trouvaient à Notre-Dame avant l’incendie ; exposés ici côte-à-côte, dans une disposition qui évoque leur accrochage originel, ils seront remis en place dans quelques mois.
Le cadre original de la production des mays, leur cohérence chronologique et thématique font de ces tableaux un ensemble unique dans la production de la peinture française du XVIIe siècle, qui mérite d’être aujourd’hui redécouvert et contemplé. Au terme de l’exposition, les tableaux seront remis en place selon le nouvel aménagement liturgique souhaité par le diocèse, affectataire de la cathédrale, en accord avec les services du ministère de la culture, l’État étant propriétaire de l’édifice et des œuvres concernées.
La tenture de la vie de la Vierge

Une des tapisseries de la tenture de la vie de la Vierge
Laine et soie, env. H. 4,92 m x L. 5,37 m
Propriété de la fabrique de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg
© Mobilier national / Faustine Letellier
La tenture de la vie de la Vierge se compose de quatorze pièces monumentales, tissées entre 1638 et 1657 pour orner à l’origine le chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris. À l’instigation de Richelieu, le chanoine Le Masle (1588-1662), intendant et fidèle serviteur du ministre, devenu chanoine et chantre de la cathédrale en 1629, décida de s’associer au vœu de Louis XIII et à sa décision de construire un nouveau maître-autel pour le sanctuaire, en offrant une série de tapisseries représentant des scènes de la vie de la Vierge. À l’origine limité à quatre pièces, le projet en comprit finalement quatorze et s’échelonna sur vingt ans. Interrompu en 1640 après la livraison des deux premières pièces, il reprit en 1650. Les cartons devant servir de base pour le tissage des ouvrages furent exécutés successivement par trois peintres renommés : Philippe de Champaigne (1602-1674), Jacques Stella (1596-1657) et Charles Poerson (1609-1667).
Les tapisseries représentent les scènes de la vie de la Vierge selon les Évangiles canoniques et apocryphes. La bordure unificatrice de l’ensemble, décorée d’angelots et de guirlandes de fruits, porte le chiffre de Richelieu et les armes des commanditaires. Dans les angles supérieurs figurent les armoiries du cardinal, inspirateur du projet et, aux angles inférieurs, celles du chanoine le Masle ; à l’exception de la tapisserie de La Présentation de la Vierge au Temple qui présente les armoiries du chanoine Charpentier, lui aussi secrétaire de Richelieu. Le cartouche du haut donne le titre de la scène, celui du bas, retissé au XVIIIe siècle, indique l’acquisition par le chapitre de Strasbourg en 1739.
Reléguée dans les réserves après le réaménagement du chœur par Robert de Cotte, cette tenture fut mise en vente par le chapitre de Notre-Dame dès 1730. Elle fut achetée en 1739 par le chapitre de la cathédrale de Strasbourg où elle se trouve toujours conservée dans son intégralité.
Le tapis de chœur de Notre-Dame

Tapis du chœur de Notre-Dame de Paris, 1833
Manufacture de la Savonnerie, d’après Jacques-Louis de la Hamayde de Saint-Ange
© Mobilier national / Faustine Letellier
Le tapis de chœur de Notre-Dame de Paris – dont seule la moitié supérieure est présentée dans l’exposition – est exceptionnel à plus d’un titre. Par ses dimensions (près de trente mètres), son iconographie religieuse et sa destination (une église), il s’agit d’un unicum dans la production de la manufacture de la Savonnerie. Commandé par Charles X dès 1825, le dessin en est confié à Jacques-Louis de La Hamayde de Saint-Ange, dessinateur du Garde-meuble de la Couronne. Celui-ci imagine une composition ressemblant à un vitrail gothique contenant une grande croix dans sa partie supérieure et une chasse reliquaire dans sa partie inférieure, le tout parsemé de symboles chrétiens et monarchiques.
Transposé en grand par le peintre cartonnier Charles-Adrien Devertu, le tissage est rapidement lancé à la Savonnerie, alors encore située au pied de la colline de Chaillot. Mais le déménagement de la manufacture aux Gobelins en 1826 et le changement de régime provoqué par la Révolution de 1830 retardent son achèvement et ce n’est qu’en 1833 que la rentraiture des quatre parties deux à deux peut avoir lieu. Présenté pour la première fois au public lors de l’exposition des produits des Manufactures royales de 1838 dans la galerie d’Apollon au Louvre, il n’est finalement offert à la cathédrale qu’en 1841 par le roi Louis-Philippe.
Utilisé pour les célébrations les plus importantes et pour quelques évènements marquants, comme le mariage de Napoléon III et le baptême du prince impérial en 1853 et en 1856, la visite du tsar Nicolas II en 1896 ou la venue du pape Jean-Paul II en 1980, le tapis conserve une fraîcheur tout à fait exceptionnelle. Son poids important (près d’une tonne) rend néanmoins sa manipulation risquée, causant des cassures et des déchirures, et son stockage à l’abri des regards dans un bas-côté de la cathédrale permet aux mites de s’y installer à plusieurs reprises.
À la suite de l’incendie de 2019, la DRAC Île-de-France a confié sa restauration à l’atelier de rentraiture du Mobilier national. Après un dépoussiérage, une étude préalable menée conjointement avec le laboratoire de recherche des Monuments historiques et un nettoyage, celle-ci a pu démarrer, pour la partie supérieure, à l’été 2022. Elle s’est achevée fin 2023 pour laisser la place à la partie inférieure du tapis, actuellement en cours. Cette restauration consiste principalement en la réparation des cassures, déchirures et dégâts causés par les mites et en la mise en place d’un galon pour protéger la lisière originale du tapis.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Grands décors restaurés de Notre-Dame
Cette exposition est organisée par la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France, le Mobilier national et le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF).
Commissariat : Caroline Piel, inspectrice des patrimoines, collège Monuments historiques (h), et Emmanuel Pénicaut, directeur des collections du Mobilier national, en collaboration avec Marie-Hélène Didier, conservatrice des Monuments historiques, Drac Île-de-France, et Oriane Lavit, conservatrice du patrimoine, Centre de recherche et de restauration des musées de France.
Où ?
Mobilier national
42, avenue des Gobelins
75013 Paris
www.mobiliernational.culture.gouv.fr
Quand ?
Du 24 avril au 21 juillet 2024
Du mardi au dimanche, de 11h00 à 18h00.
Dernière entrée 17h30.
Combien ?
Tarif plein : 8 euros (14 euros pour une visite guidée)
Tarif réduit : 7 euros (9 euros pour une visite guidée)
Informations concernant les tarifs et billetterie en ligne pour les visites guidées sur cultival.fr.
Comment ?
Le catalogue de l’exposition, publié par Silvana Editoriale, est disponible à la vente sur place et en librairie (112 pages, 15 euros).
