EXPOSITION # 41

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Note : 5 sur 5.

Marguerite. La fille de l’empereur entre pouvoir et image

Marguerite de Parme est née en 1522 à Audenarde, fille illégitime de l’empereur Charles et de la servante Johanna Vander Gheynst. À l’époque, Charles Quint séjournait à la cour de Charles de Lalaing, gouverneur d’Audenarde, où il fit la connaissance de la servante.
Marguerite de Parme (1522-1586) n’est pas n’importe qui : elle fut gouvernante des Pays-Bas à une époque troublée, au début de la Guerre de Quatre-vingts ans. Elle fut également une personnalité de la haute société en Italie. Elle était en outre une véritable passionnée d’art et une mécène. Il était grand temps de donner à ce personnage fascinant la place qui lui revient dans l’histoire.
L’exposition présente des objets très divers – du luxueux au quotidien – provenant de collections prestigieuses. Peintures et dessins, tapisseries et miniatures, orfèvrerie et argenterie, vitraux… vous plongent dans l’art et la culture du XVIe siècle, un tournant dans notre histoire. Découvrez les rituels et les traditions de l’époque : la chasse (au faucon), les fêtes, l’étiquette et le code vestimentaire, les rituels, la musique… Découvrez les goûts de la fille de l’empereur et rejoignez-nous pour « le festin du siècle » !
Spécialement pour l’exposition, des chefs-d’œuvre seront transférés de plusieurs musées européens : du Royal Collection Trust (Royaume-Uni), du Rijksmuseum (Pays-Bas), du Sint-Janskerk de Gouda (Pays- Bas), du Staatliche Museen zu Berlin (Allemagne), de la bibliothèque de l’Université de Varsovie (Pologne) et du Museo e Real Bosco di Capodimonte à Naples (Italie), entre autres.

Note : 5 sur 5.

UNE SÉLECTION D’ŒUVRES

Note : 5 sur 5.

Le vitrail de la duchesse à Gouda

Wouter Grabeth, Le vitrail de la duchesse, 1562.
Détail du portrait de Marguerite de Parme.
© Archives de l’église Saint-Jean de Gouda

Voici un détail du vitrail de l’église Sint-Jan de Gouda. Il mesure près de vingt mètres de haut. L’église l’a reçu en 1562. Qui est le généreux donateur ? Marguerite de Parme ! Ce n’est pas un hasard s’il est appelé le vitrail de la duchesse.
L’église de Gouda compte pas moins de 72 vitraux, dont la plupart datent du XVIe siècle. C’est très exceptionnel pour ces œuvres fragiles. À cela s’ajoute le fait que l’on a conservé un grand nombre de dessins à l’échelle 1:1 qui ont servi à les réaliser, ce qu’on appelle des cartons. Le créateur de ce vitrail est Wouter Pietersz Crabeth, qui fut, avec son frère Dirck, l’artiste verrier le plus célèbre de son époque aux Pays-Bas.
En bas, Marguerite s’agenouille avec dévotion. Elle porte une couronne. En d’autres termes, elle s’affiche comme souveraine. En 1562, elle est en effet gouvernante des Pays-Bas. Près d’elle se trouvent sa sainte patronne, Marguerite d’Antioche, et l’attribut habituel de la sainte, un dragon. Au centre du vitrail, le Christ lave les pieds de ses apôtres, une scène du Nouveau Testament. Et en haut, le prophète Élie fait un sacrifice sur le mont Carmel. Dieu et les anges émergent de la fumée.
Une souveraine qui fait don d’un vitrail à une église fait étalage de sa foi et de sa fonction dirigeante. Elle a aussi une autre ambition : rester dans les mémoires. Marguerite, la fille de l’empereur, y est parvenue.

Pour découvrir le vitrail de la duchesse dans son intégralité, cliquez ici.

Note : 5 sur 5.

Un vendeur d’animaux exotiques

Joachim Beuckelaer, Vendeur d’animaux exotiques, entre 1560 et 1569.
Huile sur toile, 140 x 205 cm
Musée national de Capodimonte, Naples © Museo e Real Bosco di Capodimonte

La collection d’art de Marguerite est très variée : elle comprend des objets exotiques, des masses de bijoux, des œuvres d’art plastique, des camées de l’Antiquité, des livres, etc… L’inventaire de ses biens nous apprend aussi qu’elle possédait pas moins de sept grands tableaux du maître flamand Joachim Beuckelaer. Nous savons également depuis peu où ces sept tableaux étaient accrochés dans le palais de Marguerite à Parme : dans la salle à manger. Cela correspond parfaitement à leur thème : vous avez devant vous une scène de marché où toutes sortes d’animaux morts sont mis en vente. L’architecture à l’arrière-plan rappelle l’Anvers des années 1560. On y voit aussi les armoiries des Habsbourg.
Observez plus longuement cette scène : quels animaux peut-on y voir ? Symbolisent-ils peut-être quelque chose, comme la gourmandise ou la luxure ? Le perroquet évoque-t-il ironiquement le sermon des prêtres catholiques ? Le singe est-il le symbole de la bêtise ? Mais alors, qui est le fou ? Et que signifient les gestes de l’homme et de la femme, et leur interaction ? Que se passe-t-il réellement ici ? Ce sont aussi les questions que Marguerite et ses invités se posent lors de leurs discussions à table. Car c’est à cela que servent les tableaux chargés de détails comme celui-ci : à entretenir la conversation.

Note : 5 sur 5.

Alexandre Farnèse

Anthonis Mor, Portrait d’Alexandre Farnèse, 1557.
Huile sur toile, 153 x 95 cm.
Galerie nationale de Parme, Inv. 300.
© Galleria Nazionale di Parma.

1557. Le peintre de la cour, Anthonis Mor, réalise ce portrait grandeur nature d’Alexandre Farnèse, le seul fils survivant de Marguerite et de son second mari, Octave Farnèse. Mor le peint à la demande de Marguerite. Alexandre a alors 12 ans.
En 1557, Marguerite réside en Italie tandis qu’Alexandre est élevé à la cour de Madrid. Le roi Philippe II l’a exigé pour éviter qu’Alexandre ne grandisse dans la sphère d’influence de la puissante famille Farnèse. Le portrait de ce garçon a donc une intense valeur émotionnelle pour Marguerite. Il est accroché dans sa galerie de portraits personnelle. Son fils Alexandre est ainsi toujours un peu avec elle.
Faisons un bond dans le temps jusqu’en 1580. Cet Alexandre Farnèse devient alors, à 35 ans, gouverneur général des Pays-Bas. Une tentative de partager cette fonction avec sa mère Marguerite est un échec. Au cours de l’été 1582, Alexandre réussira à rétablir le pouvoir catholique à Audenarde, après plusieurs années de protestantisme. À cette occasion, la ville où sa mère est née soixante ans plus tôt lui offre une série de tapisseries sur… son homonyme de l’Antiquité, Alexandre le Grand. Quatre de ces tapisseries sont aujourd’hui conservées dans les collections du musée.
Le jeune garçon de 12 ans qui figure sur ce tableau est évidemment loin de se douter du cours que prendraient les évènements.

Note : 5 sur 5.

INFORMATIONS PRATIQUES

Quoi ?
Marguerite. La fille de l’empereur entre pouvoir et image.
Cette exposition est organisée par le musée de la tapisserie d’Audenarde (MOU Museum Oudenaarde).
Commissariat : Katrien Lichtert, conservatrice du MOU Museum Oudenaarde.

Comment ?
Des visites guidées pour les groupes et les scolaires peuvent être organisées par le musée.
Un catalogue, dirigé par Katrien Lichtert et disponible en anglais ou en néerlandais, a été publié par Hannibal Books (240 pages, 45 euros).