Ribera. Ténèbres et lumière.
Petit Palais, Paris
5 novembre 2024 – 23 février 2025
www.petitpalais.paris.fr
🇫🇷

PRÉSENTATION
[Extraits du dossier de presse]
Ribera. Ténèbres et lumière.
Le Petit Palais présente la première rétrospective française jamais consacrée à Jusepe de Ribera (1591-1652), l’héritier terrible du Caravage, celui que ses contemporains considéraient comme « plus sombre et plus féroce » encore que le grand maître italien.
D’origine espagnole, il fit toute sa carrière en Italie, à Rome puis à Naples. Pour Ribera, toute peinture – qu’il s’agisse d’un mendiant, d’un philosophe ou d’une Pietà – procède de la réalité, qu’il transpose dans son propre langage. La gestuelle est théâtrale, les coloris noirs ou flamboyants, le réalisme cru et le clair-obscur dramatique. Avec une même acuité, il traduit la dignité du quotidien aussi bien que des scènes de torture bouleversantes. Ce ténébrisme extrême lui valut au XIXe siècle une immense notoriété, de Baudelaire à Manet.
Avec plus d’une centaine de peintures, dessins et estampes venus du monde entier, l’exposition retrace pour la première fois l’ensemble de la carrière de Ribera : les intenses années romaines, redécouvertes depuis peu, et l’ambitieuse période napolitaine, à l’origine d’une ascension fulgurante. Il en ressort une évidence : Ribera s’impose comme l’un des interprètes les plus précoces et les plus audacieux de la révolution caravagesque, et au-delà comme l’un des principaux artistes de l’âge baroque.
Le parcours de l’exposition suit le fil de la carrière de Ribera au cœur de l’Italie du Caravage, tout en explorant son originalité, son audace, ses motifs récurrents et ses métamorphoses.






Exposition Ribera. Petit Palais © Gautier Deblonde
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
présentées par les commissaires de l’exposition
Annick Lemoine, conservatrice générale, directrice du Petit Palais,
et Maïté Metz, conservatrice des peintures anciennes du Petit Palais.
Saint André en prière

Jusepe de Ribera, Saint André en prière, vers 1615-1618.
Huile sur toile, 132×107,5 cm. Quadreria dei Girolamini, Naples.
© Photo Scala, Florence.
Comme pour ses autres figures de saints ou de philosophes, ce Saint André en prière, à mi-corps, pourrait être issu d’un Apostolado. Le martyre de saint André crucifié sur la croix faisait l’objet d’une dévotion particulière dans le sud de l’Italie. Ribera aurait ainsi pu avoir connaissance de la Crucifixion de saint André commandée au Caravage à Naples en 1607 (Cleveland Museum of Art). Il atteint ici un degré supplémentaire dans la subtilité chromatique des tons ocre, le clair-obscur qui modèle les volumes et le rendu anatomique de cette figure.
Appréciez le tour de force que représente le rendu anatomique du corps émacié de saint André. Les poils de la barbe et les cheveux sont traités par touches nerveuses au moyen d’un pinceau très fin, les veines saillantes et les plis de la peau sont précisément marqués. Ribera va jusqu’à signifier le détail des ongles noircis, tandis que les rides du visage sont incisées avec la pointe du pinceau dans l’épaisse couche picturale.
La femme à barbe

Jusepe de Ribera, Maddalena Ventura et son mari, [« La Femme à barbe »], 1631.
Huile sur toile, 196×127 cm.
Hopital Tavera – Fondation Medinacelli, Tolède. En dépôt au Musée du Prado, Madrid.
© Photographic Archive, Museo Nacional del Prado. Madrid.
Quel tableau étrange que cette femme à barbe donnant le sein à un nourrisson, se présentant face à nous, accompagnée de son mari, derrière elle ! En 1631, Ribera est appelé au palais royal par le duc d’Alcalá pour témoigner par une œuvre d’un prodige de la nature. L’événement est explicitement retranscrit par l’inscription présente sur les blocs de pierre à droite : l’artiste a peint « d’après le modèle vivant » (AD / VIVVM MIRE DEPINXIT) le portrait de Maddalena Ventura, une femme de 52 ans originaire des Abruzzes qui, après avoir donné naissance à trois enfants, à l’âge de 37 ans, se vit pousser une barbe épaisse, sans doute du fait de dérèglements hormonaux. Le peintre tient à attester de ce prodige de la nature (EN MAGNV[M] NATVRA MIRACVLVM), précise l’inscription, qui devait constituer un phénomène tel qu’il était digne d’être consigné par le plus célèbre peintre de Naples à ce moment. Ribera date (16 février 1631) et signe son œuvre, en se comparant lui-même à Apelle, peintre le plus illustre de l’Antiquité. Ribera nous offre un portrait de famille résolument non conventionnel, en rupture radicale avec l’art du portrait de cour en son temps. Le spectateur ne peut qu’être frappé par cette image frontale mettant l’accent sur le contraste entre la longue barbe noire et le sein blanc gonflé de lait sorti du corsage pour nourrir l’enfant. Néanmoins, la grande humanité, voire la noblesse, des figures l’emporte sur l’incongruité de la représentation.
Le martyre de saint Barthélémy

Jusepe de Ribera, Martyre de saint Barthélémy, 1644.
Huile sur toile, 202×153 cm.
Museu Nacional d’Art de Catalunya.
© Museu Nacional d’Art de Catalunya, Barcelona
À la différence de bien des scènes de martyre, le regard de saint Barthélemy fixe ici le spectateur au lieu de s’adresser au ciel. Le visage du saint reste impassible, et la souffrance est contenue. Ses yeux sont injectés mais sans larmes, sa bouche entrouverte mais muette. Sa paume gauche tendue invite à une contemplation empathique de la scène. Au XIXe siècle, le peintre Jean-François Millet, admirant ce tableau, eut la sensation d’« entendre le craquement de la peau se détachant d’avec la chair ». Voilà tout l’art de Ribera : des images si puissantes qu’elles convoquent les autres sens.
Remarquez, au premier plan, la tête de marbre, face tournée contre le sol, sous le séant du saint. Il s’agit de la tête d’une célèbre sculpture antique, conservée au Vatican depuis le XVIe siècle : L’Apollon du Belvédère. Ribera introduit non seulement une référence érudite, mais signifie aussi que le christianisme, par le sacrifice de ses saints, supplante les religions païennes. Avec Apollon, c’est également le plus grand écorcheur de la mythologie qui s’invite dans cette représentation chrétienne mettant en scène un supplice d’écorchement.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Ribera. Ténèbres et lumière.
Cette exposition est organisée par le Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris (Paris Musées).
Commissariat : Annick Lemoine, conservatrice générale, directrice du Petit Palais, et Maïté Metz, conservatrice des peintures anciennes du Petit Palais.
Où ?
Petit Palais
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
www.petitpalais.paris.fr
Quand ?
Du 5 novembre 2024 au 23 février 2025
Du mardi au dimanche, de 10h00 à 18h00.
Nocturnes les vendredis et samedis jusqu’à 20h00.
Fermeture le 25 décembre et le 1er janvier.
Combien ?
Tarif plein : 15 euros
Tarif réduit : 13 euros
Le billet donne accès à l’exposition. L’accès aux collections permanentes est libre et gratuit.
Les informations concernant les tarifs réduits et les conditions de gratuité sont disponibles sur le site de Paris Musées : www.parismusees.paris.fr
Il est recommandé de réserver son billet à l’avance sur la billetterie de Paris Musées : www.billetterie-parismusees.paris.fr
Comment ?
En plus d’une série de visites guidées et d’ateliers, pour les individuels, les groupes, notamment scolaires, et les publics en situation de handicap, le Petit Palais propose un riche programme de conférences et de concerts, ainsi qu’une journée d’études sur Ribera, prévue le 21 janvier 2025. Par ailleurs, un après-midi napolitain a été proposé le 7 décembre, en partenariat avec l’ambassade d’Italie en France. Le détail de la programmation est à découvrir dans l’agenda du site internet du Petit Palais : www.petitpalais.paris.fr
Un catalogue, dirigé par les deux commissaires de l’exposition, a été publié par les Éditions Paris Musée (304 pages, 180 illustrations, 49 euros).
