Au fil de l’or
Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris
11 février – 6 juillet 2025
www.quaibranly.fr
🇫🇷

PRÉSENTATION
[Extraits du dossier de presse]
Au fil de l’or. L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant
Contribution publiée le 24 mars 2025.
Du Maghreb au Japon, en passant par les pays du Moyen-Orient, l’Inde et la Chine, l’exposition retrace l’histoire millénaire de l’or dans les arts textiles. Une histoire fascinante où se marient création artistique, savoir-faire traditionnels et inventions techniques. Dès le cinquième millénaire avant notre ère, l’or agrémente les premières étoffes de luxe dédiées aux hommes de pouvoir. Au cours des siècles suivants, des tisserands et artisans chevronnés – romains, byzantins, chinois, perses puis musulmans – déploient les techniques les plus ingénieuses pour réaliser de véritables tissus d’art où les fibres de soie ou de lin s’entrelacent aux lames et filés d’or. Des premiers ornements cousus sur les vêtements des défunts aux robes flamboyantes de la créatrice de mode chinoise Guo Pei, des caftans brochés d’or du Maghreb et d’Orient et des soieries des mondes indien et indonésien aux kimonos scintillants de l’ère Edo, l’exposition propose une traversée au fil de l’or en deux sections historiques et techniques et cinq sections correspondant à cinq grandes aires géographiques et culturelles (« Costumes de lumière des pays du soleil couchant », « Costumes d’apparat dans les palais d’Orient », « Robes chamarrées de la presqu’île arabe », « Drapés d’or dans les mondes indiens et du sud-est asiatique », « Costumes d’or et de soie en Asie orientale »). Le parcours de l’exposition est ponctué de « bulles » thématiques qui entraînent les visiteurs à la découverte de trois matériaux qui ont la couleur de l’or mais qui n’en sont pas : la soie marine (ou byssus de la Pinna nobilis), la soie des néphiles dorées de Madagascar et la soie dorée du Cambodge. L’exposition se termine par un focus sur l’or dans la broderie française et plus particulièrement sur la Maison Lesage, qui participe depuis 100 ans aux plus belles créations de la haute couture.
L’or, dont le nom dérive du latin aurum, qui signifie « briller », n’a eu de cesse de fasciner. Métal malléable et facilement étirable, l’or a été utilisé dès la Haute Antiquité pour la réalisation de bijoux, de parures et d’armes. Conjuguant leurs savoir-faire et leur talent, les tisserands et les orfèvres du proche et du lointain Orient ont mis au point des techniques pour marier l’or aux fibres textiles par le tissage, la broderie mais aussi l’impression, transformant de simples tissus en étoffes exceptionnelles. Du fait de leur nature organique et de leur extrême fragilité, peu de textiles anciens chargés d’or ont été retrouvés. Ce sont principalement les tombes royales, princières ou celles de nobles qui ont livré les plus abondants vestiges. D’autres tissus luxueux ornés d’or, issus des mondes byzantins, islamiques et de la Chine, sont parvenus en Europe dès le haut Moyen Âge, comme marchandises ou présents diplomatiques. Destinées aux élites ainsi qu’aux dignitaires ecclésiastiques, certaines de ces étoffes ont été conservées dans les trésors des églises occidentales. Réservé dans un premier temps aux riches et aux puissants, l’or a gagné en popularité au cours des siècles et son emploi s’est progressivement répandu dans les arts textiles d’un bout à l’autre du continent asiatique, puis dans les pays du Maghreb. Cette exposition, conçue en étroite collaboration avec la créatrice chinoise Guo Pei, dont les sublimes et lumineux costumes ponctuent le parcours, dévoile la diversité et la richesse des tenues féminines brodées ou tissées d’or issues d’une vaste région allant du Maghreb au Japon en passant par les pays du Moyen-Orient, l’Inde et la Chine.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
Un caftan marocain

Caftan d’apparat. Rabat, Maroc. Fin du XIXe siècle-début du XXe siècle.
Filés métalliques, broché de soie, galons dorés.
© musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Claude Germain
Du XIe au XVIe siècle, le Maroc connaît une période de splendeur correspondant aux règnes de plusieurs dynasties qui, à l’apogée de leur pouvoir, contrôlent l’Andalousie musulmane au sud de l’Espagne et l’Afrique du Nord. En 1492, après la prise de Grenade, les Rois catholiques ordonnent l’expulsion des musulmans et des juifs. Des flots d’exilés trouvent refuge au Maroc en y apportant leurs coutumes et leurs modes de vie. Les riches femmes de Tétouan, de Salé et de Fès s’empressent d’adopter le costume andalou, en particulier celui des Grenadines. Le chroniqueur espagnol Luis del Mármol (1524-1600) raconte que les femmes de Fès, lorsqu’elles sortent, portent des robes blanches tissées d’or et de soie. En 1787, le diplomate français Louis de Chénier décrit l’élégance des femmes marocaines qui revêtent un caftan fermé à la taille par une large ceinture en velours de soie brodé d’or.
Le caftan, du persan khaftan, est un vêtement d’apparat ample à manches longues et larges. Héritier de la candys des Perses, il constitue une pièce emblématique du costume oriental tel que représenté par les peintres orientalistes. Ce vêtement connaît une grande vogue à la cour de Bagdad dès le IXe siècle. On le retrouve dans l’Espagne musulmane, notamment à Grenade, où il est appelé marlota (ou mallouta en arabe). C’est au cours du XVIe siècle qu’il fait son apparition au Maroc. Taillé dans de riches étoffes parfois brochées d’or, ce manteau fastueux est adopté par les citadines aisées et devient un symbole de prestige.
Un costume de mariage égyptien

Costume de mariage. Le Caire, Égypte. 1880.
Satin, cannetilles, fils métalliques dorés (?).
© musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Pauline Guyon
Tout au long de son histoire, l’Égypte a été une terre de prédilection pour l’art textile. Les Égyptiens ont tissé le lin et la laine dès les temps les plus anciens. Après la conquête de l’Égypte par les Arabes en 640, le luxe des cours et le faste du cérémonial princier stimulent la production de somptueux et riches vêtements. Sous la dynastie des Fatimides (971-1171), la soie remplace la laine dans les habits d’apparat et les broderies d’or s’étalent à profusion sur les costumes des souverains et des dignitaires. Au XIVe siècle, lors de son voyage en Orient, le franciscain irlandais Simon Fitzsimon décrit la splendeur des parures des femmes égyptiennes et note que les nobles portent des robes de soie ou d’or. Au XVIe siècle, après l’intégration de l’Égypte à l’Empire ottoman, les robes de soie et de velours, brochées ou brodées d’or, sont adoptées par les femmes de l’aristocratie mais également de la haute et de la moyenne bourgeoisie.
Le riche décor brodé de ce costume est réalisé selon la technique du dival. Proche parente de l’art des selliers (artisans du cuir), la broderie dival consiste à tendre des fils d’or sur un motif de carton finement découpé et collé sur le textile à décorer. Posés côte à côte par-dessus le rembourrage de carton, les fils d’or sont fixés par des fils de coton qui partent du revers de l’étoffe. D’après l’indication fournie par le cordon de taille, ce costume daterait de 1880 et aurait été exécuté par « Mme E. Cécile, le Caire ». Étant données les dimensions de la robe et du corsage, et malgré leur poids considérable, il semble que ce vêtement a dû être fait pour une toute petite jeune femme.
Un sarong indonésien

Sarong kain panjang prada. Java, Indonésie. Fin du XIXe siècle-début du XXe siècle.
Toile de coton industrielle, batik réalisé à la main (tulis), applications de feuilles d’or (prada),
teintures naturelles (indigo, rouge mengkudu).
© musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Michel Urtado, Thierry Ollivier
En Asie du Sud-Est, porter de l’or est réservé aux cérémonies. La région, baptisée Chersonèse d’or (terre d’or) par l’astronome grec Ptolémée (vers 100-168), est riche de gisements aurifères, tant dans sa partie maritime que continentale. L’introduction de fils d’or et d’argent résulte néanmoins d’un intense commerce intra-Asiatique développé bien avant l’arrivée des Européens à la fin du XVe siècle. Importés de Chine et d’Inde, les fils étaient échangés contre des produits locaux, en particulier des épices. En Indonésie, de somptueuses étoffes tissées, brodées ou imprimées d’or habillaient la noblesse de certaines sociétés traditionnelles comme les Malais (Orang Melayu), Minangkabau et Batak installés à Sumatra, Bornéo et Java. Jusqu’au début du XXe siècle, au Laos comme au Cambodge, l’or était le privilège de la royauté et des artistes de danse et de théâtre de cour qui interprétaient des rôles de princes, de princesses et de divinités. Seule exception, les jeunes mariés étaient autorisés à se vêtir comme roi et reine pour leurs célébrations de mariage.
Kain panjang signifie « long tissu » en malais. Destinés aux femmes de la haute société sinojavanaise Peranakan pour les mariages, ce sarong se distingue par un décor qui allie deux procédés artisanaux : le batik (teinture à la cire pour réserver des zones de décor) et le prada (impression à la feuille d’or mêlée à de l’huile de lin et de la résine). Le prix de la feuille d’or explique la raison pour laquelle elle n’est appliquée que sur la partie visible devant. Les batik associant trois couleurs (rouge, indigo, beige) sont onéreux. Le beige résulte d’un trempage prolongé de l’étoffe dans un bain d’huile.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Au fil de l’or. L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant
Cette exposition est organisée par le musée du quai Branly – Jacques Chirac.
Commissariat : Hana Al Banna – Chidiac, ancienne responsable de l’unité patrimoniale Afrique du Nord et Proche-Orient, musée du quai Branly – Jacques Chirac (Paris), et Magali An Berthon, professeure assistante en Fashion Studies, American University of Paris et membre associée, Centre for Textile Research, Université de Copenhague (Danemark)
Où ?
Musée du quai Branly – Jacques Chirac
37 quai Branly, 206 et 218 rue de l’université
75007 Paris
www.quaibranly.fr
Quand ?
Du 11 février au 6 juillet 2025
Du mardi au dimanche de 10h30 à 19h00.
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h.
Fermeture hebdomadaire le lundi, sauf durant les vacances scolaires, d’hiver et de printemps.
Les informations concernant les jours de fermeture exceptionnelle sont disponibles sur le site internet du musée.
Combien ?
Tarif plein : 14 euros
Tarif réduit : 11 euros
Ce tarif comprend l’accès aux collections permanentes et aux expositions temporaires.
Les informations concernant les tarifs réduits et les conditions de gratuité sont disponibles sur le site internet du musée.
Comment ?
Dans le cadre de l’exposition, l’équipe du musée propose de nombreuses activités culturelles : visites guidées, ateliers, concerts, spectacle (Ballet royal du Cambodge les 8 et 9 mars) et soirée événementielle (14 mars).
Par ailleurs, un catalogue a été publié par Skira et le musée du quai Branly – Jacques Chirac (256 pages, 47 euros).
