EXPOSITION # 57

🇫🇷

Note : 5 sur 5.

Élégance et modernité. L’Art déco a 100 ans !

L’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925 est un événement majeur à Paris, célébrant le design et l’innovation de l’époque. Cette manifestation marquera l’apogée du style Art déco, laissant une empreinte durable sur l’architecture, le design et les arts décoratifs. En 2025, pour célébrer le centenaire de cette exposition emblématique, la ville de Saint-Quentin, qui mène une politique ambitieuse de valorisation de son patrimoine Art déco, hérité de la reconstruction des années 1920 à la suite des destructions causées par la Première Guerre mondiale, organise une grande exposition intitulée « Élégance et modernité. L’Art déco a 100 ans ! ». En parallèle, le Musée des Beaux-Arts Antoine Lécuyer présente une exposition dédiée au laqueur Art déco Gaston Suisse (1896-1988), intitulée « Gaston Suisse. De nature et d’or ». Ces deux expositions offrent l’opportunité de redécouvrir le mouvement Art déco et son influence sur le patrimoine culturel, tout en mettant à l’honneur un siècle de créativité et d’élégance. Ces initiatives illustrent également l’engagement fort de la ville de Saint-Quentin à faire rayonner son précieux patrimoine Art déco et à célébrer, avec le grand public, cet héritage centenaire.
L’exposition « Élégance et modernité. L’Art déco a 100 ans ! » prend place au cœur du Palais de l’Art déco, édifice emblématique de l’architecture Art déco de la ville. Conçu comme une déambulation à travers les pavillons iconiques de l’Exposition de 1925 (pavillon de l’Élégance, pavillon des Diamantaires, pavillon du Collectionneur), le parcours met en lumière le savoir- faire des grandes maisons, dont certaines perdurent aujourd’hui (Vuitton, Guerlain ou Lanvin) ainsi que les innovations artistiques et techniques qui ont contribué à la démocratisation du style Art déco dans toutes les sphères de la vie sociale. À travers une sélection de plus de 300 œuvres et objets – bijoux, vêtements, cristallerie, orfèvrerie, mobilier et arts graphiques –, l’exposition explore la diversité des styles et la richesse créative de cette période d’intense effervescence. Les pièces présentées proviennent de collections publiques (musée des Arts Décoratifs, musée des Années Trente à Boulogne-Billancourt, musée de la Chaussure à Romans-sur-Isère), des collections patrimoniales de Puiforcat et Lalique, ainsi que de collectionneurs privés. L’exposition se tient dans l’édifice des Nouvelles Galeries de Saint-Quentin, le Palais de l’Art Déco inauguré en 1927. Ce bâtiment, exemple type du « grand magasin » des Années folles, incarne l’esthétique et l’élégance du style Art déco, offrant un cadre prestigieux à cet hommage au centenaire de l’Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925.

Note : 5 sur 5.

UNE SÉLECTION D’ŒUVRES

Proposée par Anne Camilli,
fondatrice du Musée À la Carte®, co-commissaire de l’exposition.

Note : 5 sur 5.

René Lalique

René Lalique (1860-1945), Vase Ceylan, 1924.
Verre moulé-pressé.
Présenté à l’ Exposition internationale des arts décoratifs
et industriels modernes de Paris en 1925.
Collection musée Lalique.
Acquisition réalisée avec le soutien du Fonds régional d’acquisition pour les musées
(État, Conseil régional d’Alsace) et du Conseil général du Bas-Rhin.
© Musée Lalique, Wingen-sur-Moder.

Artiste et industriel de génie, René Lalique s’inscrit dans les courants de l’Art Nouveau et de l’Art Déco. Il sublime la femme, la flore et la faune dans ses créations. L’accueil triomphant réservé à ses bijoux lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900 assoit sa réputation de joaillier. Vers 1908-1910, il s’intéresse à l’art verrier dans le seul souci de démocratiser l’art. Inventeur de brevets industriels en matière de verrerie, il créé des bijoux en verre soufflé moulé-pressé à partir de 1911. Sa rencontre avec le parfumeur François Coty lui donne la vocation de maitre flaconnier pour la parfumerie, marché en pleine expansion. Touche-à-tout, René Lalique conçoit des œuvres multiples, décore des intérieurs d’appartements ou de maisons, des édifices publics ou religieux sans oublier les voitures Pullman du célèbre Train Bleu, reliant Paris à la Méditerranée. Sa fontaine lumineuse ornée de cent-vingt-huit cariatides exposée lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs fait l’admiration des visiteurs et témoigne de son talent multi- facette.

Note : 5 sur 5.

André Perugia

André Perugia (1897-1977), Soulier Salomé Chinoiserie, vers 1922.
Cuir de chevreau, peau de reptile, émail.
Romans-sur-Isère, musée de la Chaussure, inv. 2008.3.371.
© Musée de la Chaussure.

Véritables paradis des accessoires, les classes 21 et 22 offrent un choix infini aux garçonnes [ndlr : chaque classe correspondait à un domaine spécifique des arts décoratifs] : mouchoirs et écharpes, lingerie pour dames, blouses et déshabillés, bonneterie, corsets, boutons et boucles, gants, chaussures, parapluies, sacs à main, éventails, ceintures, chapeaux, parures de têtes, fleurs artificielles, plumes, sans oublier les chaussures ! À la ville ou à la campagne, pour trotter le jour, pratiquer un sport ou danser le soir sur un rythme endiablé, la garçonne choisit ses chaussures en fonction des circonstances. Les thèmes d’inspiration ne manquent pas aux créateurs. La chaussure devient artistique et les bottiers, des stars. L’un des plus célèbres se nomme André Perugia (1893-1977). Il voit le jour en Italie avant d’émigrer à Nice avec sa famille. Son audace et sa créativité le font repérer par Paul Poiret, qui lui confie la création de souliers pour un défilé. Convaincu par le couturier de s’installer à Paris, André Perugia ouvre sa première boutique au numéro 11 de la rue du Faubourg St Honoré en 1921. Le succès est au rendez-vous. Fidèle à son mentor Paul Poiret, André Perugia imagine les modèles Arlequinade ou Folie, en hommage à deux parfums du couturier. Il compte les artistes de music-hall, Mistinguett et Joséphine Baker, au nombre de ses plus fidèles et célèbres clientes. Ses Salomé font fureur ! Il s’essaie à la création de chaussures pour hommes et chausse le chanteur Maurice Chevalier. Tout lui réussit ! En 1927, il s’attaque au marché américain, il devient Mister Perugia, le bottier français adulé par les Américaines.

Pierre Mourgue (1890-1969), Chez Perugia le bottier à la mode,
Planche 34, N° 7 de la Gazette du Bon Ton, année 1924.
Pochoir rehaussé à l’aquarelle.
Versailles, le Musée À la Carte® © Le Musée À la Carte.

Note : 5 sur 5.

La classe 24

Ostertag, maison fondée en 1922, Rouge à lèvres, vers 1925.
Or, argent,  diamants, émeraudes, miroir.
Paris, collection particulière

Pour l’architecte Éric Bagge, gagnant du concours, l’aménagement de la classe 24, espace de six cents mètres carrés dédié à la bijouterie-joaillerie au sein du Grand Palais, s’avère un vrai challenge. Il s’agit en effet de faire cohabiter les bijoux précieux et de fantaisie, sans que les uns n’éclipsent ou ne dévalorisent les autres. La classe 24 rassemble de nombreux corps de métiers de la filière française de la bijouterie joaillerie, de la lapidairerie, ainsi que de la bijouterie de fantaisie et d’imitation. Cette puissante corporation compte une centaine d’exposants français, parmi lesquels des créateurs avant-gardistes, aussi bien que des maisons joaillières parisiennes historiques. Ainsi Paul Brandt, Georges Fouquet, Gustave-Roger Sandoz ou Raymond Templier côtoient-ils les célèbres joailliers de la rue de la Paix et de la place Vendôme. Les premiers, modernistes, se font remarquer par leurs créations inspirées des toiles cubistes et par de subtiles juxtapositions de formes et volumes abstraits. Les seconds, Boucheron, Cartier, Chaumet, Dusausoy, Lacloche, Mauboussin, Van Cleef & Arpels, Vever ou les plus confidentiels Aucoc, Janesich, Marchak, Marzo, Ostertag, etc. rivalisent de propositions nouvelles et abandonnent les styles anciens encore en vogue au début des années 1900. Le travail du joaillier devient artistique. La nouveauté et la modernité priment. Les montures s’effacent, les griffes disparaissent. Le platine et l’or blanc remplacent avantageusement l’or jaune. Le diamant devient un faire-valoir auquel le créateur oppose l’opacité et la couleur de matières « exotiques » comme l’onyx, le corail, le jade, le lapis-lazuli, la nacre, l’ambre ou l’agate. Il redécouvre l’aigue-marine, l’améthyste, la topaze, le cristal de roche ou la turquoise autant de pierres oubliées remises à l’honneur. Tel un peintre, il compose des motifs tout en contraste. Les pierres gravées de couleur aux lignes adoucies voisinent avec des diamants baguettes ou de forme émeraude aux contours géométriques et modernistes.

Note : 5 sur 5.

INFORMATIONS PRATIQUES

Quoi ?
Élégance et modernité. L’Art déco a 100 ans !
Cette exposition est organisée par la Ville de Saint-Quentin.
Commissariat général : Emmanuel Bréon, conservateur en chef honoraire du patrimoine, et Anne-Sophie Destrumelle, directrice du patrimoine à la Ville de Saint-Quentin.
Commissariat scientifique : Agnès Villain, conservateur du patrimoine, responsable du pôle muséal à la Ville de saint-Quentin, Anne Camilli, fondatrice du Musée À la Carte ®, et Bénédicte Mayer, attachée de conservation Cité de l’Architecture, Palais de Chaillot, Paris

Comment ?
Une très riche programmation d’activités vient accompagner l’exposition, mêlant visites guidées, conférences, spectacle, cours de dessin, séance de cinéma, concert. Le programme est disponible sur le site internet de la Ville de Saint-Quentin.