EXPOSITION # 46

🇫🇷 🇸🇪 🇬🇧

Note : 5 sur 5.

Pierre Bonnard est l’un des artistes les plus influents du XXe siècle. Dans ses peintures irisées, le Français a capturé le monde qui l’entourait : sa maison, sa famille, son jardin, des rues animées et la vue sur l’océan depuis sa fenêtre. Ces dernières années, les foules du monde entier ont afflué pour les expositions de ses tableaux. L’exposition du Nationalmuseum est la première en Suède depuis plus de sept décennies. Pour la première fois, elle met en évidence l’impact de Bonnard sur l’art scandinave, ses œuvres étant présentées aux côtés de celles d’artistes scandinaves. Bonnard et les Nordiques se déroulera du 20 février au 18 mai.

L’exposition Bonnard et les Nordiques offre de nouvelles perspectives sur la vie et l’œuvre de Pierre Bonnard. Les visiteurs ont l’occasion d’accompagner le Français depuis ses débuts, en tant qu’affichiste représentant la vie moderne à Paris à la fin du XIXe siècle, jusqu’aux années qu’il consacra à peindre des interprétations vibrantes et intimes de la vie quotidienne et du paysage dans le sud-est de la France, en Normandie et sur la Côte d’Azur, où Bonnard a passé les deux dernières décennies de sa vie. Bonnard a vécu de 1867 à 1947 et est souvent considéré comme un artiste qui a su tracer sa propre voie, sans être affecté par les nombreux -ismes de l’art moderne. Ses peintures sont cependant plus que des idylles chatoyantes. Elles contiennent des détails étonnamment ambigus qui peuvent être interprétés de multiples façons, dans le contexte d’inquiétude et de guerre de l’époque. Marthe, la compagne de Pierre Bonnard, apparaît régulièrement dans l’œuvre de l’artiste. L’exposition présente Marthe Bonnard en tant qu’individu et met en lumière son impact sur l’effort créatif de Bonnard. Les visiteurs ont l’occasion d’admirer plusieurs de ses rares œuvres, signées « Marthe Solange ».

Bonnard a eu une influence considérable sur ses pairs, tant de son vivant qu’après sa mort. Ce fut notamment le cas en Scandinavie. En 1939, une grande exposition de peintures de Bonnard se tient à Oslo, Göteborg et Stockholm. C’était le plus grand événement organisé en dehors de la France jusqu’alors. En Suède, Bonnard est devenu une source d’inspiration pour ceux que l’on appelait les « Coloristes de Göteborg ». Voir les peintures de Bonnard a laissé une impression sur des artistes comme Ragnar Sandberg, Karin Parrow et Ivan Ivarson. En Finlande, l’art de Bonnard a joué un rôle clé pour le groupe Septem, dont faisaient partie des artistes comme Magnus Enckell et Ellen Thesleff. L’exposition de ce printemps explorera également la relation unique entre la peinture psychologiquement multiforme de Bonnard et l’imagerie du Norvégien Edvard Munch.

À travers les peintures de Bonnard, les visiteurs découvrent à la fois des aspects inattendus de l’art scandinave et voient le Français lui-même sous un nouveau jour.

Note : 5 sur 5.

UNE SÉLECTION D’ŒUVRES

présentées par les commissaires de l’exposition
Per Hedström
, directeur des expositions au Nationalmuseum de Stockholm
et Linda Hinners, conservatrice des sculptures au Nationalmuseum de Stockholm.

Note : 5 sur 5.

Le cheval de fiacre

Pierre Bonnard, Le Cheval de fiacre (Boulevard des Batignolles), vers 1895.
Huile sur bois, 30 x 40 cm
Collection Ailsa Mellon Bruce
Coll. National Gallery of Art, Washington. Inv. 1970.17.4
© National Gallery of Art, Washington

Dans les années 1890, l’art de Bonnard se concentre sur la vie dans la métropole parisienne, où il vit dans le Montmartre bohème. Le peintre est attiré par la vie quotidienne qui l’entoure : les foules animées dans les cafés ou dans les rues et les réunions mondaines privées avec ses amis et sa famille. Ce tableau est une scène de rue typique de Bonnard à cette période. Il s’agit d’un petit tableau qui dépeint un moment apparemment capturé par hasard, presque comme une photographie instantanée. À l’époque, Bonnard crée des contrastes clairs entre le premier plan et l’arrière-plan dans son travail. Dans ce cas, les formes les plus proches de nous – un cheval, une femme, une roue de calèche – ne sont que des silhouettes ombragées. La foule de l’autre côté de la rue baigne de soleil. De telles représentations de la vie quotidienne étaient courantes dans l’art japonais de l’époque, en particulier dans les gravures sur bois qui ont inspiré tant d’artistes européens de l’époque. Ceux-ci présentaient souvent des surfaces monochromes et planes – un procédé stylistique que Bonnard met en œuvre dans ce tableau. Le Français continuera à collectionner l’art japonais tout au long de sa vie.

Note : 5 sur 5.

La salle à manger à Vernon

Pierre Bonnard, La salle à manger à Vernon, vers 1923-1927.
Huile sur toile, 126 x 184 cm
Coll. Ny Carlsberg Glyptothek, Copenhague. Inv MIN 2705
© Glyptothek, Copenhague

Au début des années 1920, avant de s’installer sur la Côte d’Azur, Pierre et Marthe Bonnard partagent leur temps entre Paris, Le Cannet sur la Méditerranée et Vernon en Normandie. Cette peinture représente la salle à manger de Vernon. C’est un exemple classique du style tardif de Bonnard. Il a voulu peindre ce que l’œil nu voyait, capturer l’impression spontanée et immédiate quand on entre dans une pièce ou que l’on contemple un paysage. Il voulait simplement peindre une scène, des objets ou des personnes sans mettre en évidence des éléments spécifiques pour les faire paraître plus importants que d’autres.
Dans cette œuvre, la pièce semble presque comprimée et vibrante de couleurs. Il représente deux personnes, une table et une porte vitrée ouverte sur le jardin. La peinture accentue et efface à la fois la structure des objets que nous voyons. Les motifs des vêtements des personnages semblent se fondre les uns dans les autres comme les couleurs lumineuses du jardin à l’extérieur. On dit que le travail de Bonnard n’est pas pour ceux qui sont pressés… Cela peut prendre un certain temps pour découvrir chaque détail de ses peintures. Regardez attentivement et vous verrez, par exemple, le nez d’un chien jeter un coup d’œil derrière la table. Dans l’une des vitres de la porte, on devine aussi le faible reflet d’un visage. En fait, le tableau est à la fois banal et quelque peu énigmatique.

Note : 5 sur 5.

Nu dans un intérieur

Pierre Bonnard, Nu dans un intérieur, vers 1835.
Huile sur toile, 134 x 70,5 cm
Collection de M. et Mme Paul Mellon
Coll. National Gallery of Art, Washington. Inv. 2006.128.8
© National Gallery of Art, Washington

Bonnard peint ses premiers nus au tournant du siècle. C’est un motif qu’il continuera à explorer jusqu’à la fin de sa vie. Il représente ses modèles dans des décors de la vie quotidienne, tout en abordant le sujet d’une manière solidement ancrée dans l’histoire de l’art. Après tout, le corps nu est un motif clé de l’art occidental depuis l’Antiquité classique. Bonnard représentait souvent les gens qui l’entouraient. Un modèle récurrent était sa compagne, Marthe. Le couple s’est rencontré en 1893 et a duré pendant près de cinq décennies. Au fil du temps, les nus du Français se concentrent de plus en plus sur la forme, la couleur et la façon dont la lumière se reflète dans la pièce ou sur les corps qu’il représente. Ses compositions deviennent de plus en plus complexes. Parfois, les modèles de Bonnard sont rétroéclairés ou se détournent, le visage à moitié caché. Dans ce tableau, le corps du modèle est en partie caché par le cadre de la porte – ou peut-être est-ce son reflet dans un miroir que nous regardons ? Malgré les couleurs vives et accueillantes, l’œuvre est ambiguë, notamment en raison de la déconnexion entre le spectateur et le sujet.

Note : 5 sur 5.

INFORMATIONS PRATIQUES

Quoi ?
Bonnard et les Nordiques (Bonnard and the Nordics).

Cette exposition est organisée par le Nationalmuseum de Stockholm, en partenariat avec le Lillehammer Art Museum (l’exposition y sera présentée du 15 juin au 19 octobre 2025), grâce au soutien de la Ad Infinitum Foundation (Dr Herbert and Anne-Marie Lembcke).
Commissariat : Per Hedström, directeur des expositions au Nationalmuseum de Stockholm, et Linda Hinners, conservatrice des sculptures au Nationalmuseum de Stockholm.

Comment ?
L’exposition a donné lieu à la publication d’un catalogue en suédois, Bonnard och Norden (253 pages, 350 SEK).