Sargent and Fashion
Tate Britain, Londres
22 février – 7 juillet 2024
www.tate.org.uk
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PRÉSENTATION
Extraits du dossier de presse
Traduction : Thomas Ménard
La Tate Britain propose actuellement une exposition consacrée au portraitiste américain John Singer Sargent (1856-1925). Elle révèle le rôle révolutionnaire joué par Sargent en tant que styliste, alors qu’il façonnait l’image que ses modèles présentaient au monde à travers leurs choix vestimentaires. Organisée en collaboration avec le Museum of Fine Arts de Boston (MFA), l’exposition réunit 60 œuvres, notamment des prêts exceptionnels de collections privées, mais aussi des œuvres conservées dans les collections de la Tate et du MFA. Elles sont présentées aux côtés d’une douzaine de robes ou d’accessoires d’époque, dont la plupart ont été portés par les modèles eux-mêmes. Pour certains de ces vêtements, c’est la première fois qu’ils sont à nouveau réunis avec les portraits de ceux qui les portaient, offrant une nouvelle perspective sur le portraitiste le plus célèbre de sa génération et la société dans laquelle il a évolué.
Sargent était réputé pour sa capacité à donner vie à ses sujets. Plutôt que de se laisser guider uniquement par les sensibilités de sa clientèle fortunée, il a utilisé l’habillement et la mode comme un outil puissant pour établir leur individualité, tout en proclamant son propre programme esthétique. S’il travaillait en étroite relation avec ses modèles, il laissait également libre court à sa créativité, en modifiant ou supprimant des détails à sa guise. Souvent, c’est lui qui choisissait les tenues et les adaptaient, comme il l’a fait pour le portrait de Lady Sassoon de 1907, présenté au début de l’exposition [voir ci-dessous]. En comparant le portrait avec la cape d’opéra en taffetas noir, également exposée, on voit comment il étirait, enroulait et épinglait le tissu pour rendre son tableau plus dramatique. À cet égard, Sargent travaillait de la même manière que le ferait aujourd’hui un directeur artistique lors d’une séance photo de mode.
L’exposition raconte également l’histoire des principaux mécènes de l’artiste, notamment la noblesse et les membres influents de la bonne société. Pris dans leur ensemble, les portraits de l’élite peints par Sargent constituent la représentation la plus convaincante de la haute société à la mode du tournant du siècle. On découvre notamment les portraits de Lady Helen Vincent, vicomtesse d’Abernon, peint en 1904, et de Mme Charles E. Inches (Louise Pomeroy), en 1887, qui sont présentés avec les robes de soirée en velours rouge représentées sur les tableaux. Les insignes portés par Charles Stewart, sixième marquis de Londonderry, lors du couronnement d’Édouard VII en 1904, sont réunis avec le tableau, afin de montrer comment l’artiste parvenait à incarner à la fois son rang et sa personnalité à travers ses vêtements. Le processus artistique et les relations de Sargent sont explorés plus en détail à l’aide de photographies, de dessins, de vêtements et de récits rédigés par ses modèles. Des œuvres-clés telles que Mme Montgomery Sears (1899) sont présentées aux côtés des propres robes de Mme Sears et de ses photographies de Sargent au travail, tandis que Mme Fiske Warren et sa fille Rachel (1903) sont présentées avec des photographies documentant les séances de portraits en cours.
Sargent and Fashion explore également la subversion des codes et des conventions sociales célébrée par l’artiste à travers ses portraits. Ses choix vestimentaires suggèrent le flou qui définissait autrefois l’apparence masculine et féminine, reflétant l’évolution des rôles de genre traditionnels à la fin du XIXe siècle. Le portrait de Sargent, Vernon Lee (1881), illustre cette approche. Lee était le pseudonyme de l’auteure britannique Violet Paget, qui utilisait ce nom à titre professionnel et personnel. Sa préférence pour les vêtements sévères, presque masculins, montre un refus de se conformer aux notions conventionnelles de féminité. L’exposition présente également l’un des portraits masculins les plus dramatiques et non conventionnels de Sargent, Dr Pozzi at Home (1881) [voir ci-dessous], représentant le chirurgien esthète Samuel-Jean Pozzi dans une robe de chambre rouge flamboyante et des pantoufles turques.
En plus de ses mécènes, Sargent choisit de représenter des artistes professionnels, notamment des danseurs, des acteurs et des chanteurs, ce qui lui permet d’assouvir son goût pour le spectacle visuel. Son image dramatique d’Ellen Terry dans le rôle de Lady Macbeth (1889) est exposée aux côtés de la robe et du manteau de Terry. Il en va de même avec La Carmencita (1890) [voir ci-dessous], représentant la danseuse espagnole de 21 ans, Carmen Dauset Moreno, qui s’est produite dans des music-halls aux États-Unis, en Europe et en Amérique du Sud. Pour la première fois, les visiteurs ont la chance de voir ce superbe portrait aux côtés du costume de satin jaune scintillant de la danseuse.
Cette collection de peintures et de vêtements offre à une nouvelle génération et à ceux qui connaissent déjà son travail la chance de découvrir et de reconsidérer Sargent et son influence durable.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
présentée par les commissaires principaux de l’exposition
James Finch, Assistant Curator, 19th Century British Art, Tate Britain
et Erica Hirshler, Croll Senior Curator of American Paintings, Museum of Fine Arts, Boston

John Singer Sargent, Lady Sassoon, 1907.
Oil paint on canvas; 157.5 x 104 cm
Private Collection. Image © Houghton Hall
Dans ce portrait, Sargent a représenté Lady Sassoon portant la cape d’opéra en taffetas présentée ci-dessous, sur laquelle des roses roses étaient épinglées. Sa tenue était complétée par un collier de perles, des bracelets aux deux poignets et un spectaculaire chapeau en plumes d’autruche noires. Élevée à Paris, très instruite et amoureuse de la musique et des arts visuels (elle était une artiste talentueuse qui travaillait le pastel), Lady Sassoon avait beaucoup en commun avec Sargent et ils devinrent de bons amis. Sargent aimait travailler en noir sur noir, une technique qu’il admirait beaucoup dans l’œuvre du peintre hollandais du XVIIe siècle Frans Hals.

Opera cloak worn by Lady Sassoon, c.1895
Silk satin and taffeta with lace; 153 x 75 x 90 cm
Private Collection. Image © Houghton Hall

John Singer Sargent, Dr Pozzi at Home, 1881
Oil paint on canvas; 201.6 x 102.2 cm
The Armand Hammer Collection, Gift of the Armand Hammer Foundation.
Hammer Museum, Los Angeles
Samuel-Jean Pozzi était un médecin parisien, spécialiste en gynécologie, ayant des liens avec les cercles artistiques d’avant-garde. En public, Pozzi portait des costumes sur mesure, à la dernière mode. Sargent a choisi de le montrer « chez lui », rejetant ainsi les conventions des portraits d’hommes en le plaçant dans l’intimité de son espace domestique. Vêtu d’une robe de chambre pourpre et de pantoufles turques, il se tient devant un rideau rouge foncé, comme s’il était sur scène. Il s’agit de la première œuvre de Sargent exposée à la Royal Academy de Londres, où son ami Vernon Lee la décrivit comme affichant « une sorte de magnificence insolente, mettant plus ou moins en morceaux les images des autres ».

John Singer Sargent La Carmencita, 1890.
Oil paint on canvas; 221.0 x 114.3 cm
Paris, musée d’Orsay. Photo © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Carmen Dauset Moreno (mieux connue sous le nom de Carmencita) était une danseuse espagnole qui s’est produite aux États-Unis, en Europe et en Amérique du Sud. Sargent la trouva « incroyablement superbe » et la vit se produire à plusieurs reprises à New York, où il la peignit dans un studio emprunté. Elle dansa également lors d’une soirée privée dans son studio en 1895. Carmencita était réputée pour ses mouvements tourbillonnants et tordus, capturés dans les images originales également présentées dans l’exposition. Sargent, cependant, l’a peinte dans une pose sculpturale. La vivacité du portrait vient de la représentation par Sargent de sa robe chatoyante dorée et blanche, figurant ci-dessous.

INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Sargent and Fashion
Exposition organisée par la Tate Britain et le Museum of Fine Arts, Boston, avec le soutien de la Blavatnik Family Foundation, du Sargent and Fashion Exhibition Supporters Circle et de la Tate Americas Foundation, ainsi que de la Terra Foundation for American Art.
Commissariat : James Finch (Assistant Curator, 19th Century British Art, Tate Britain) et Erica Hirshler (Croll Senior Curator of American Paintings, Museum of Fine Arts, Boston), avec le soutien de Chiedza Mhondoro (Assistant Curator, British Art, Tate Britain), Caroline Corbeau-Parsons (Curator of Drawings, Musée d’Orsay) and Pamela A. Parmal (Chair and David and Roberta Logie Curator of Textile and Fashion Arts Emerita, Museum of Fine Arts, Boston).
Où ?
Tate Britain
Millbank, London SW1P 4RG
https://www.tate.org.uk/visit/tate-britain
Quand ?
Du 22 février au 7 juillet 2024
Du lundi au dimanche de 10h00 à 18h00. Dernière entrée à 17h30.
Combien ?
Tarif plein : 22 livres sterling
Tarif réduit : 5 / 20 livres sterling
L’accès à l’exposition est gratuit pour les Tate Members.
L’accès aux collections permanentes est gratuit pour tous.
Informations sur les tarifs et billetterie en ligne sur le site de la Tate : www.tate.org.uk
Comment ?
Un guide de visite est disponible, en langue anglaise, sur le site de la Tate.
La Tate Britain propose des visites guidées de l’exposition. Horaires et tarifs sur www.tate.org.uk.
Le catalogue de l’exposition est publié par Tate Publishing (248 pages, 40 livres sterling).
