EXPOSITION # 20

🇫🇷

Note : 5 sur 5.

La Cité interdite et le château de Versailles.
Les échanges entre la Chine et la France aux XVIIe et XVIIIe siècles.

À l’occasion du soixantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine par le général de Gaulle, le 27 janvier 1964, et dans le cadre de l’Année franco-chinoise du tourisme culturel, le château de Versailles et le Musée du Palais à la Cité Interdite présentent une exposition consacrée aux échanges entre la France et la Chine aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle rassemble près de 200 œuvres provenant principalement des collections des deux musées et porte un nouveau regard sur une histoire méconnue mêlant sciences, diplomatie, échanges commerciaux, goût d’une époque, savoir-faire et création artistique.
L’exposition illustre la politique diplomatique amorcée par Louis XIV en direction de son contemporain, l’empereur Kangxi, marquée en particulier par l’envoi en Chine, en 1685, de pères jésuites français qui gagnèrent la cour de Pékin en tant que mathématiciens du Roi. Cette initiative permit aux deux pays de nouer des relations de confiance et d’estime réciproques, souvent méconnues, qui durèrent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Cette situation diplomatique particulière et cet intérêt mutuel ont contribué à la naissance en France de la sinologie moderne.
À la cour de France, l’attrait pour la Chine et l’art chinois se manifestait de diverses manières à travers quatre phénomènes principaux : l’importation d’objets d’art chinois ; la transformation de certaines œuvres d’importation, notamment par l’adjonction de montures en bronze doré sur les porcelaines ou l’utilisation des panneaux de laque sur des pièces de mobilier français ; l’imitation des produits de la Chine avec, par exemple, la recherche frénétique du secret de fabrication de la porcelaine kaolinique ; et l’influence très vive de l’art chinois sur l’art français, en particulier dans le domaine des arts décoratifs.
L’exposition illustre ainsi l’inépuisable source d’inspiration que constitua l’art chinois pour les artistes et les intellectuels français, que ce soit dans le domaine de la peinture, des objets d’art, du décor intérieur, de l’architecture, de l’art des jardins, de la littérature, de la musique ou des sciences. Les œuvres rassemblées à Pékin témoignent aussi, plus largement, de la véritable fascination éprouvée par la cour de Versailles mais aussi par les grands amateurs français pour toutes les productions chinoises. L’exposition révèle aussi le véritable intérêt des empereurs chinois des XVIIe et XVIIIe siècles pour les connaissances scientifiques et les savoirs-faire français.

Note : 5 sur 5.

UNE SÉLECTION D’ŒUVRES

Présentées par Marie-Laure de Rochebrune,
conservateur général du patrimoine au château de Versailles,
commissaire de l’exposition

Note : 5 sur 5.

Verseuse, cadeau de l’ambassade de Siam

Verseuse, cadeau de l’ambassade de Siam, Chine, vers 1680
Argent repoussé, ciselé et gravé, partiellement doré
Château de Versailles © Château de Versailles, Dist. RMN © C. Fouin

Avant même l’envoi des jésuites en Chine par Louis XIV en 1688, la réception fastueuse donnée par le roi en 1686 à l’occasion de l’arrivée des ambassadeurs du roi de Siam, marqua le début du vif intérêt que la cour porta à l’Extrême-Orient. Les cadeaux diplomatiques apportés à cette occasion, parmi lesquels figuraient beaucoup d’objets chinois contribuent à développer le goût de la cour et de la famille royale pour les productions artistiques de l’Empire du Milieu. Des membres des Missions étrangères de Paris étaient établis au Siam depuis 1664. Les cours de Siam et de France avaient ainsi été mises en relation dès 1670.
Parmi les cadeaux offerts à Louis XIV par les ambassadeurs du Siam, l’orfèvrerie tient une place importante : une cinquantaine de pièces de métaux différents (or, tambacq, argent…) et de provenances géographiques variées (Siam, Chine, Japon…) figuraient dans les présents de Phra Naraï et une trentaine dans ceux de son ministre, Constance Phaulkon.
Cette verseuse est l’un de ces objets offert à Louis XIV en 1686. Miraculeusement préservée, elle constitue à ce jour le seul présent d’orfèvrerie des ambassadeurs du Siam connu. Cette œuvre a été acquise en 2018 par le château de Versailles, après son classement en tant que Trésor national. Il s’agit d’une verseuse chinoise, en argent ciselé et partiellement doré, à décor de fleurs et de pagodes en relief rehaussées de vermeil. Son décor montre sur la panse, six compartiments, décorés au repoussé et ciselés de paysages portant des motifs en haut relief (personnages oiseaux et animaux dorés au mercure) ; le couvercle à bouton ajouré en forme de fleur est également doré, l’anse et son long bec à l’extrémité dorée simulant le bois et le bambou. On distingue, gravées sur le fond de la pièce, l’écu aux armes de France et la marque aux trois couronnes, en usage dans l’orfèvrerie royale. La verseuse porte également les numéros d’inventaire du Garde-Meuble de la Couronne.

Note : 5 sur 5.

Paire de vases balustres en céladon

Paire de vases balustres en céladon
Porcelaine à couverte céladon, Chine, Jingdezhen, fin de l’époque Yuan, XIVe siècle
Montures en bronze doré, Paris, vers 1770
Château de Versailles © Château de Versailles, Dist. RMN © C. Fouin

Ces deux vases à couverte céladon furent acquis 2 000 livres par Julliot pour Louis XVI le 12 décembre 1782, lors de la vente posthume des biens du duc d’Aumont. De forme balustre, ils portent un décor de pivoines moulé sur le col et sur la panse. La base est ornée de motifs de roseaux. La lèvre supérieure est dissimulée par un bandeau de bronze doré. Le pied de chaque vase est enserré dans une base circulaire en bronze doré, brettée et enrichie de fleurettes. Ces deux pièces sont exceptionnelles par leur ancienneté et leur rareté. Peu d’exemplaires sont connus aujourd’hui. Un vase, pratiquement identique dans son décor et dans ses dimensions, est conservé à Londres, à la Percival David Foundation. Il porte la date de 1327.

Note : 5 sur 5.

Montre de poche avec portrait de personnage

Montre de poche avec portrait de personnage à ouverture lumineus
et boîtier en cuivre plaqué or
Datant du XVIIe siècle, France
Pékin, Musée du Palais © The Palace Museum

Sur le revers du boîtier en cuivre doré se trouve un portrait en profil de Louis XIV. Un motif de trois fleurs de lys doré, symbole de la royauté française, est représenté au centre du cadran émaillé à fond bleu et à deux aiguilles. En ouvrant le mouvement, on peut apercevoir un dragon chinois doré à cinq griffes découpé sur le couvercle protecteur du ressort de la montre. Le nom de l’artisan horloger et l’origine sont indiqués sur le mouvement : THVRET A PARIS. L’étui en peau de requin noir est incrusté d’un médaillon floral composé de clous en or. Cette montre de poche est très probablement un cadeau de Louis XIV à l’empereur Kangxi, ce qui constitue une preuve matérielle importante des contacts entre les deux souverains.

Note : 5 sur 5.

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