EXPOSITION # 01

🇫🇷

Note : 5 sur 5.

Présentation
par Thomas Ménard
Président de l’association « Les Amis du Patrimoine Européen »

Note : 5 sur 5.

présentées par James Robinson
Directeur du département des arts décoratifs et de la sculpture
Victoria and Albert Museum
Commissaire de l’exposition

Croix reliquaire
Angleterre (probablement Winchester), Xe siècle. Monture : Allemagne. Or, émaux, ivoire de morse, bois de cèdre, 18,5 × 13,7 × 2,6 cm. Victoria and Albert Museum, 7943-1862.
Image © Victoria and Albert Museum, London.

La pièce que je préfère est probablement la croix reliquaire du Xe siècle. Elle associe des émaux cloisonnés spectaculaires, probablement de facture allemande, à l’un des plus beaux exemples de sculpture anglaise en ivoire de morse qui nous soit parvenu. Il est presque certain qu’elle a été réalisée pour un mécène noble ou royal, peut-être Mathilde, abbesse d’Essen de 973 à 1011 et descendante du roi anglo-saxon Alfred le Grand. Outre sa valeur artistique intrinsèque et sa beauté, cette croix reliquaire incarne certains des thèmes principaux de l’exposition. D’une part, la place centrale de l’Église et de la Couronne en tant que mécènes. D’autre part, l’internationalisme de l’Europe médiévale ainsi que la diversité et le choix des matières premières – qu’il s’agisse de l’or, qui est peut-être un réemploi de l’époque romaine classique, de l’ivoire, échangé sur les côtes septentrionales de l’Europe ou du support en bois de cèdre provenant de l’est de la Méditerranée.

Chandelier de Gloucester
Angleterre, 1107-1113. Fonte d’alliage de cuivre, dorure, nielle, perles de verre. 58 x 20 x 20 cm. Victoria and Albert Museum, 7649-1861.
Image © Victoria and Albert Museum, London.

« + ABBATIS PETRI GREGIS / ET DEVOTIO MITIS / + ME DEDIT ECCLESIE SCI PETRI GLOECESTRE »
(« La douce dévotion de l’abbé Pierre et de son troupeau m’a donné à l’église Saint-Pierre à Gloucester »)

Cette inscription latine gravée sur une bande qui court en spirale autour du fût nous apprend que le chandelier dit de Gloucester a été donné à l’abbaye bénédictine de Gloucester par l’abbé Pierre, qui, d’abord prieur de l’abbaye, a assumé ensuite la fonction d’abbé en 1104 et a été officiellement élu le 5 août 1107. Dans la mesure où l’abbé est mort en 1113, on peut penser que le chandelier a été fabriqué entre 1107 et 1113. Pierre est connu pour son caractère studieux et pour avoir fait don de nombreux livres à la bibliothèque. Malheureusement, aucun document ne fait état du don du chandelier, malgré son importance artistique et le coût probable de cette création fabuleuse en fonte de cuivre, qui a échappé aux ravages de la Réforme anglaise. Elle avait en effet déjà quitté le pays, comme l’indique une inscription postérieure dans la bobèche : « + HOC CENOMANNENSIS RES ECCLESIE POCIENSIS / THOMAS DITAVIT CVM SOL ANNVM RENOVAVIT » (« Thomas de Poché a donné cet objet à l’église du Mans lorsque le soleil a fait débuter une nouvelle année »). Il est difficile de déduire la date précise de cette donation à la cathédrale du Mans, mais il est probable qu’elle se situe avant 1122, date de la destruction de l’abbaye de Gloucester par un incendie. Le chandelier ne figurant pas parmi les objets sauvés du désastre, on peut supposer qu’il avait déjà pris le chemin de la France. […]
Fondu en trois parties distinctes selon le procédé de la cire perdue, le chandelier est densément décoré d’hommes et de créatures fabuleuses qui émergent de profus rinceaux de feuillages. Au centre de cette nature tourmentée, on remarque les symboles des quatre évangélistes dans des médaillons perlés, séparés par des fleurons en argent niellé. Dans ce décor fantastique, les évangélistes représentent la doctrina refulgens, la doctrine brillante qui sauvera l’humanité dans une lutte écrasante contre le péché.

Luck of Edenhall
Égypte ou Syrie, vers 1350. Verre émaillé et doré. H. 15,8 cm ; D. 11,1 cm.
Victoria and Albert Museum, C.1-1959.
Image © Victoria and Albert Museum, London.

Le Luck of Edenhall a été fabriqué en Égypte ou en Syrie vers 1350. Son voyage vers l’Angleterre n’est pas documenté mais il est enregistré, sous le nom qu’on lui connaît actuellement, dans un testament de 1677, alors qu’il appartenait à la famille Musgrave, à Eden Hall près de Penrith, dans le comté de Cumbria. Il nous est parvenu avec son étui en cuir bouilli, un cuir durci souvent utilisé comme protection dans les tournois et les batailles. De la fin du XIVe siècle ou du début du XVe siècle, l’étui a été expressément fabriqué pour protéger le gobelet. Décoré par repoussage de motifs variés dont des rinceaux de trèfles, il porte sur son couvercle le monogramme sacré IHS, contraction du nom grec de Jésus, largement invoqué comme charme amulétique au Moyen Âge. Le gobelet lui-même était considéré comme ayant des propriétés talismaniques, et le nom de Luck (chance) qui lui a été donné renvoie à cette mystérieuse magie.
De proportions élégantes, il est d’une forme assez habituelle, avec une base étroite s’élargissant progressivement jusqu’à un col évasé, un corps décoré d’arcs entrecroisés et d’arabesques végétales, peints dans un éblouissant émail rouge, blanc, vert et bleu. Les motifs ont reçu un trait de contour à l’or appliqué après émaillage. L’attrait de ce type de verre sur le marché du luxe s’explique, certes, par son indéniable qualité esthétique, mais aussi par l’extrême habileté technique requise pour sa fabrication. »

Note : 5 sur 5.

POUR ALLER PLUS LOIN : LES ENTRETIENS EN RAPPORT AVEC L’EXPOSITION

Note : 5 sur 5.

INFORMATIONS PRATIQUES

Quand ?
Du 30 juin au 22 octobre 2023
Tous les jours de 10h30 à 19h00 (fermeture de la billetterie à 18h30)
Le vendredi, fermeture à 21h30 (fermeture de la billetterie à 20h45)
La cour intérieure est ouverte de 8h00 à 1h00 du matin