Dans la Seine. Objets trouvés de la Préhistoire à nos jours.
Crypte archéologique de l’île de la Cité
À partir du 31 janvier 2024
www.crypte.paris.fr
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PRÉSENTATION
Extraits du dossier de presse
L’exposition dresse un portrait de la Seine parisienne à partir d’une série d’objets recueillis dans son lit ou sur ses berges, présentés dans le parcours des vestiges de la Crypte archéologique de l’île de la Cité, en plein centre de Paris. Ces objets, issus de recherches ou de collectes, rappellent les interactions entre l’homme et le fleuve depuis la Préhistoire. Illustrée par une iconographie variée ainsi que par des restitutions numériques, l’exposition réunit plusieurs chercheurs en archéologie et rassemble près de 150 objets recueillis dans la Seine, dont chacun raconte Paris.
Le fleuve qui a façonné Paris depuis les premières installations humaines jusqu’à nos jours a reçu quantité d’objets tombés, jetés, perdus ou déplacés par les courants. Tous témoignent de l’histoire de la Seine, de son évolution, de ses aménagements et de ses paysages, mais aussi de ses populations successives, leurs modes de vie, leurs croyances ou leurs combats. Présentées de manière chronologique, ces découvertes sont aussi l’occasion d’expliquer les méthodes scientifiques utilisées dans l’interprétation et la datation des vestiges et des objets archéologiques.
L’exposition témoigne d’abord des installations humaines de l’époque préhistorique, sur les berges du fleuve, puis dans l’Antiquité, le temps de ses premiers aménagements réalisés par les Romains. Les périodes médiévale et moderne recueillent des armes, des ex-voto mais aussi des déchets. Aujourd’hui encore, des découvertes fortuites livrent des armes et fragments d’architecture. L’exposition explore aussi la Seine en amont et en aval de Paris, avec l’évocation de ses sources en Bourgogne, d’une pêcherie antique dans l’Aube, et d’un site paléolithique à Clichy-la-Garenne.
Certains objets choisis appartiennent au registre de l’utilitaire : outils et dispositifs pour aménager la nature, armes pour chasser ou se battre. D’autres sont magiques et s’adressent à la bienveillance de la Seine en tant que divinité ou médiatrice. Tous livrent des récits d’hommes et de femmes qui ont construit leur quotidien avec la Seine, qu’il s’agisse des chasseurs néandertaliens ou d’une population parisienne pieuse et superstitieuse. Leurs préoccupations sont encore les nôtres, composer avec l’environnement, exploiter la Seine, la surveiller et l’honorer en la protégeant. L’archéologie permet le décryptage scientifique de ces fragments de vie, magnifiés par le mystère et la matérialité des œuvres contemporaines de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, ainsi que par celle de Yan Tomaszewski.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
proposée par Sylvie Robin,
conservatrice en chef du patrimoine,
responsable du département des collections archéologiques
au musée Carnavalet – Histoire de Paris,
commissaire scientifique de l’exposition

Cruche en céramique fine blanche, Ier siècle
© Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Cette cruche intacte étonne par son état de conservation exceptionnel. En archéologie la céramique est habituellement mise au jour à l’état de tesson ou incomplète. C’est le cas en particulier quand elle provient d’un dépotoir, une poubelle, où elle a été jetée car inutilisable. Les contextes qui permettent la totale conservation des formes sont les tombes, sorte de boîtes protectrices, et l’eau qui adoucit les impacts. C’est le cas pour la cruche qui vient du lit de la Seine, dont seule la surface a été altérée par le contact prolongé avec des sédiments fluviatiles. Son lieu de découverte donne quelques explications. Elle est mise au jour en 1874 au moment de la construction du pont de Sully. La multiplication des ponts dans le centre de Paris participe au grand projet du préfet Haussmann, de développement de la circulation entre les deux rives de la Seine. Lors du creusement d’une pile du pont dans la berge immergée, l’archéologue Théodore Vacquer qui surveille tous les travaux parisiens entre 1847 et 1897, recueille une grande quantité de céramiques antiques. L’endroit est particulier, à proximité du seul affluent de la Seine dans Paris, la Bièvre. Cette petite rivière aujourd’hui disparue possède un cours irrégulier et des crues violentes. C’est peut-être pour cette raison qu’un bateau aurait perdu là sa cargaison dont ferait partie la cruche. Cette forme assez élégante au globe parfait et au col fin n’est pas produite à Lutèce ou l’on connait surtout des ateliers de poteries dites communes, destinées à la préparation ou à la cuisson des repas. Elle appartient à la vaisselle de table, peut- être importée de Lyon.

Statuette de Mercure portant une bourse, symbole de prospérité, alliage cuivreux
Époque gallo-romaine
© Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Le lit de la Seine a livré des éléments de parure et plusieurs statuettes en alliage cuivreux notamment celles d’Apollon et Mercure, divinités liées au culte familial. Mercure est une divinité emblématique et très présente à Lutèce comme dans tout le nord de la Gaule. Au cours de la colonisation de la Gaule par les Romains, il est particulièrement honoré pour favoriser le rapprochement entre les panthéons respectifs des vainqueurs et des vaincus. D’après César « ils le considèrent comme l’inventeur de tous les arts, il est pour eux le dieu qui indique la route à suivre, qui guide le voyageur, il est celui qui est le plus capable de faire gagner de l’argent et de protéger le commerce ». Pour cette raison Mercure est représenté ici avec les attributs du voyageur, le pétase, un chapeau rond au large bord, auquel des ailes sont rajoutées, symbole du divin et de rapidité. Il porte surtout une bourse, gage de prospérité et d’échanges fructueux. Les petites statues de dieux et de déesses sont faites pour le culte familial, pratiqué dans les maisons où elles ornent l’autel domestique avec les divinités protectrices comme les Lares ou les Pénates. C’est le chef de famille qui dirige le culte pour toute la maisonnée, qui inclut les serviteurs et les esclaves et qui procède aux sacrifices et aux dons. On peut s’interroger sur la présence de ce Mercure dans la Seine, est-ce un vol, un accident ou est-ce un don au fleuve ?

Statuette de chevalier ou de guerrier, alliage de plomb. Époque moderne
© Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Il fait partie de la collection des plombs historiés provenant du lit de la Seine, réunis par Arthur Forgeais au XIXe siècle. Parmi des milliers de petits objets de bimbeloterie, méreaux, jetons ou enseignes de pèlerinage, on trouve quelques statuettes de ce type, dites de chevaliers. Les personnages sont grossièrement réalisés, dans un alliage de plombs, les traits en « colombins » de métal, les membres filiformes et ils portent de curieux couvre-chefs. Sur leurs corps lisses sont ajoutés des croix et ils sont armés de lances et d’épées. Ces figurines étaient prisées par certains surréalistes, comme Alberto Giacometti, ou André Breton qui en conservait plusieurs parmi ses objets singuliers, « magiques ou maléfiques », désormais au musée national d’Art moderne – Centre Pompidou. Elles étaient aussi considérées comme magiques mais protectrices, au moment où elles ont été jetées dans la Seine, autour de Notre-Dame, entre le XIVe et le XVIe siècle. Elles sont aujourd’hui considérées comme des ex-voto, des dons à la Vierge, fait par des chevaliers ou des soldats au moment des départs en croisade ou à leurs retours. L’ex-voto exprime en effet soit une prière, soit un remerciement à un souhait exhaussé. L’immersion des statuettes dans le fleuve, dans l’aire sacrée de la cathédrale, en révèle un rituel autant chrétien qu’apotropaïque.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Dans la Seine. Objets trouvés de la Préhistoire à nos jours.
Cette exposition est co-organisée par Paris Musées, le musée Carnavalet – Histoire de Paris et l’Inrap, avec le concours scientifique du Département d’Histoire de l’Architecture et d’Archéologie de la Ville de Paris (DHAAP) de la sous-direction du Patrimoine et de l’histoire et de la direction des Affaires culturelles.
Commissariat général : Valérie Guillaume, directrice du musée Carnavalet – Histoire de Paris et de la Crypte archéologique de l’île de la Cité.
Commissariat scientifique : Sylvie Robin, conservatrice en chef du patrimoine, responsable du département des collections archéologiques au musée Carnavalet – Histoire de Paris
Où ?
Crypte archéologique de l’île de la Cité
Parvis Notre-Dame
7, place Jean-Paul II
75004 Paris
www.crypte.paris.fr
Quand ?
À partir du 31 janvier 2024
Du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00.
Fermeture le lundi et le 1er mai, le 25 décembre et le 1er janvier.
Combien ?
Tarif plein : 9 euros
Tarif réduit : 7 euros
Gratuit jusqu’à 18 ans.
Informations concernant les tarifs et billetterie en ligne sur le site du musée : www.crypte.paris.fr
Comment ?
La Crypte archéologique de l’île de la Cité propose des visites guidées pour les individuels et les groupes, ainsi que des visites spécifiques pour les enfants (visites-animations, visites contés, visites-ateliers). Le détail de la programmation est disponible sur le site du musée : www.crypte.paris.fr
Par ailleurs, le musée propose une application de visite, téléchargeable sur smartphone, ainsi qu’un catalogue de l’exposition, publié par Paris Musées (128 pages, 25 euros).
