EXPOSITION # 08

🇫🇷

Note : 5 sur 5.

À l’été 2020, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et le Service archéologique de la Ville d’Autun (Saône-et-Loire) ont fouillé une importante nécropole des IIIe – Ve siècles, à proximité de l’église paléochrétienne de Saint-Pierre-l’Estrier. Les découvertes, exceptionnelles, viennent éclairer le devenir des villes de la fin de l’Antiquité en Gaule romaine, enrichir la connaissance de l’évolution des pratiques funéraires de l’Antiquité tardive et illustrer aussi bien l’étroitesse des liens qui subsistent avec le pouvoir central de Rome que la circulation des matériaux et des biens prestigieux au sein de l’Empire romain.
Parmi les vestiges exhumés, certaines sépultures renferment des objets luxueux, dont un très rare exemplaire d’un vase diatrète du IVe siècle attestant la virtuosité des verriers romains. La fonction de ce récipient demeure énigmatique, mais l’analyse des traces de son contenu (notamment de l’ambre gris) suggère un usage rituel.
Augustodunum, fondée ex nihilo sous l’empereur Auguste entre 16 et 13 avant J.-C., devient la capitale intellectuelle, économique et politique des Éduens. Elle abrite notamment un centre d’enseignement universitaire renommé à destination de l’élite gauloise, de grandes domus aux décors somptueux, et se dote d’une parure urbaine monumentale. Partiellement détruite à la fin du IIIe siècle, la ville connaît une phase de reconstruction à l’intérieur de ses remparts. Dans les siècles suivants, Autun devient le siège d’un des plus anciens évêchés de Gaule, puis voit le développement d’établissements chrétiens, lieux de culte et de transmission de la culture classique où sont copiés les textes antiques et liturgiques.
L’exposition D’un Monde à l’Autre. Autun de l’Antiquité au Moyen Âge, dévoile ainsi l’histoire d’une cité emblématique sur près de mille ans. Les visiteurs auront l’opportunité exceptionnelle de plonger dans le destin d’une grande ville romaine, explorant les moments clés de son histoire au travers d’objets archéologiques emblématiques.

Note : 5 sur 5.

UNE SÉLECTION D’ŒUVRES

présentée par Agathe Mathiaut-Legros
Directrice des Musées et du Patrimoine de la Ville d’Autun
Commissaire de l’exposition

Note : 5 sur 5.

Panneau de mosaïque : portrait d’Épicure

Panneau de mosaïque : portrait d’Épicure, IIIe siècle, rue de la Grille, Autun.
Calcaires colorés et blanc, marbre blanc et schiste. © Ville d’Autun

Une grande partie de la ville antique d’Augustodunum intra-muros était occupée par de riches demeures urbaines (« domus »), fréquemment ornées de mosaïques. L’une d’elles, découverte par fragments et partiellement connue, se distingue par son décor érudit, qui reflète la culture de son propriétaire et le prestige des penseurs grecs jusqu’au sein de cette cité gallo-romaine.
La mosaïque comprenait, au sein d’un tapis de motifs géométriques, une série d’au moins cinq portraits, dont trois sont aujourd’hui conservés au musée d’Autun. Chaque portrait représente un auteur grec, assis dans un siège, accompagné d’une citation de son œuvre. Dans le bas du panneau était inscrit le nom du penseur. Poète et philosophes évoquent la brièveté de la vie et prônent, avec plus ou moins de modération, les plaisirs de l’amour et de la boisson.
Épicure, philosophe grec du IIIe siècle avant notre ère, est représenté barbu et âgé, drapé dans un vêtement découvrant son torse, œil droit fermé. Sa signature est bien identifiable et la citation associée est bien connue : Il n’est pas possible de vivre avec plaisir sans vivre avec prudence, honnêteté et justice, ni de vivre avec prudence, honnêteté et justice sans vivre avec plaisir.
Deux autres panneaux représentent le poète Anacréon, qui vécut au VIe siècle avant notre ère, et Métrodore, disciple d’Épicure.
Ces découvertes exceptionnelles montrent l’importance de la culture grecque à Augustodunum, que l’on peut mettre en rapport avec les célèbres écoles méniennes où les jeunes gens de l’aristocratie recevaient un enseignement classique.

Note : 5 sur 5.

Fragment de sarcophage dit aux muses et inscription d’Eufronia

Fragment de sarcophage dit aux muses et inscription d’Eufronia, IIe-IVe siècle
Autun, Saint-Pierre-L’Estrier, Marbre © Ville d’Autun

L’occupation continue de la ville d’Autun depuis sa fondation sous Auguste conduit à de très nombreux remplois de monuments antiques. Ce fragment de sarcophage en est un exemple, mais il s’agit aussi de l’une des plus anciennes inscriptions explicitement chrétiennes d’Autun.
À l’origine, ce bloc était l’angle d’un sarcophage luxueux et caractéristique de l’Antiquité classique, que l’on peut dater du IIe siècle de notre ère. Sur son long côté étaient représentées les neuf Muses, protectrices des arts et médiatrices entre le poète et les dieux. À ce titre, elles accompagnaient régulièrement les défunts dans le décor de leur monument funéraire. C’est ici Polymnie, muse de la rhétorique, qui se tenait à l’extrémité de la scène.
Une inscription a été gravée postérieurement (au IVe ou au début du Ve siècle) sur l’une des faces du sarcophage, sans doute retaillé en plusieurs blocs. Il s’agit de la plus ancienne inscription chrétienne latine d’Autun, qui désigne notamment le sacrement du baptême. Le nom d’Eufronia est d’origine grecque et confirme, avec celui de Pectorios connu sur une autre inscription célèbre d’Autun, l’influence précoce du christianisme auprès de cette population à Augustodunum.

« Eufronia, fille de [.] et de [.], morte dans un naufrage, née la veille des Calendes de Novembre (31 Octobre), elle a reçu (le baptême) l’avant-veille des Ides d’Avril (11 avril), elle est morte la veille des Calendes de Mai (30 avril). »

Fragment de sarcophage dit aux muses et inscription d’Eufronia, IIe-IVe siècle
Autun, Saint-Pierre-L’Estrier, Marbre © Ville d’Autun

Note : 5 sur 5.

Vase diatrète

Vase diatrète, IVe siècle, Autun, Saint-Pierre-L’Estrier, sépulture 46 (fouille 2020)
Verre soufflé et sculpté. Restauration Römisch-Germanisches Zentralmuseum de Mayence
© Hamid Azmoun, Inrap

Ce vase, découvert dans un sarcophage en grès, est un objet particulièrement précieux et connu par une dizaine d’exemplaires en Europe. Mis en forme à chaud, ce bol a ensuite été sculpté à froid dans l’épaisseur de sa paroi jusqu’à former ce décor de « filet » qui semble le recouvrir.
L’inscription « VIVAS FELICITER » (Vis avec félicité), faite de grandes lettres en relief, trouve de rares comparaisons dans le monde antique. Quasiment complet, ce bol présente cependant une lacune : la lettre C manquait déjà lors de son dépôt funéraire.
L’analyse du contenu a permis d’identifier les résidus d’un mélange d’huile, de feuille, de fleurs et d’ambre gris, substance très parfumée provenant des concrétions intestinales du cachalot. C’est la première attestation de ce produit pour l’Antiquité, connu jusque-là au plus tôt par une mention du VIe siècle indiquant qu’il entrait dans la composition d’un parfum pour l’église.

Vase diatrète, IVe siècle, Autun, Saint-Pierre-L’Estrier, sépulture 46 (fouille 2020)
Verre soufflé et sculpté. Restauration Römisch-Germanisches Zentralmuseum de Mayence
© Hamid Azmoun, Inrap

Note : 5 sur 5.

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