Trésors du baroque – La peinture en Bourbonnais au XVIIe siècle
Musée Anne-de-Beaujeu, Moulins
10 février 2024 – 5 janvier 2025
musees.allier.fr
🇫🇷

PRÉSENTATION
Extraits du dossier de presse
Du 10 février 2024 au 5 janvier 2025, le musée Anne-de-Beaujeu consacre sa nouvelle exposition à la commande artistique en Bourbonnais au XVIIe siècle. Période souvent moins bien considérée, le « Seicento » compte pourtant des trésors de la peinture dans cette province ainsi qu’une activité artistique intense, liée aux commandes de la noblesse et du clergé.
La fin du mécénat des Bourbons ne conduit pas à un arrêt des commandes, et de nombreuses œuvres réalisées durant la période moderne par des peintres locaux mais aussi par des artistes d’importance nationale sont conservées, en grande partie dans les édifices religieux du département. Les grandes familles locales, qui sont passées du service des ducs de Bourbon à celui du roi de France sans difficulté, passent commande de tableaux et de décors, pour leurs demeures et chapelles privées. La présence sur le territoire de personnalités prestigieuses, comme Maria-Felice Orini, duchesse de Montmorency, exilée à Moulins à la suite de choix politiques de son époux le duc Henri de Montmorency, va occasionner une nouvelle floraison de tous les arts : architecture, sculpture et peinture. Le Bourbonnais devient alors un nouvel espace de création. De plus, ce territoire n’était pas isolé. Les liens artistiques avec Paris ont continué à se maintenir, notamment par la proche présence de la manufacture de tapisseries d’Aubusson tandis que les commanditaires savaient aussi faire appel à des artistes venus d’autres régions.
Grâce à des prêts, tant de musées nationaux que d’institutions régionales, le musée Anne-de-Beaujeu propose de (re)découvrir cette période, qui a donné naissance à de nombreux chefs-d’œuvre, signés par des artistes comme Laurent de la Hyre, Claude Vignon, Pierre Parrocel, Isaac Moillon, ou Rémy Vuibert, élève de Simon Vouet.
L’exposition présente une trentaine de tableaux provenant d’une dizaine de communes du département de l’Allier mais aussi de musées comme le musée d’art Roger Quilliot de Clermont-Ferrand, le musée de la Visitation à Moulins ou encore le musée du château de la Louvière à Montluçon. La plupart n’ont jamais été exposés et un certain nombre ont été redécouverts ces dernières années. Plusieurs de ces grands tableaux monumentaux ont été restaurés ces dernières années, tels que Moïse sauvé des eaux ou Le Martyre de saint Étienne. La préparation de cette exposition a été l’occasion d’étudier et de restaurer six d’entre eux grâce au soutien financier des communes propriétaires, de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, du Conseil départemental de l’Allier et de la Fondation du Patrimoine.
À cela s’ajoute estampes et dessins empruntés pour l’occasion au cabinet des arts graphiques du musée du Louvre ou à des collectionneurs privés, ainsi que des sculptures et des documents d’archives issus des fonds des archives départementales de l’Allier et de la Nièvre.
Enfin, deux grands décors peints emblématiques de cette période en Bourbonnais sont reconstitués grâce à une scénographie immersive.
Véritable programme de réhabilitation d’un siècle peu considéré et d’un patrimoine souvent oublié au sein des édifices religieux, cette exposition permet de redonner son éclat à cette période de riche création.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
présentée par les commissaires de l’exposition
Giulia Longo et Guennola Thivolle
Ancienne conservatrice du musée Anne-de-Beaujeu, Giulia Longo est conservatrice des estampes et des photographies auprès du département des œuvres des Beaux-Arts de Paris.
Guennola Thivolle est conservatrice des antiquités et des objets d’art de l’Allier et directrice du développement culturel de Moulins Communauté.
Saint Joseph adorant l’Enfant Jésus

Saint Joseph adorant l’Enfant Jésus, Pierre Parrocel, 1694, huile sur toile
Moulins, cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation
© Christian Parisey, Région Auvergne-Rhône-Alpes,
Inventaire général du patrimoine culturel / CMN, 2023
Installés à Moulins depuis 1622, les Chartreux déménagent à partir de 1660 dans de nouveaux bâtiments, dont la façade principale donnait sur la rue de Paris. En 1705, la construction de l’église est achevée. Cette installation donne lieu à de nombreuses commandes d’œuvres d’art et le tableau de Parrocel représentant Saint Joseph adorant l’Enfant Jésus ornait le maître-autel de la nouvelle église.
La scène représente saint Joseph, vêtu d’une tunique bleue et d’une grande draperie jaune, agenouillé devant son fils et lui embrassant le pied. L’enfant, dans sa mangeoire, étendu sur des linges et un petit oreiller, le regarde avec bienveillance. Derrière la mangeoire se tient la Vierge Marie, vêtue de rouge et de bleu, portant une main à son cœur et de l’autre tenant le linge pour dévoiler son fils. On retrouve au premier plan des lys, attribut de saint Joseph, et à l’arrière-plan des jeunes gens vêtus à la mode du XVIIe siècle, s’émerveillant devant le nouveau-né. Anges et angelots dans des nuées viennent surmonter cette scène raffinée, empreinte d’une grande douceur. Le peintre fait se dérouler cet épisode dans un lieu à l’antique, les personnages sont surélevés par un emmarchement et l’arrière-plan est clos par un mur orné de colonnes cannelées. La figure de l’Enfant Jésus marque le centre de la composition. La scène illustre bien l’adoration de l’Enfant Jésus par saint Joseph, mais elle mêle à la fois le thème de la Nativité, avec l’enfant dans sa mangeoire, et l’adoration des bergers, avec l’arrivée des deux jeunes gens.
Le peintre a apposé sa signature en bas, à gauche : « P.PARROCELIN.PIN.VEN.1694 AETATIUS 22 », c’est-à-dire « P. Parrocel l’a peint en 1694 à l’âge de 22 ans ». Issu d’une grande dynastie de peintres originaires du Sud de la France, Pierre Parrocel est moins connu que son oncle Joseph Parrocel ou encore que son cousin Charles. Il a essentiellement réalisé des tableaux d’églises, en particulier à Avignon, sa ville natale, et dans le Sud de la France.
C’est une œuvre de jeunesse qui est conservée à la cathédrale de Moulins, au caractère très décoratif, aux coloris clairs et lumineux rappelant ceux de Noël-Nicolas Coypel ou de Charles Errard. On remarque un grand raffinement dans les bleus, les rouges, les jaunes, les roses, qui dominent la scène, et une grande maîtrise dans la représentation des personnages ou des draperies. On ressent dans cette œuvre les changements de goût qui s’opèrent dans le domaine pictural à la fin du XVIIe siècle. C’est une époque de transition, les grandes figures de la première partie du règne de Louis XIV telles que Charles Le Brun ou Pierre Mignard disparaissent et la nouvelle génération, à laquelle appartient Pierre Parrocel, cherche de nouveaux modèles. S’éloignant de Raphaël et de Poussin, ils réalisent des compositions plus sensuelles, plus tourmentées, plus exubérantes et théâtrales.
Sainte Marie-Madeleine

Sainte Marie-Madeleine, Anonyme, 17e siècle, huile sur toile
Souvigny, prieuriale Saint-Pierre et Saint-Paul
© Jérôme Mondière
L’église de Souvigny conserve une copie fidèle d’un tableau de Guido Reni, Sainte Marie-Madeleine, réalisé en 1633 et conservé aux Galeries nationales d’art antique de Rome. Cette huile sur toile anonyme du XVIIe siècle représente la sainte assise, dans une pose alanguie, à l’entrée de la grotte de la Sainte-Baume. On aperçoit derrière elle un ciel nuageux. Proche de l’extase, elle appuie sa tête sur sa main droite et lève les yeux au ciel. Sa longue chevelure blonde cache à peine sa poitrine dénudée. Sa main gauche est posée sur un crâne. Le cadrage est plus resserré que l’original. Il est possible, même si le rapport de restauration ne le précise pas, que la toile ait été découpée, ce qui pourrait expliquer ce changement. L’œuvre est de qualité. La représentation de la figure féminine ainsi que celle des drapés sont maîtrisées et très raffinées. Le prieuré de Souvigny, site religieux majeur de la région, se voit offrir au XVIIe siècle plusieurs tableaux réalisés par des artistes de talent.
Le Christ au désert servi par les anges

Le Christ au désert servi par les anges, Daniel Hallé, fin des années 1650, huile sur toile
Bressolles, église du Sacré-Coeur
© Christian Parisey, Région Auvergne-Rhône-Alpes,
Inventaire général du patrimoine culturel / CMN, 2023
Le château d’Aigrepont à Bressolles est acheté en 1631 par Jean Harel, conseiller du roi au présidial de Moulins et premier échevin de la ville. En 1656, à la suite de difficultés financières, ce dernier vend définitivement son château à son neveu, Gabriel Giraud. Docteur en théologie, chanoine de la collégiale Notre-Dame de Moulins, official de Moulins pour le compte de l’évêque d’Autun vers 1680, Gabriel Giraud dispose d’une fortune considérable et fait entièrement refaire la chapelle du château entre 1656 et 1665. L’ensemble de la réfection du domaine lui coûte la somme importante de 24 730 livres. C’est pour orner cette nouvelle chapelle qu’il achète la toile représentant Le Christ au désert servi par les anges au peintre Daniel Hallé. Une nouvelle chapelle est construite à Aigrepont au XVIIIe siècle, bénite le 26 avril 1753. La toile a-t-elle été installée dans la nouvelle chapelle ou offerte à la paroisse par la famille d’Aigrepont ?
Il s’agit d’une copie fidèle mais inachevée d’une toile de Charles Le Brun, Le Christ au désert servi par les anges, réalisée vers 1653 pour le couvent des Carmélites de Paris. Il existe de nombreuses copies, parfois partielles, de ce tableau. Le prix, 150 livres, est assez modeste. Cela peut s’expliquer par le fait que le tableau n’est pas achevé. Nicole Willk-Brocard, spécialiste de l’œuvre de Daniel Hallé, précise que « la composition du tableau de Bressolles semble sans hésitation de l’intervention de Daniel Hallé, mais l’œuvre est inachevée et le tableau a beaucoup souffert ; le paysage, les lointains, les nuages et le rideau sont à peine esquissés alors que le visage du Christ, les mains, le panier porté par l’ange sont de belle qualité ». Pressé de décorer sa chapelle, le chanoine de passage à Paris a pu acquérir la toile inachevée auprès de l’artiste qui aurait peut-être promis de venir la terminer sur place, ce qui ne s’est jamais fait. La fin du paiement aurait eu lieu au moment de l’achèvement du tableau.
Trois anges ailés entourent le Christ assis contre un arbre. L’un d’eux lui offre un pain. Un quatrième ange, tout de blanc vêtu, vole au-dessus et porte un large panier rempli de fruits. Deux angelots jouent dans une draperie de couleur orangée qui vient clore la composition dans la partie supérieure. C’est un thème iconographique peu répandu révélant la culture du commanditaire. Malgré son inachèvement, il manque ainsi des anges et des angelots par rapport à la composition initiale de Le Brun. Le tableau présente des qualités techniques et un caractère très décoratif ; on retrouve les caractéristiques du style de Daniel Hallé. On peut noter un aspect maniériste, une grande fraîcheur des coloris clairs et délicats, l’allongement des mains, une certaine torsion des personnages, un travail au niveau des étoffes et des draperies, qui semblent très légères, un grand raffinement en général. Hallé copie fidèlement et avec beaucoup de talent la composition de Charles Le Brun, peintre qui l’a beaucoup influencé.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Trésors de baroque. La peinture en Bourbonnais au XVIIe siècle.
Exposition organisée par le musée départemental Anne-de-Beaujeu de Moulins.
Commissariat : Giulia Longo, conservatrice des estampes et des photographies auprès du département des œuvres des Beaux-Arts de Paris, ancienne conservatrice du musée Anne-de-Beaujeu,
et Guennola Thivolle, conservatrice des antiquités et des objets d’art de l’Allier et directrice du développement culturel de Moulins Communauté.
Où ?
Musée Anne-de-Beaujeu
Place du colonel Laussedat 03000 MOULINS
https://musees.allier.fr/
Quand ?
Du 10 février 2024 au 5 janvier 2025
Du mardi au samedi de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00. Le dimanche de 14h00 à 18h00.
Horaires étendus et ouverture le lundi en juillet et en août.
Retrouvez toutes les informations concernant les horaires et les fermetures exceptionnelles sur le site internet du musée.
Combien ?
Tarif plein : 5 euros
Tarif réduit : 3 euros
Gratuit jusqu’à 17 ans.
Retrouvez toutes les informations concernant les tarifs sur le site internet du musée.
Comment ?
De nombreuses activités sont organisées par le musée Anne-de-Beaujeu dans le cadre de l’exposition (visites commentées, conférences, concert…). Le programme est disponible sur le site internet du musée.
Le catalogue de l’exposition est publié par le Musée Anne-de-Beaujeu et les Éditions Faton (112 pages, 26 euros).
