Noël Coypel, peintre du roi
Musée des beaux-arts de Rennes
17 février – 5 mai 2024
mba.rennes.fr
🇫🇷

PRÉSENTATION
Extraits du dossier de presse
Noël Coypel incarne, à bien des égards, la figure de l’artiste accompli au XVIIe siècle. Sa carrière, qui s’étend sur soixante ans, est exceptionnelle par sa longévité. Elle est aussi remarquable par la qualité de ses commandes. Sous la régence d’Anne d’Autriche (1643-1651) et tout au long du règne de Louis XIV (1651-1715), il participe aux chantiers royaux les plus prestigieux. Il brille également par ses nominations aux têtes des académies de Rome et de Paris. Si son œuvre est grandement oubliée aujourd’hui, cette exposition permet de rappeler, à sa mesure, qu’il a été l’un des acteurs majeurs de la scène artistique du Grand Siècle.
Cette exposition est le fruit d’une étroite collaboration entre le Musée des beaux-arts de Rennes et le domaine national des châteaux de Versailles et de Trianon. Ces deux institutions possèdent les deux plus importantes collections d’œuvres de Coypel. L’artiste occupe également une place notable dans le patrimoine rennais. Il est l’auteur des peintures qui ornent le plafond de la Grand’Chambre du parlement de Bretagne. Ce décor est le plus grand ensemble civil du règne de Louis XIV à nous être parvenu. Trente ans après l’incendie de 1994 qui a failli faire disparaître ce joyau, cette exposition offre pour la première fois une vue d’ensemble de la carrière de cet artiste.
Actif pendant près de soixante ans, Coypel fait partie des rares peintres français à avoir eu une période d’activité aussi longue. Il disparaît, en effet, à 79 ans. Sa carrière couvre le règne de Louis XIV (1643-1715) à quelques années près. Elle témoigne de l’ensemble des possibilités, artistiques ou institutionnelles, alors offertes à un peintre de l’Académie royale. Après sa formation, l’artiste s’est progressivement établi au milieu des années 1640. Entre 1645 et 1661, son activité est liée à celle de son aîné Charles Errard dont il intègre l’équipe. À cette même époque il épouse Madeleine Hérault, elle-même peintre et fille d’artiste.
S’ouvre ensuite une seconde période, de 1661 à 1683, qui débute avec son premier tableau personnel, le May de Notre-Dame et se termine par un changement de politique artistique dû à la mort du principal ministre de Louis XIV, Colbert. Durant ces années, Coypel s’affirme et prend son indépendance. Il se rapproche du nouveau Premier peintre du roi, Charles Le Brun, et obtient de nombreuses commandes de décors dans les palais royaux.
Entre 1683 et 1699, sous les surintendances successives de Louvois et de Colbert de Villacerf, sa carrière atteint son apogée institutionnel avec sa nomination à la tête de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1695. La perte de ce poste en 1699 introduit les dernières années où, Coypel déchargé de ses fonctions officielles, trouve un ultime souffle, influencé par la manière de son fils Antoine. Père de trois enfants, Coypel devient veuf en 1683. Il se remarie en 1685 avec Anne Françoise Perrin, de 25 ans sa cadette. Ensemble ils auront quatorze enfants. Deux de ses fils mèneront une brillante carrière de peintre : Antoine, né du premier mariage, et Noël Nicolas, né du second. Le fils d’Antoine, Charles Coypel, sera également un peintre renommé qui fera briller le nom de la famille jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
présentée par Guillaume Kazerouni
Responsable des collections d’art ancien au Musée des beaux-arts de Rennes
Commissaire de l’exposition
Le Char de Jupiter entre la Justice et la Piété

Le Char de Jupiter entre la Justice et la Piété, vers 1671-1672, huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, V.2012.1
© Château de Versailles, Dist. RMN/ Christophe Fouin
Coypel reçoit, dans les années 1670, deux commandes pour deux des pièces des prestigieux Grands Appartements de Versailles. À l’origine, les peintures du plafond de la salle des Gardes de la Reine étaient destinées au salon de Jupiter. Coypel en reçoit la commande vers 1672. Exécutées à Rome lors de son directorat de l’Académie de France, les toiles sont mises en place en 1679-1680. Les sujets retenus – allégorie de Jupiter sur son char entouré de la Justice et de la Piété et des scènes exaltant la clémence des souverains – convenaient parfaitement à leur destination initiale. En effet, le salon de Jupiter était le cabinet du Conseil, où le roi prenait des décisions relatives à son bon gouvernement. Les épisodes choisis pour les grandes toiles du décor font ainsi écho aux actions vertueuses de Louis XIV. En plus du décor du plafond, Coypel exécute deux peintures destinées à orner les murs de la pièce. L’artiste relate, d’une part, un épisode de l’enfance de Jupiter et, d’autre part, l’un des nombreux sacrifices offerts en son nom. En raison de la construction de la Galerie des Glaces, le salon de Jupiter est détruit. Seuls les décors de Coypel sont conservés et remontés dans la salle des Gardes de la Reine, ce qui souligne l’importance qui leur était accordée. L’ensemble du décor de la salle des Gardes de la Reine a été restauré entre 2015 et 2017.
Cette esquisse achevée (modello) pour le décor du plafond est restée chez les Coypel jusqu’en 1753. Sa composition s’organise autour de la figure de Jupiter, sur son char tiré par deux aigles. Deux allégories l’accompagnent : la Justice (à g.) et la Piété (à dr.), vertus indispensables à l’affirmation et à la pérennité du pouvoir. La légèreté d’ensemble et la subtilité de la palette, où contrastent gris colorés et ocres chauds, concourent à créer l’un des décors les plus raffinés du peintre.
Jésus et la Samaritaine

Jésus et la Samaritaine, vers 1683, huile sur toile
Paris, église Saint-Merry, Ville de Paris,
Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles, COA-MER16/124
© Paris, Ville de Paris, COARC, Jean-Marc Moser
Comme tous les peintres d’histoire de son temps, Noël Coypel n’a pas négligé les enjeux et bénéfices qu’offraient alors les grandes commandes de l’Église et la production d’œuvres de piété privée. Les compositions inspirées de la Bible ponctuent ainsi sa carrière et certaines s’imposent même comme des jalons. Aux premières années de la décennie 1660, appartiennent quelques grandes toiles destinées aux églises de Paris comme le May de Notre-Dame (1661), les toiles de la chapelle des Incurables (1663) ou les tableaux aujourd’hui conservées aux musées de Bordeaux et de Dijon. L’artiste ne travaille alors plus avec Errard. Il affirme dans ces œuvres son style personnel, monumental et très inspiré des formes de l’antiquité romaine. Sa palette de couleur est éclatante et lumineuse. Ces œuvres lui donnent une importante visibilité publique puisqu’elles étaient les seules alors facilement accessible de tous les publics. En 1663 c’est encore avec un sujet biblique, La réprobation de Caïn après le meurtre d’Abel, qu’il intègre l’Académie royale de Peinture et de Sculpture dont faisaient partie tous les meilleurs artistes d’alors. Les nombreux chantiers royaux auxquels participe Coypel dans les années 1670-1700 ainsi que ses charges administratives à l’Académie ne lui laissent plus le temps pour les tableaux d’églises à quelques exceptions près. En 1683 il livre l’un de ses plus grands tableaux, Le Christ et la Samaritaine pour l’église des Chartreux, et en 1700 il exécute son dernier grand format avec La Résurrection destiné à l’église des jésuites de Rennes.
Ce grand tableau est un élément de l’une des plus importantes commandes collectives religieuses du règne de Louis XIV. Il faisait partie d’un cycle de douze tableaux illustrant la vie du Christ commandés pour décorer l’église des Chartreux de Paris (détruit). Les meilleurs peintres de l’Académie, dont le fils de Noël, Antoine, y avaient participé. Le tableau illustre la rencontre et l’entretien entre le Christ et une femme de Samarie. Coypel dispose les deux figures autour d’un puits, le Christ assis sur la margelle et son interlocutrice debout. Campées devant un vaste paysage lumineux, les deux personnages évoquent tant le goût de Coypel pour la statuaire antique et l’art de Nicolas Poussin que son attrait pour les coloris vifs et lumineux.
Triomphe d’Hercule

Manufacture des Gobelins, atelier Le Febvre, d’après Noël Coypel
Le triomphe d’Hercule, 1702-1710
Tapisserie de haute lisse en laine, soie et fils d’or (9 fils de chaine au cm), H.485 ; L.554 cm
Paris, Mobilier national, inv.GMTT/3/3 © Mobilier national
La mort de Colbert et l’accession du marquis de Louvois à la surintendance des Bâtiments du roi en 1683 contribuent à renouveler profondément les sujets des tapisseries de la manufacture des Gobelins, jusqu’alors dominés par les modèles de son directeur, le Premier peintre du Roi Charles Le Brun. À la faveur de cette ouverture, Noël Coypel reçoit la commande des cartons – terme désignant les modèles à échelle utilisés pour le transfert d’une composition en tapisserie – de deux tentures : les Triomphes des dieux en 1684 et les Mois arabesques en 1695, toutes deux inspirées de tapisseries de la Renaissance alors respectivement attribuées à Raphaël et à son élève, Giulio Romano.
Longtemps dépréciés et considérés comme de seuls outils techniques, peu de cartons de tapisserie nous sont parvenus complets ou dans un état de conservation permettant leur présentation. Récemment restaurés, les cartons ici exposés ont recouvré une lecture satisfaisante qui laisse néanmoins perceptible les altérations liées à leur utilisation – à l’instar de leur découpage en bandes (« lés »), indispensable au travail du licier. Alors que la plupart des cartons étaient exécutés par des peintres-cartonniers d’après une maquette du maître, Coypel s’est personnellement investi dans leur réalisation. Le canon des figures – femmes aux corps ronds, putti aux paupières charnues et aux joues pleines… – tout comme la touche enlevée conjuguant empâtements et glacis subtils, expriment pleinement le style de l’artiste et contribuent à inscrire l’ensemble parmi les chefs-d’œuvre de la fin de sa carrière.
Tapisserie de haute lisse en laine, soie et fils d’or (9 fils de chaine au cm), tissée entre 1702 et 1710 et faisant partie de la cinquième tenture exécutée d’après les cartons de Coypel, la pièce dédiée à Hercule, développe des épisodes liés à la vie et aux actions héroïques du dieu de la force. Comme toutes les autres divinités, ce dernier se tient au centre de la composition, sous un édicule au fronton triangulaire soutenu par des colonnettes. La puissante figure nue vêtue de la peau du lion de Némée et tenant la massue est déclinée dans les six compartiments de la partie médiane évoquant quelques-uns de ses exploits : il porte le globe d’Atlas, dompte le taureau de Crète, tue le lion de Némée, étouffe Antée, se bat contre le centaure Nessus et tue les oiseaux du lac Stymphale. Hercule apparaît de nouveau à deux reprises dans la partie basse. Le registre supérieur comporte deux scènes rondes où sont relatées des scènes de l’enfance du demi-dieu.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Noël Coypel (1628-1707). Peintre du roi.
Exposition organisée par le Musée des beaux-arts de Rennes, avec la collaboration des services de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles et le soutien du Musée du Louvre et du Mobilier National.
Commissariat : Guillaume Kazerouni, responsable des collections d’art ancien au Musée des beaux-arts de Rennes, et Béatrice Sarrazin, conservatrice générale du patrimoine au château de Versailles, assistés de Benjamin Salama, docteur en histoire de l’art.
Où ?
Musée des beaux-arts de Rennes
20, quai Émile Zola – 35000 Rennes
https://mba.rennes.fr/
Quand ?
Du 17 février au 5 mai 2024
Du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00.
Fermeture le lundi et les jours fériés.
Combien ?
Tarif plein : 4 euros
Tarif réduit : 2 euros
L’accès aux collections permanentes est gratuit.
Informations concernant les tarifs sur le site du musée : https://mba.rennes.fr/
Comment ?
Le Musée des beaux-arts de Rennes propose de nombreuses animations en lien avec l’exposition : visites guidées pour adultes et enfants, ateliers, conférences, concerts…
Un colloque « Noël Coypel et son temps », organisé par le musée avec le Centre André Chastel (Sorbonne Université), se tiendra le 1er mars à Rennes et le 2 mars à Paris.
L’ensemble de la programmation est disponible sur le site du musée : https://mba.rennes.fr/
Le catalogue de l’exposition est publié par Snoeck (376 pages, 39,90 euros).
