Alberto Giacometti – What Meets the Eye
Statens Museum for Kunst, Copenhague
10 février – 20 mai 2024
www.smk.dk
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PRÉSENTATION
Extraits du dossier de presse
Traduction : Thomas Ménard
Des figures hautes et élancées, avec des matières rugueuses et organiques : l’artiste suisse Alberto Giacometti (1901-1966) est connu dans le monde entier pour ses représentations d’êtres humains aux membres étirés. On les retrouve au cœur des collections de certains des plus grandes musées, comme la Tate Modern de Londres, le Museum of Modern Art de New York ou, à Paris, la Fondation Giacometti et le Centre Pompidou. Au Danemark, on les trouve au Louisiana et même sur la place devant le vieil hôtel de ville de Holstebro. La célébrité de Giacometti repose surtout sur son œuvre sculptée. Cela était vrai de son vivant et le reste encore aujourd’hui, puisqu’il est considéré comme un des plus grands sculpteurs du XXe siècle. Mais l’étendue de son œuvre est bien plus large que cela.
À partir du 10 février 2024, le SMK [Statens Museum for Kunst, Musée national d’art du Danemark] présente l’exposition Alberto Giacometti – What Meets the Eye [Alberto Giacometti. Ce que rencontre l’œil], qui raconte l’histoire de Giacometti à travers les différentes formes d’art qu’il a exploré : la sculpture, la peinture, la gravure et le dessin. Cette grande exposition trouve son origine dans les collections du SMK, qui conserve plusieurs œuvres sur papier de Giacometti. Créée en collaboration avec la Fondation Giacometti de Paris, elle offre l’opportunité de découvrir certaines des œuvres les plus emblématiques de Giacometti (Le Nez, 1947 ; La Cage, 1950-1951 ; L’homme qui marche, 1960), en parallèle avec des œuvres moins connues qui ont rarement été présentées au public. Au total, ce sont 90 œuvres qui sont exposées, en partant des années 1920 et 1930, une période qui laisse une empreinte décisive dans l’art de Giacometti et marque son style et son langage jusqu’à sa mort en 1966.
Giacometti s’installe à Paris à l’âge de 21 ans. À partir de 1930, il fait partie du mouvement surréaliste, autour du poète et écrivain André Breton (1896-1966). Pendant plusieurs années, il est influencé par le langage des surréalistes, qui vise à représenter le subconscient et la vie intérieure de l’humanité. Pourtant, en 1934, sa pratique artistique est marquée par un véritable tournant. Il commence à travailler à partir de modèles et s’intéresse à la réalité physique. L’exposition Alberto Giacometti – What Meets the Eye parcourt les longues années pendant lesquelles Giacometti est obsédé par la perception visuelle et son défi de capturer le monde tel qu’il le voit et le perçoit. Ces sujets les plus courants étaient alors les têtes et les corps. En jouant sur les proportions, la direction, l’espace et la distance, il parvient à traduire ses sensations visuelles à travers des œuvres d’art réalistes et authentiques.
Le questionnement philosophique sur la nature humaine, notamment l’existentialisme et les débats phénoménologiques, joua alors un rôle central dans son art et, à partir de 1941, il entra en contact avec des penseurs tels que Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. L’exposition et le catalogue qui l’accompagne explorent ces relations avec les grands esprits de l’époque. Par ailleurs, ils évoquent les liens étroits de l’artiste avec la ville de Paris, où Giacometti vécu la plus grande partie de sa vie. Par exemple, l’exposition présente plusieurs lithographies tirées du livre Paris sans fin, sur lequel il travailla jusqu’à sa mort et qui décrit la vie dans la capitale française.
UNE SÉLECTION D’ŒUVRES
présentée par Thomas Lederballe Pedersen
senior researcher and chief curator, Statens Museum for Kunst
Traduction : Thomas Ménard

Alberto Giacometti. Very Small Figurine. 1937-1939. Plaster, 4.5 x 3 x 3.8 cm.
Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti / Adagp, Paris, 2024
Alberto Giacometti a été confronté à de nombreux défis, alors qu’il voulait représenter le plus fidèlement possible ce qu’il voyait. Il a notamment eu des difficultés à déterminer une taille qui lui paraissait authentique : la taille idéale pour qu’une figure ou un modèle apparaissent avec des proportions « réelles ». La sculpture intitulée Toute petite figurine illustre bien ces difficultés. Haute d’à peine cinq centimètres, elle est la plus petite des œuvres présentées dans l’exposition. La minuscule figurine évoque le souvenir de sa rencontre, sur le boulevard Saint-Michel à Paris, avec celle qui deviendrait son amie et son amante, Isabel Rawsthorne (Nicholas). Malgré la petite taille, Giacometti est parvenu à capturer son essence, la manière dont il l’a perçue à cet instant précis : toute petite et vue de loin. Tout au long de sa carrière, cette prise en compte de la relation spatiale entre observateur et sujet a imprégné ses recherches sur la taille de ses sculptures.

Alberto Giacometti. Walking Man II. 1960. Bronze, 190 x 112.5 x 28 cm.
Louisiana Museum of Modern Art, Humlebæk. Donation: Ny Carlsberfondet
© Succession Alberto Giacometti / Adagp, Paris, 2024
Dans une lettre de 1948 au galeriste Pierre Matisse, Giacometti fait remarquer que, en plus du personnage et de l’espace, le troisième élément fondamental de son art est le mouvement. Il l’exprime souvent à travers des figures qui ont simplement une jambe devant l’autre, marchant indéfiniment, comme figés dans l’éternité. À l’époque de cette lettre à Matisse, Giacometti travaillait justement sur une grande sculpture d’homme marchant. Une dizaine d’années plus tard, il proposera une variante sur ce thème, à travers une figure du même genre et de la même taille : Homme qui marche II. Avec sa posture dynamique qui donne l’impression d’un mouvement en avant, ce type de personnage crée une dimension dans l’espace. Elle a été comparée avec un type de sculpture équivalent dans l’art de l’Égypte ancienne, que l’artiste connaissait bien. La dimension intemporelle de l’œuvre lui donne un pouvoir symbolique et témoigne de la quête inlassable de l’artiste pour représenter l’essence de l’expérience humaine.

Alberto Giacometti. The Nose. 1947. Plaster, painted metal and corde de coton, 82.5 x 37 x 71 cm. Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti / Adagp, Paris, 2024
Le nez, une sculpture tout autant amusante qu’obsédante, présente une figure squelettique accrochée dans une cage. L’élément le plus fascinant est un nez extraordinairement long, qui dépasse même des barreaux. Si, au premier abord, l’œuvre peut paraître humoristique, elle est pourtant inspirée d’un épisode tragique des jeunes années de Giacometti : la mort de son compagnon de voyage, l’archiviste Peter van Meurs. Dans son texte publié en 1946, Le rêve, le sphinx et la mort de T., Giacometti raconte la vision cauchemardesque du visage du vieil homme : « le nez de plus en plus accentué, les joues qui se creusent, la bouche ouverte qui respire à peine ». L’expérience personnelle de Giacometti, ainsi confronté à la vision de la mort, infuse cette œuvre importante de profondeur psychologique et existentialiste, faisant écho aux traditions surréalistes et invitant l’observateur à contempler le dialogue entre l’imagination et la réalité.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ?
Alberto Giacometti – What Meets the Eye.
Exposition organisée par le Statens Museum for Kunst de Copenhague, en collaboration avec la Fondation Giacometti de Paris.
Où ?
Statens Museum for Kunst
Sølvgade 48-50
1307 København K / Copenhague, Danemark
www.smk.dk
Quand ?
Du 10 février au 20 mai 2024
Du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00. Fermeture à 20h00 le mercredi.
Combien ?
Tarif plein : 130 DKK
Tarif réduit : 95 DKK
Informations sur les tarifs et billetterie en ligne sur le site du SMK : www.smk.dk
Comment ?
Le SMK propose des visites guidées de l’exposition, ainsi que des ateliers de dessin. Horaires et tarifs sur www.smk.dk
Le catalogue de l’exposition est disponible à la boutique du SMK (249 DKK).
