NAPOLÉON // UK // PN // RCT4

Les textes ont été rédigés par Thomas Ménard. N’hésitez pas à lui signaler toute erreur en écrivant à t.menard (a) ladpe.fr. Le Royal Collection Trust ne saurait être tenu pour responsable du contenu de ce parcours.

Note : 5 sur 5.

La bataille de Waterloo (1815)
Tableau de George Jones, 1822

Note : 5 sur 5.

Le champ de bataille
Plan et vue de Charles Smith, 1815

Note : 5 sur 5.

Le manteau de l’Empereur

Selon la tradition, cet objet étonnant fait partie du butin pris à l’Empereur, après sa fuite du champ de bataille de Waterloo, au soir du 18 juin 1815.

Pendant longtemps, les péripéties de la prise par les Prussiens des objets personnels de Napoléon ont été assez mal connues, compliquées par des témoignages souvent contradictoires et des imprécisions sur la nature des biens concernés. En 2012, les décorations du vaincu, aujourd’hui conservées au musée historique d’État de Moscou, ont été exposées au musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, à Paris. À cette occasion, Jean Tulard a dirigé un passionnant ouvrage, où les meilleurs spécialistes ont pu préciser le déroulement et l’ampleur de ce pillage (Jean Tulard, dir., La berline de Napoléon : le mystère du butin de Waterloo, Paris, Albin Michel, 2012). Si les objets de la Royal Collection ne sont pas évoqués, ils nous permettent d’y voir plus clair sur leur histoire.

Note : 5 sur 5.

La « Bannière de location » des ducs de Wellington
Le drapeau de l’année en cours est exposé
dans la Queen’s Guard Chamber, au château de Windsor

Note : 5 sur 5.

Le service commémoratif de la bataille de Waterloo
Conçu par Chamberlain & Co., à Worcester, 1816

De nos jours, les mariages royaux et autres anniversaires donnent lieu à la production et à la commercialisation d’un nombre impressionnant de produits dérivés, qu’on appelle en anglais des « goodies » : mugs, tea towels, assiettes, tee shirts, magnets, etc. Cette tradition est très ancienne, comme en témoignent notamment, sans remonter très loin dans le temps, les nombreuses médailles commémoratives distribuées par Napoléon au cours de son règne. Les monnaies commémoratives des empereurs romains sont un exemple beaucoup plus ancien. Naturellement, la victoire britannique à Waterloo a entraîné la multiplication de tels éléments de propagande nationale. Parmi tant d’autres exemples, les collections royales conservent quelques assiettes commémoratives. Comme les « goodies » d’aujourd’hui, elles n’étaient pas produites comme élément d’un service de table complet, mais pour être vendues à l’unité et exposées dans les foyers britanniques.
L’assiette présentée ici fait partie d’un lot de douze assiettes commémoratives représentant des scènes du champ de bataille de Waterloo. Elles ont été acquises pour le compte du Prince Régent, le 31 octobre 1816, auprès de la manufacture Chamberlain & Cie, basée dans la ville de Worcester, qui était un centre important de production de porcelaine. Chamberlain disposait également d’une boutique à Londres, d’abord sur Piccadilly, ensuite sur New Bond Street, et reçut le titre de fournisseur officiel du Prince Régent en 1807 (Royal Warrant). Depuis sa création en 1783, l’entreprise avait constitué une importante collection de sujets à collectionner, avec des vues de châteaux anglais, des scènes tirées des œuvres de Shakespeare ou l’évocation, comme ici, d’un événement historique de première importance dans l’histoire du pays et du continent.
Cette assiette nous montre une vue de l’auberge, dite Ferme de la Belle-Alliance, et située au lieu-dit éponyme, à quelque distance du champ de bataille. Elle se trouvait en plein centre des troupes françaises au début des combats, mais est surtout connue pour avoir abrité l’entrevue entre les deux commandants des armées alliées, le Britannique Wellington et le Prussien Blücher, au soir de la victoire. Si son nom semble évoquer le beau mariage des premiers propriétaires (l’auberge apparait sous ce nom sur une carte des années 1770), elle est devenue l’expression de l’alliance entre les puissances européennes contre celui qu’on appelait l’Usurpateur. La bataille de Waterloo est ainsi, en quelque sorte, celle de la Belle-Alliance, comme la bataille de Leipzig est celle des Nations et Austerlitz celle des Trois empereurs. Seuls les Allemands semblent avoir gardé le souvenir de ce nom et il y eut pendant longtemps une « Belle-Alliance Platz » à Berlin.

Note : 5 sur 5.

Le fauteuil de Waterloo
Meuble de Thomas Chippendale le Jeune, vers 1818-1820
Exposé dans la Queen’s Guard Chamber, au château de Windsor

En plus des nombreux objets commémoratifs produits en série et diffusés dans l’Europe entière, certains artistes et artisans ont réalisés des œuvres uniques, dont certaines sont aujourd’hui conservées dans les collections royales britanniques (voir également le vase de Waterloo, plus loin).
Ce fauteuil, également exposé dans la salle des Gardes de la Reine du château de Windsor, évoque la bataille à plus d’un titre. Passons rapidement sur le décor, où se côtoient drapeaux, casque, têtes et pattes de lions, guirlandes de feuilles de chêne, inscriptions commémoratives et même un bas-relief représentant un lion au milieu du village de Waterloo, foulant des pattes le drapeau tricolore. Ce qui est plus intéressant, c’est la provenance du bois d’orme dans lequel le meuble est sculpté.
Cet orme se trouvait sur une butte, là où Wellington avait ordonné à ses troupes de se rassembler avant l’attaque finale. A priori, c’est là où se trouve aujourd’hui le Gordon Monument, du nom d’un aide de camp écossais du duc, tué sur le champ de bataille à l’âge de 29 ans. L’endroit appartenait à un paysan, qui y faisait pousser du maïs. Après la bataille et l’apparition presque instantanée d’une forme de tourisme mémoriel à Waterloo, son champ était régulièrement endommagé par des « chercheurs de souvenirs » qui venaient arracher des morceaux d’écorce de l’arbre, devenu, pour les Anglais, aussi mythique que le chêne de saint Louis mais, il faut bien le dire, bien plus réel ! En septembre 1818, le paysan décida donc d’abattre l’orme. Or, la veille de la coupe, un bibliothécaire du British Museum avait visité le site et sa fille avait réalisé un croquis de l’arbre. Ce dénommé John Children (1777-1854) décida donc d’acheter le bois de l’orme abattu et de le faire expédier à Londres. Il commanda plusieurs pièces de mobilier, dont un fauteuil qui fut plus tard offert au duc de Wellington. Le duc de Rutland, avec qui il était allé à l’université, fit également réaliser un fauteuil dans le bois d’orme offert par Children.
L’objet présenté ici est de première importance, puisque le bibliothécaire londonien le commanda à l’illustre ébéniste Thomas Chippendale le Jeune (1749-1822), le fils du Thomas Chippendale (1718-1779) qui avait marqué si brillamment l’histoire du mobilier anglais au XVIIIe siècle. Le fauteuil était destiné à être offert au Prince Régent, et, effectivement, il entra dans les collections de Carlton House le 24 février 1821.

Note : 5 sur 5.

Le vase de Waterloo
Sculpture de sir Richard Westmacott, 1819-1830
Exposé dans les jardins du palais de Buckingham