NAPOLÉON // UK // PN // RCT5

Les textes ont été rédigés par Thomas Ménard. N’hésitez pas à lui signaler toute erreur en écrivant à t.menard (a) ladpe.fr. Le Royal Collection Trust ne saurait être tenu pour responsable du contenu de ce parcours.

Note : 5 sur 5.

Lettre de reddition de Napoléon

Note : 5 sur 5.

Napoléon à Sainte-Hélène
Tableau d’Hippolyte Paul Delaroche, vers 1855-1856

Note : 5 sur 5.

Les journées de Napoléon
Gravure d’Ackermann, 1816

Sur cette gravure, on retrouve Napoléon dans sa pause habituelle : la tenue de colonel, le bicorne porté en bataille (parallèle aux épaules) plutôt qu’en colonne (perpendiculaire) et complété d’une cocarde tricolore, les mains derrière le dos. Que fait-il ? Il observe, peut-être. Qu’avait-il d’autre à faire à Sainte-Hélène ? Sur l’île d’Elbe, l’Empereur était le souverain absolu d’une principauté, qu’on dirait peut-être aujourd’hui d’opérette. Comme il l’avait toujours fait, il avait profité de ce pouvoir presque sans limites (elles étaient surtout financières) pour réformer, organiser, améliorer. Sur l’île de Sainte-Hélène, il n’est plus guère qu’un prisonnier, dont la souveraineté s’étend à peine sur sa demeure.
Du 18 octobre au 10 décembre 1815, Napoléon loge d’abord chez les Balcombe, au pavillon des Briars, en attendant que le logement qui lui a été attribué par les Britanniques soit préparé. Au cours de ces semaines, peut-être les plus agréables qu’il a passé à Sainte-Hélène, il sympathise avec Betsy Balcombe, alors âgée de 13 ans. Il est important de le préciser : Napoléon n’avait pas forcément de préjugés contre les Britanniques en tant qu’individus. S’il s’oppose évidemment au gouvernement de Londres, aux politiciens et aux militaires qui sont à leurs ordres, il sait aussi nouer des relations très cordiales avec certains Britanniques de Sainte-Hélène, de simples particuliers, comme les Balcombe, le docteur O’Meara (l’Irlande fait partie intégrante du Royaume-Uni depuis 1803) ou, d’une autre manière, lady Holland, muse du parti libéral qui, depuis Londres, tente avec son mari de faire fléchir le gouvernement sur le sort réservé à l’empereur déchu et lui envoie de nombreux livres pour agrémenter son exil au beau milieu de l’Atlantique.
Dès décembre 1815, Napoléon doit quitter le charmant domaine des Balcombe pour s’installer à Longwood House, sur le plateau du même nom, balayé par les vents et imprégné d’humidité. L’ancienne résidence d’été des gouverneurs de la Compagnie des Indes orientales a été aménagée dans l’urgence. L’Empereur y dispose de quelques pièces de représentation, d’autres plus intimes (antichambre, salon, salle à manger, cabinet de travail, chambre à coucher, bibliothèque, cabinet de bain). Il y recrée une petite cour où dignitaires et domestiques doivent respecter l’ancienne étiquette des Tuileries. Ce petit monde loge dans les nombreuses pièces à l’arrière de la maison, à l’exception des Bertrand, qui ont leur propre pavillon dans le domaine. Bertrand est toujours grand maréchal du palais, Montholon est chambellan, Gourgaud est écuyer, Las Cases est secrétaire : titres devenus quelque peu ronflants pour ces compagnons d’infortune.
La vie à Sainte-Hélène est bien sûr ennuyeuse, compliquée par les relations conflictuelles entre les compagnons cités à l’instant, compliquée aussi par l’opposition grandissante entre Napoléon et Hudson Lowe. L’Empereur et le gouverneur cherchent tous deux à imposer leur pouvoir. L’Empereur s’amuse à ennuyer le gouverneur avec des questions d’étiquette. Le gouverneur répond en imposant des règles de surveillance et d’isolement de plus en plus strictes. Que reste-t-il à l’ancien souverain ? La lecture, la promenade, le règlement des conflits au sein de sa suite, un peu de jardinage à la fin de sa vie, mais surtout sa dernière grande réalisation politique : mettre en place sa légende.
Afin de réhabiliter son image actuelle et de préparer sa postérité, Napoléon passe des heures à dicter ses souvenirs à ses compagnons d’exil. Bien sûr, tout n’est pas toujours très objectif : comment se présenter comme le grand champion des libertés en Europe sans faire sourire ou froncer les sourcils ? Dans son Dictionnaire, Thierry Lentz donne une description très intéressante de ces Mémoires de Napoléon. Comme il l’indique, il ne faut pas les confondre avec les nombreux écrits de ses compagnons, en premier lieu le colossal Mémorial de Sainte-Hélène de Las Cases.
Dans ces Mémoires, l’Empereur tente de se justifier, en même temps qu’il laisse une sorte de testament politique à son fils, le roi de Rome, relégué à Vienne. Il jette aussi un regard sur le passé, regard subjectif, déformé, et sans doute un peu nostalgique, comme sur la gravure présentée ici. Malgré les nombreuses rumeurs de tentatives pour le faire évader, Napoléon a fini par comprendre qu’il ne quitterait plus sa prison de l’Atlantique Sud.

Note : 5 sur 5.

La Légion d’honneur de l’Empereur
Décoration française, vers 1802-1804