La collection de sir Richard Wallace est en grande partie constituée sous le Second Empire, c’est-à-dire sous le règne de Napoléon III. Ce dernier est à la fois le neveu de Napoléon Ier et le petit-fils de sa première épouse, l’impératrice Joséphine. Rappelons en effet que, pour des questions dynastiques, l’Empereur avait organisé un mariage entre son frère puiné, Louis Bonaparte, et sa belle-fille, Hortense de Beauharnais.
Si la Wallace Collection est notamment célèbre pour ses trésors des XVIIe et XVIIIe siècle français (peintures de Fragonard, Boucher, Greuze, Watteau, mobilier de Boulle et de Riesener, etc.), elle renferme également une exceptionnelle collection de miniatures, dont plusieurs dizaines sont consacrées à l’Empereur et à sa famille. S’y ajoutent quelques tableaux et sculptures, et même quelques pièces de mobilier qui font de la Wallace l’une des plus intéressantes collections napoléoniennes au Royaume-Uni.
Nos autres Parcours Napoléon sont plutôt centrés sur les aspects militaires et les « ennemis » de l’Empereur. Celui-ci est plus intime. En plus de Napoléon lui-même, nous y découvrirons, effectivement, quelques-uns de ses proches : ses deux épouses, Joséphine et Marie-Louise ; son fils, le roi de Rome, et son fils adoptif, Eugène de Beauharnais ; deux de ses frères, Louis et Jérôme, et l’une de ses sœurs, Caroline, ainsi que l’époux de celle-ci, Joachim Murat. Bien sûr, les aspects militaires ne seront pas totalement absents : si le règne de Napoléon ne fut pas une dictature militaire, comme on le dit souvent (l’armée ne participe pas au pouvoir), le fait militaire reste une part importante de ce régime autoritaire. Avec lui, nous passerons la Garde en revue, nous serons à Marengo, à Acre, à Ulm, à Waterloo. Nous le croiserons aussi à l’île d’Elbe, et peut-être même à Sainte-Hélène. Il sera tantôt le général Bonaparte, tantôt le Premier consul, tantôt l’empereur des Français. Une vision assez complète, donc, du grand ennemi des Anglais !
Si les tableaux de sir Richard Wallace sont souvent plus intimes, ils sont aussi, parfois, plus énigmatiques que les grandes compositions martiales des autres collections londoniennes. Comme les caricatures de la Royal Collection, ils prêtent à réfléchir, à s’interroger sur leur sens caché. Mais ils ne prêtent pas à rire : ils sont emprunts de mélancolie, d’une sorte de nostalgie d’un passé révolu, que ce soit pour Napoléon ou pour ses simples soldats. Les portraits de la Waterloo Chamber du château de Windsor affirment la glorieuse satisfaction de tous ceux qui ont combattu contre Napoléon. Certains des tableaux de la Wallace Collection témoignent à l’inverse de la blessure profonde de ceux qui ont combattu pour lui. Nous ne sommes pas dans le palais d’une fastueuse dynastie, mais dans la demeure d’un outsider : le fils illégitime d’un aristocrate britannique, élevé par sa grand-mère paternelle, la marquise douairière, à partir de l’âge de 8 ans, dans le Paris de Charles X, puis de Louis-Philippe. Il grandit dans une France encore tiraillée entre l’Ancien Régime, la Révolution et Napoléon. Une France où les ambiguïtés des gouvernants n’aident sans doute pas les Français à concilier passé, présent et avenir : l’Orléans glorifie Napoléon, le Bonaparte se fait élire Président de la République. Une France, aussi, où triomphe le courant romantique. À la Wallace Collection, les œuvres du XVIIIe siècle célèbrent la joie de vivre, la légèreté, celles du XIXe siècle semblent plus cérébrales, plus sombres.
Ce Parcours Napoléon dans la Wallace Collection est l’un des parcours proposés par la Fondation culturelle francophone de Londres, dont Les Amis du Patrimoine Européen prennent la suite, dans le cadre du bicentenaire de la mort de l’empereur Napoléon Ier, survenue le 5 mai 1821, en territoire anglais. Ces parcours ont fait partie de la programmation officielle de l’Année Napoléon 2021 et étaient soutenus par la Fondation Napoléon et le British Napoleonic Bicentenary Trust.
Le présent parcours a été réalisé grâce au soutien et à la confiance de la Wallace Collection. Que soit ici remerciée toute l’équipe du musée.
Les textes ont été rédigés par Thomas Ménard, porteur du projet de création de la Fondation culturelle francophone de Londres. N’hésitez pas à lui signaler toute erreur en écrivant à t.menard (a) ladpe.fr.
SOMMAIRE




