Les textes ont été rédigés par Thomas Ménard. N’hésitez pas à lui signaler toute erreur en écrivant à t.menard (a) ladpe.fr. La Wallace Collection ne saurait être tenue pour responsable du contenu de ce parcours.
Miniatures
Commençons par une miniature assez originale, puisqu’elle est la seule, à la Wallace Collection, qui représente le jeune Napoléon Bonaparte, alors général de la Révolution. Rappelons que c’est le 22 décembre 1793, peu après la fin du siège de Toulon, où il s’est fait remarquer une première fois pour son génie militaire contre les Anglais, que Napoléon est nommé général de brigade. Deux ans plus tard, le 16 octobre 1795 (24 vendémiaire an IV), il est promu général de division suite à son intervention pour mater l’insurrection royaliste du 13 vendémiaire. Encore quelques jours et, le 25 octobre, il devient le tout puissant général en chef de l’armée de l’Intérieur. Plus tard, il est général en chef de l’armée d’Italie (1796-1797), puis de celle d’Orient (campagne d’Égypte, 1798-1799). Il prend finalement le pouvoir en France à l’occasion du coup d’État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) et dirige le pays avec le titre de Premier consul.

Napoléon Ier comme général Bonaparte (Napoleon I as General Bonaparte), vers 1830-1870, artiste inconnu, © The Trustees of the Wallace Collection, M148, West Gallery III.
Cinq ans plus tard, le Premier consul est suffisamment puissant sur la scène internationale et à l’intérieur de la France pour imposer un régime monarchique à la République : le 18 mai 1804, il devient l’empereur des Français. Il est couronné le 2 décembre, à la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence du pape. Ce nouveau titre et la cérémonie parisienne sont aussi affaire d’image et de communication. Pendant les dix années de son règne, son visage est reproduit à l’infini, sur les pièces de monnaie, dans le marbre des statues, sous le pinceau des grands peintres, pour de gigantesques tableaux d’apparat, mais surtout pour d’innombrables miniatures, qui se répandent dans l’Europe entière et font la promotion du conquérant. Parmi les douze qui sont conservées dans les collections de sir Richard Wallace, certaines le représentent en uniforme de colonel de la Garde, sa tenue quotidienne, d’autres, plus rares, avec tous les attributs du pouvoir impérial.












1ère ligne, à gauche : Napoléon Ier, vers 1806-1810, Jean-Baptiste-Jacques Augustin (1759-1832), © The Trustees of the Wallace Collection, M8, West Gallery III.
1ère ligne, au milieu : Napoléon Ier, vers 1810, Jean-Baptiste-Jacques Augustin (1759-1832), © The Trustees of the Wallace Collection, M9, West Gallery III.
1ère ligne, à droite : Napoléon Ier, 19e siècle, Daniel Saint (1778-1847), © The Trustees of the Wallace Collection, M292, West Gallery III.
2e ligne, à gauche : Napoléon Ier, vers 1810, Jean-Baptiste Isabey (1767 – 1855), © The Trustees of the Wallace Collection, M209, West Gallery III.
2e ligne, au milieu : Napoléon Ier, vers 1805-1810, Jean-Baptiste Isabey (1767 – 1855), © The Trustees of the Wallace Collection, M211, West Gallery III.
2e ligne, à droite : Napoléon Ier, date inconnue, d’après Jean-Baptiste Isabey, © The Trustees of the Wallace Collection, M214, non exposé.
3e ligne, à gauche : Napoléon Ier, 1812, Jean-Baptiste Isabey (1767 – 1855), © The Trustees of the Wallace Collection, M231, West Gallery III.
3e ligne, au milieu : Napoléon Ier, 1810, Jean-Baptiste Isabey (1767 – 1855), © The Trustees of the Wallace Collection, M230, West Gallery III.
3e ligne, à droite : Napoléon Ier, vers 1806, Jean-Baptiste Isabey (1767 – 1855), © The Trustees of the Wallace Collection, M229, West Gallery III.
4e ligne, à gauche : Napoléon Ier, 1810, Jean-Baptiste Isabey (1767 – 1855), © The Trustees of the Wallace Collection, M232, West Gallery III.
4e ligne, au milieu : Napoléon Ier, 1815, Muneret (actif entre 1804 et 1815), © The Trustees of the Wallace Collection, M249, West Gallery III.
4e ligne, à droite : Napoléon Ier à cheval, vers 1820-1830, Horace Vernet (1789-1863), © The Trustees of the Wallace Collection, M313, West Gallery III.
Tableaux
Sur les neuf tableaux qui représentent Napoléon, seul le premier, celui du baron Gros, lui est contemporain. Il date des années 1802-1803, alors que Bonaparte est encore Premier consul. Accompagné d’un officier d’état-major et de deux hussards, il passe les troupes en revue, chevauchant un splendide cheval blanc richement caparaçonné.
Antoine-Jean Gros est présenté au général Bonaparte par son épouse, Joséphine de Beauharnais, lors de la campagne d’Italie. Napoléon lui commande un tableau qui deviendra fameux, Bonaparte au pont d’Arcole (1796, diverses copies, notamment au Louvre et au château de Versailles). Plus tard, le Premier consul et l’Empereur feront appel à lui pour commémorer la campagne d’Égypte (Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa, 1804, musée du Louvre ; Napoléon aux pyramides, 1810, château de Versailles), mais aussi la campagne de Pologne (Napoléon sur le champ de bataille d’Eylau, 1808, musée du Louvre). Après la chute de l’Empereur, Gros reste en France et peint désormais Louis XVIII et sa famille, notamment la duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI et Marie-Antoinette. On pense souvent, à tort, que son titre de baron est d’Empire, alors qu’il date de 1824.

Le général Bonaparte passant en revue les troupes (General Bonaparte reviewing Troops), vers 1802-1803, Antoine-Jean Gros (1771-1835), © The Trustees of the Wallace Collection, P303, West Gallery III.
Tous les autres tableaux de la Wallace Collection sont postérieurs à la mort de l’Empereur. Les deux peintures d’Auguste Raffet, si elles datent de 1845, commémorent des événements précis et datables. Le premier évoque l’un des huit assauts menés contre la ville d’Acre, pendant le siège de la ville, entre le 20 mars et le 21 mai 1799. C’est l’un des épisodes de la campagne d’Égypte, au cours de laquelle le général Bonaparte se retourne contre la Syrie ottomane, alors que le sultan a rejoint la coalition antifrançaise. Fort du soutien des navires anglais, la ville parvient à tenir et le siège se termine par l’abandon des Français. Cet échec est le début d’une tragédie, celle des pestiférés de Jaffa (voir Thierry Lentz, « Massacres et pestiférés de Jaffa », Napoléon : dictionnaire historique, Paris, Perrin, 2020).

Une attaque à Acre (An Attack on Acre), vers 1845, Auguste Raffet (1804-1860), © The Trustees of the Wallace Collection, P747, non exposé.
Sur le tableau suivant, Napoléon Ier est cette fois victorieux. Après la rupture de la paix d’Amiens (1802-1803), le Premier consul regroupe une grande partie de ses armées au camp de Boulogne, en prévision d’un débarquement dans les îles britanniques. Mais les Anglais, pour l’éviter, financent une troisième coalition contre la France. En août 1805, l’Autriche envahit l’allié bavarois et Napoléon, proclamé empereur le 18 mai 1804 et couronné le 2 décembre suivant, fait « pirouetter » les troupes de Boulogne vers l’Allemagne. Bientôt, les armées du général Mack sont contraintes à s’enfermer dans Ulm, encerclées par celles de l’Empereur. Dès le 20 octobre, après seulement quelques jours de siège, les Autrichiens se rendent. 25000 soldats à la solde des Habsbourg sont capturés et tous, sauf les officiers, sont envoyés en France. Les officiers, eux, doivent promettre de ne plus se battre contre l’Empereur. Cette scène est représentée par plusieurs artistes, notamment Charles Thévenin et, ici, Auguste Raffet. Finalement, c’est la bataille d’Austerlitz, le 2 décembre suivant, qui marque l’anéantissement (temporaire) de l’Autriche et de la Russie.

La reddition à Ulm (The Surrender at Ulm), 1845, Auguste Raffet (1804-1860), © The Trustees of the Wallace Collection, P745, non exposé.
La scène qui suit n’est pas datable précisément, mais elle est véritablement universelle : Napoléon qui passe ses troupes en revue dans la cour du palais des Tuileries, à Paris. Une première version, réalisée par Horace Vernet en 1838, est achetée au peintre par l’empereur Nicolas Ier de Russie et est désormais exposée au musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg. Quelques années plus tard, Vernet en fait une copie en grisailles, à l’intention du graveur Jazet, qui souhaite diffuser la scène. L’original est intitulé Un invalide tendant une pétition à Napoléon lors d’une parade dans la cour du palais des Tuileries (Invalid Handing a Petition to Napoleon at the Parade in the Court of the Tuileries Palace). La copie porte un titre bien moins précis, et même erroné : Napoléon passant la Garde en revue sur la place du Carrousel. La scène se déroule bien dans la cour des Tuileries, entre le palais proprement dit et l’arc de triomphe du Carrousel, édifié par Percier et Fontaine, pour Napoléon, en 1809. La place du Carrousel se situe quant à elle au-delà de l’arc de triomphe, qu’on aperçoit à droite, en direction du palais du Louvre. À son sommet, on aperçoit les Chevaux de Saint-Marc. Tout un symbole : ils ornaient autrefois l’hippodrome antique de Constantinople, avant d’être volés par les Vénitiens lors de la quatrième croisade. Napoléon les « emprunte » à son tour, mais ils sont bien sûr rétablis sur la façade de la basilique Saint-Marc à la chute de l’Empire. Au fond, on voit l’aile Napoléon du palais des Tuileries, en construction, avec ses échafaudages. Elle a été construite entre 1807 et 1815, première étape d’une réunion du Louvre et des Tuileries du côté Nord, achevée par Napoléon III quelques décennies plus tard. Sur la copie, l’invalide est bien présent avec sa jambe de bois et ses enfants, sans doute un vétéran des guerres napoléoniennes, mais il n’est pas identifié comme tel dans le titre de l’œuvre. En revanche, la gravure finale cite le nom de quelques-uns des officiers qui accompagnent Napoléon : Eugène de Beauharnais, Murat, Ney, Junot et Duroc. Nous n’avons aucune information sur le chien qui scrute la scène, aussi bien sur le tableau de l’Ermitage que sur celui de la Wallace Collection.

Napoléon passant en revue la garde, place du Carrousel (Napoleon reviewing the Guard in the place du Carrousel), vers 1842-1842, Horace Vernet (1789-1863), © The Trustees of the Wallace Collection, P572, West Gallery III.
Les compagnons de l’Empereur, on les retrouve encore sur le tableau d’Ernest Meissonnier, bien postérieur, puisqu’il date de 1868, peu avant la fin du Second Empire. D’après la notice de la Wallace Collection, Ney et Duroc sont à nouveau présents, rejoints par Berthier, Caulaincourt et Drouot. Apparemment, si on y regarde de plus près, on peut même apercevoir Roustam Raza, le fidèle mamelouk de Napoléon. Il se trouverait, sur son cheval blanc, juste derrière l’officier en uniforme bleu, dans la partie gauche du tableau. On devine son couvre-chef rouge et blanc.

Napoléon et son état-major (Napoleon and his staff), 1868, Ernest Meissonnier (1815-1891), © The Trustees of the Wallace Collection, P290, West Gallery III.
Le musée conserve également deux versions d’un portrait d’Hippolyte Bellangé, représentant Napoléon à cheval, regardant à travers une (courte) longue-vue, et chevauchant à proximité du cadavre d’un soldat, a priori britannique. Une bonne partie de l’œuvre de Bellangé est consacrée à l’épopée napoléonienne (la Moskova, Wagram, Friedland, La Corogne, le retour de l’île d’Elbe), mais aussi aux exploits du petit-neveu de Napoléon, l’Empereur Napoléon III (l’Alma, Magenta).

Napoléon sur un cheval alezan (Napoléon on a Chesnut Horse), 1836, Hippolyte Bellangé (1800-1866), © The Trustees of the Wallace Collection, P671, non exposé.

Napoléon sur un cheval gris (Napoléon on a Grey Horse), 1839, Hippolyte Bellangé (1800-1866), © The Trustees of the Wallace Collection, P683, non exposé.
Les deux tableaux suivants sont très proches, par leur composition et les différents éléments qu’ils représentent. Le premier est signé Vernet et date de la fin des années 1810. Le second est l’œuvre de Bellangé et est beaucoup plus tardif, 1852. Le premier représente un grenadier de la Garde à l’île d’Elbe. Le second n’est qu’un grenadier de la Garde, mais l’ensemble laisse supposer qu’il s’agit également du minuscule empire laissé à Napoléon après la première abdication. L’Empereur est présent dans les deux scènes, dans la partie gauche. Chez Vernet, il est sous un drapeau tricolore, avec un officier qui lui montre la mer, et sans doute plus précisément le navire qui s’y trouve. D’autres officiers, de différents régiments, peut-être des proches de l’Empereur, entourent un canon. Un peu plus loin, des hommes bivouaquent autour d’une marmite qui chauffe sur un feu de camp. Le grenadier nous regarde fixement et fièrement, avec à ses pieds un tambour. Derrière lui, un autre grenadier observe la mer.
Sur le tableau de Bellangé, l’Empereur est plus proche, mais un peu seul, bien qu’accompagné de trois officiers. Le premier Napoléon semblait décidé, les bras croisés, celui-là résigné, les bras derrière le dos. L’artillerie a cédé sa place à la cavalerie. Plus de camp de fortune mais une tente parée du drapeau tricolore. Le grenadier évite notre regard. Il est vieux et semble lassé de son bonnet. Lassé de tout en fait. Comme l’Empereur.
Que s’est-il passé entre ces deux tableaux ? Napoléon est mort, le 5 mai 1821, à Sainte-Hélène. Il a été enterré, deux fois. C’est peut-être la clé du mystère dans ce jeu des différences. Peut-être aussi est-ce Sainte-Hélène qui est représentée, plus que l’île d’Elbe.

Un grenadier de la Garde sur l’île d’Elbe (A Grenadier of the Guard at Elba), vers 1818-1820, Horace Vernet (1789-1863), © The Trustees of the Wallace Collection, P367, West Gallery III.

Un grenadier de la Garde (A Grenadier of the Guard), 1852, Hippolyte Bellangé (1800-1866), © The Trustees of the Wallace Collection, P586, West Gallery III.
Nous terminons cette série, justement, par la mort de l’Empereur. Ce tableau de Vernet est surprenant, surréaliste, presque mystique. Il commence à le peindre en juillet 1821, lorsque la nouvelle de la mort de Napoléon arrive en France. Il le termine quelques mois plus tard.
La tombe de l’Empereur est encore fraiche, on vient de l’enterrer, la pelle est encore sur le sol, tout près du bicorne et de l’épée. C’est comme si Montholon avait enterré son maître lui-même. Il se tient le visage, sans doute pour cacher ses larmes, en soutenant Bertrand et sa famille, éplorés : son épouse, Fanny, et leurs quatre enfants, dont le plus jeune est né à Sainte-Hélène. À droite, les compagnons de l’Empereur, dont certains ont perdu la vie pendant ces vingt années de guerre. Certains portent encore l’uniforme des officiers de l’armée révolutionnaire, certains la perruque poudrée. D’autres sont plus napoléoniens. Certains portent une couronne de laurier. Derrière eux, une nuée de soldats, qui semble emportés par les nuages. Et devant, un étrange individu au costume oriental, peut-être Rustam Raza, peut-être Ali, peut-être un autre.
Bien sûr, l’Empereur a été enterré dans les terres, près d’un ruisseau, mais Vernet a replacé sa tombe sur un éperon rocheux, entouré par les flots. À ses pieds, les débris d’un navire, une ancre. La quille égrène les étapes d’une vie de combats, des victoires et une défaite finale : Rivoli, Pyramides, Marengo, Austerlitz, Iéna, Wagram, Moskova, Montmirail, Ligny, Waterloo. Une couronne de laurier flotte dans les eaux, comme si la gloire de l’Empereur était emportée par les flots. La fin d’une époque. Le début d’une légende.

La tombe de Napoléon (Napoleon’s Tomb), 1821, Horace Vernet (1789-1863), © The Trustees of the Wallace Collection, P575, West Gallery III.
Sculptures
Sur les trois statues de l’Empereur conservées dans la Wallace Collection, la première est bien identifiable. On reconnait le visage de Napoléon, son uniforme et son bicorne. Elle est également datable, puisque le socle porte le nom de l’île d’Elbe. Rappelons quelques dates. Le 3 avril 1814, le Sénat proclame sa déchéance. Le 6 avril, il abdique à Fontainebleau. Le 11 avril, il signe le traité de Fontainebleau : il garde son titre impérial et se voit attribuer la pleine souveraineté sur l’île d’Elbe, vaste rocher de 224 km² au large de la Toscane. Le 20 avril se tiennent les fameux Adieux de Fontainebleau : « Soldats de ma Vieille Garde, je vous fais mes adieux. […] Adieu, mes enfants ! Je voudrais vous presser tous sur mon cœur ; que j’embrasse au moins votre drapeau ! Adieu encore une fois, mes vieux compagnons ! Que ce dernier baiser passe dans vos cœurs ! » Le 29 avril, le toujours Empereur embarque sur une frégate anglaise à Saint-Raphaël. Le 4 mai, il débarque dans son nouvel Empire. Le 26 février 1815, Napoléon embarque à nouveau, pour regagner la France, dans les deux sens du terme. Le temps des Cents-Jours est presque arrivé.

Napoléon Ier (Napoleon I), vers 1814-1815, artiste inconnu, © The Trustees of the Wallace Collection, S230, West Gallery III.
Les deux autres statues sont plus déconcertantes. On n’a guère l’habitude de voir l’Empereur dans le plus simple appareil, surtout en France.
Celle-ci est la version réduite (62,7 cm de haut) de la fameuse statue d’Antonio Canova (3,45 m de haut au niveau de la main gauche). Intitulée Napoléon en Mars désarmé et pacificateur, elle est commandée par le Premier consul, en 1802, au grand artiste italien (Vénitien) de l’époque. Lorsqu’il la termine, en 1806, Napoléon est déjà devenu empereur, et la comparaison avec le roi des dieux était sans doute encore plus flatteuse. Mais il ne l’a découvre qu’en avril 1811 et la refuse : la statue est trop athlétique ! Effectivement… Après la chute de Napoléon, elle est finalement achetée à Louis XVIII par le gouvernement anglais et offerte au duc de Wellington, qui collectionne les œuvres de Canova. L’original se trouve depuis au pied de l’escalier de sa demeure londonienne, Apsley House. Notez qu’une feuille de vigne cache son intimité.
La feuille de vigne est également présente sur la copie en bronze, fondue par Francesco Righetti et son fils Luigi, et qui orne désormais la cour du Palazzo Brera, à Milan. En revanche, Napoléon est « au naturel » sur cette version réduite. Ce qu’on peut croire être une pomme, dans sa main droite, est en fait l’orbe qui supporte une Victoire ailée (c’est un pied, et pas une feuille !). Quant à sa main gauche, elle est en position pour tenir une lance. Lance et Victoire sont bien présentes à Apsley House et à Milan.

Napoléon Ier (Napoleon I), vers 1810-1815, d’après Antonio Canova (1757-1822), fondu par Francesco Righetti (1749-1819) ou Luigi Righetti (1780-1852), © The Trustees of the Wallace Collection, S231, West Gallery III.
Quant à la troisième statue, elle va de pair avec celle de Marie-Louise (voir ce personnage), également présentée à l’antique, mais nettement plus vêtue. Ici, Napoléon est couronné de feuilles de laurier (et peut-être de feuilles d’olivier sur l’autre côté ?). Il tient dans sa main droite un faisceau constitué des attributs et outils des artistes : le rapporteur de l’architecte, le pinceau du peintre, le ciseau du sculpteur. Napoléon est devenu l’empereur des arts, personnification d’Apollon.

L’empereur Napoléon Ier (The Emperor Napoleon I), 1812, François-Aimé Damerat, fondu par Lacour, © The Trustees of the Wallace Collection, S228, West Gallery III.
