La Vierge au baiser
Musée départemental Maurice Denis
Saint-Germain-en-Laye, France
www.musee-mauricedenis.fr
🇫🇷

Fig. 1 : Maurice Denis (en collaboration avec Marcel Poncet), La Vierge au baiser, 1920,
Vitrail, hauteur : 260 cm, largeur : 165 cm,
Musée départemental Maurice Denis, Saint-Germain-en-Laye, PMD 976.1.502
© Fabienne Stahl
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Texte : Fabienne Stahl, docteur en histoire de l’art, attachée de conservation du patrimoine au musée départemental Maurice Denis.
Établissement culturel du Département des Yvelines, le musée Maurice Denis a ouvert ses portes au public en 1980. Installé dans « Le Prieuré », la dernière maison de l’artiste à Saint-Germain-en-Laye, il a reçu l’appellation « Musée de France » en 2003 et le label « Maison des illustres » en 2017. L’ensemble du site – le bâtiment principal de la fin du XVIIe siècle, l’atelier de Maurice Denis et le vaste jardin – est doublement classé, au titre des monuments historiques et des sites naturels.
Le plus important trésor de la collection du musée est sans conteste le décor de la chapelle du Prieuré, entièrement conçu et réalisé par Maurice Denis (1870-1943), avec comme principal joyau son vitrail de La Vierge au baiser (1920), réalisé en collaboration avec le peintre-verrier suisse Marcel Poncet [1] (1894-1953) (fig. 1).
Denis y représente la Vierge à l’Enfant piétinant le serpent, au-devant d’un chemin de vie qui relie symboliquement ancien et nouveau Testaments, signifiant le rôle de Marie médiatrice dans le rachat de l’humanité. L’inscription latine dans un cartouche en bas au centre éclaire le sujet : « Quod Eva tristis abstulit / Tu reddis almo germine / Cœli fenestra facta es » (« Ce que le péché d’Ève nous a enlevé, tu nous le rends par ton fruit nourricier / Tu es devenue la fenêtre du ciel »). Il s’agit ici des vers tirés d’« une hymne ancienne de l’office de la Vierge Marie » que l’on trouve dans les missels.
En bas de la composition, l’artiste représente Adam et Ève chassés du Paradis par l’archange qui brandit « un glaive à lame flamboyante » (Genèse 2, 24), étonnamment vêtu à la manière d’un guerrier assyrien. Dans le registre supérieur, l’ange Gabriel accompagné de la colombe du Saint-Esprit annonce à Marie qu’elle va porter et donner naissance au fils de Dieu – son geste, les mains croisées sur le cœur, signe son acceptation. La Madone, centre du sujet, constitue une variante du thème de la Vierge au baiser peint à plusieurs reprises par Denis (voir par exemple la version conservée au museum Folkwang d’Essen). Porté par le souvenir de Marthe, son épouse disparue en août 1919, l’artiste donne ses traits à Marie. Une grande étude préparatoire (fig. 2) représente le même motif au jardin, avec Marthe en jeune mère, avec son petit chignon porté haut sur le front. Elle embrasse son nourrisson, debout contre elle, les bras en croix – cette attitude préfigure le sacrifice du Christ sur la croix – comme dans la Vierge à l’offrande d’Antoine Bourdelle à l’entrée du musée.

Fig. 2 : Maurice Denis, Étude pour La Vierge au baiser, vers 1919,
Peinture à la colle sur papier collé sur toile, 195 x 90 cm,
Collection particulière © Martine Sautory
Le musée conserve dans ses réserves le carton de la verrière (inv. PMD 976.1.498, 499 et 500) (fig. 3), présenté par l’artiste lors de son exposition à la Biennale de Venise en 1922 et prêté en dernier lieu au musée préfectoral de Niigata en l’an 2000.

Fig. 3 : Maurice Denis, Carton du vitrail de La Vierge au baiser, vers 1920,
Peinture à la colle sur papier entoilé, 269,5 x 171,5 cm (encadré),
Musée départemental Maurice Denis, Saint-Germain-en-Laye, inv. PMD 976.1.498-499-500.
© Catalogue raisonné Maurice Denis
Ce vitrail, qui enchante les visiteurs le découvrant dans la perspective des salles du premier étage du musée (fig. 4), peut également être admiré depuis la tribune de la chapelle à la fin du parcours (fig. 5).
Les amateurs de vitraux sauront apprécier les chefs-d’œuvre en la matière présentés dans le musée, d’autres de Maurice Denis, mais aussi des pièces de Pauline Peugniez, d’Albert Besnard (avec Henri Carot) ou de Jacques Gruber, maître de l’Art nouveau.

Fig. 4 : Perspective des salles du premier étage du musée Maurice Denis
© Fabienne Stahl

Fig. 5 : Vue depuis la tribune de la chapelle du Prieuré
© Nicolas Duprey
[1] Pour un développement, voir notre article : « Maurice Denis, en collaboration avec Marcel Poncet, au cœur du vitrail religieux moderne », Revue de l’art, n° 214/2021-4, p. 98-107.
Pour un aperçu des réalisations personnelles de Marcel Poncet dans le domaine du vitrail, voir : https://vitrosearch.ch/fr/search?q=fulltext:poncet
