Portrait-charge de Lamartine
Musée des Ursulines
Mâcon, France
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Portrait-charge de Lamartine, 1856. Fusain et rehauts de gouache sur papier, 47 x 30 cm.
Musée des Ursulines, Mâcon
© Musée des Ursulines, Mâcon
Texte : l’équipe du musée des Ursulines.
L’illustre écrivain et historien, Alphonse de Lamartine, né le 21 octobre 1790 à Mâcon, passe son enfance en Bourgogne du sud, en particulier à Milly, qui alimentera son inspiration poétique. Au cours de sa vie, il vient à plusieurs reprises dans le Mâconnais se ressourcer et trouver l’inspiration. Nommé à l’Académie française en 1829, Alphonse de Lamartine connaît un succès littéraire sans précédent, notamment avec Les méditations en 1820 ou les Harmonies poétiques et religieuses en 1830. C’est à partir de cette date qu’il entre en politique, se ralliant à la monarchie de Juillet ; en 1833, il est élu député. Son engagement fait de lui une personnalité forte et éclectique du Mâconnais qui connaît un succès grandissant.
Le portrait-charge, exécuté en 1856 par Étienne Carjat, s’inspire de la très célèbre représentation d’Alphonse de Lamartine par le peintre Henri Decaisne (1799-1852). Le caricaturiste Étienne Carjat dote le poète d’une tête difforme et d’un corps allongé. Les références sont accentuées : le dramaturge est affublé des ailes de paon symbole de vanité. Il gratte la minuscule lyre de la poésie devant un lac, écho de ses succès littéraires passés. Quant à ses pieds, ils sont entravés par les boulets de la réalité politique des premiers jours de la Révolution, le 24 février 1848. Les pavots sont tout aussi évocateurs de la somnolence qu’il procure à ses auditeurs tandis que le lévrier tend une sébile évocatrice de ses perpétuels problèmes financiers. Alphonse de Lamartine, choqué, refusa à Étienne Carjat la publication du dessin au sein de sa revue satirique Le Diogène fondée en 1856. La réponse saillante d’Alphonse de Lamartine contraint Étienne Carjat à se raviser : « (…) Je ne puis autoriser sur ma personne une dérision de la figure humaine, qui, si elle n’offense pas l’homme, offense la nature et prend l’humanité en moquerie. (…) Je vous l’ai dit (…), ma figure appartient à tout le monde ; au soleil comme au ruisseau, (…) je ne veux pas la profaner volontairement car elle est présente de Dieu ». Ce dessin s’inscrit dans une longue suite de caricatures qui ont permis la renommée des revues satiriques, notamment du Charivari.
Le musée des Ursulines conserve ainsi un dessin majeur puisqu’il s’avère être la réinterprétation satyrique du portrait d’apparat peint par Henri Decaisne en 1839. Cette acquisition est d’autant plus significative que le musée est situé tout près de l’ancienne maison natale d’Alphonse de Lamartine. On raconte que le père du poète qui demeurait dans cette maison, rue des Ursulines, fut incarcéré provisoirement sous la Révolution dans le couvent qui était alors maison d’arrêt. Le nouvel espace aménagé pour les collections lamartiniennes donne à voir plusieurs facettes de l’existence mouvementée de l’écrivain et homme public, présentant également l’histoire du monument commémoratif érigé à sa mort sur le quai de Saône, encore visible aujourd’hui.

Henri Decaisne, Lamartine et ses chiens, 1839, huile sur toile, 220 x 145 cm.
Musée des Ursulines, Mâcon. Inv. A 86
© Musée des Ursulines, Mâcon

Espace Lamartine du Musée des Ursulines
© B. Mahuet, Musée des Ursulines, Mâcon
