La Madone, par Henri Gaudier-Brzeska
Musée des Beaux-Arts
Orléans, France
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🇫🇷

Henri Gaudier-Brzeska (1891-1915), La Madone (verso : décor supposé de The Miracle), 1912
Huile sur toile, 55 x 43 cm, inv. 2024.22.1, acquis auprès de la galerie Philip Mould
Musée des Beaux-Arts d’Orléans © Ville d’Orléans
Texte : Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans.
Contribution publiée le 4 mars 2025.
« Messie sauvage », « sculpteur maudit », « Rimbaud de l’art », les épithètes d’Henri Gaudier-Brzeska traduisent son statut de mythe de l’histoire de l’art moderne, même si l’artiste mort à l’âge de 23 ans au cours de la bataille de l’Artois, le 5 juin 1915, est aujourd’hui peu connu du grand public. Après une enfance à Saint-Jean-de-Braye, à côté d’Orléans, puis une jeunesse itinérante en Angleterre et en Allemagne, il s’expatrie à Londres en janvier 1911 où il devient un acteur majeur de l’avant-garde internationale, proche d’Ezra Pound et fondateur notamment du vorticisme en 1913.
La Madone est l’une des très seules huiles sur toile connues de Gaudier-Brzeska. Lorsqu’il arrive à Londres au début de l’année 1911 avec sa compagne, la polonaise de deux fois son âge Sophie Brzeska, après avoir tourné le dos à la France, Henri Gaudier est un sculpteur en devenir, autodidacte, anarchiste et fasciné par la sculpture africaine qu’il découvre au British Museum. Le plâtre figurant l’actrice Maria Carmi dans le rôle de la Madone dans The Miracle, une superproduction au succès international joué à l’Olympia de Londres du 21 décembre 1911 au 10 février 1912, est sa première commande. Cette sculpture (plâtre conservé à Kettle’s Yard, fonte posthume au Musée des Beaux-Arts d’Orléans et au Musée National d’Art Moderne), que Gaudier qualifie lui-même de pastiche de la sculpture baroque espagnole, est sa première tentative de se détacher de l’influence de Rodin. Le tableau qu’il en fait, en figurant dans un miroir son reflet en train de la peindre, est un témoignage du rapport complexe qu’il entretient avec la peinture, lui qui a laissé plus de mille dessins et pastels réalisés en l’espace de quatre ans.
L’un des rares tableaux d’Henri Gaudier-Brzeska rejoint ainsi le fonds de référence de l’artiste, rassemblé à partir du don par Jim Ede (1895-1990), en 1956, d’une partie de l’atelier réparti entre Orléans, le Musée national d’art moderne et Kettle’s Yard, à Cambridge. Cette toile, acquise auprès de la galerie Philip Mould, sera prochainement exposé dans le nouveau cabinet consacré à Gaudier-Brzeska dans le parcours des collections du musée.
