Saint Bernard de Tiron
Collège royal et militaire de Thiron-Gardais
Thiron-Gardais, France
www.collegeroyal-thirongardais.com
🇫🇷

Photo : Sophie Deyrolle
Texte : Marie Hénocq-Castanier, Directrice du Collège royal et militaire de Thiron-Gardais, et Maxane Tuffier
Ce tableau de saint Bernard de Tiron est une huile sur bois datant de la première moitié du XVIIe siècle. Il est actuellement conservé au Musée du Collège royal et militaire de Thiron-Gardais (en tant que prêt du centre hospitalier d’Abbeville). Sur le panneau, saint Bernard de Tiron (l’orthographe « Thiron » n’étant que postérieure) est représenté agenouillé dans un paysage et porte dans ses bras les instruments de la Passion. La scène se passe à l’orée d’une forêt. Une lanterne est posée au sol. Une ville avec des remparts est visible à senestre en arrière-plan d’une étendue d’eau.
Saint Bernard de Ponthieu (né à Abbeville en 1046 et est mort à Tiron en 1117), appelé plus tard saint Bernard de Tiron, est un ermite prédicateur au destin de père fondateur. On raconte qu’il allait pieds-nus prêcher dans les villes et châteaux. Il prônait l’obéissance stricte à la règle de saint Benoit : « Ora et Labora », traduit comme « Prie et travaille ».
C’est au XIIe siècle que les disciples qui se rallient à sa cause deviennent trop nombreux, rendant la vie d’ermite impraticable. Il leur faut donc trouver une terre pour s’installer et fonder leur abbaye. La légende raconte qu’une nuit, un des disciples de saint Bernard fit le songe que le comte du Perche, Rotrou III, leur trouverait un endroit pour y fonder leur abbaye. C’est sans attendre que saint Bernard partit trouver Rotrou III qui, bien qu’initialement surpris, leur fit donation d’une terre.
Cependant, les moines clunisiens de l’abbaye de Saint-Denis de Nogent-le-Rotrou, déjà établis dans la région, virent d’un très mauvais œil l’arrivée de ces nouveaux moines sur leurs terres et demandèrent la révocation de cette donation. Rotrou III leur trouva alors une nouvelle terre, mais de nouvelles complications avec les moines de l’abbaye de Saint-Denis se produisirent et le monastère primitif qui y avait été établi fut abandonné. C’est alors l’église de Chartres qui donne à saint Bernard et ses disciples une zone marécageuse, au premier abord inhospitalière, sur la paroisse de Gardais (où s’élève aujourd’hui Thiron-Gardais), en espérant les décourager et leur faire quitter la région.
Les jeunes disciples de Saint Bernard de Tiron parvinrent cependant sans difficulté à transformer le marécage et la construction de l’abbaye débuta en 1114.
Dans cette abbaye, les moines vivaient dans un dénuement le plus total et saint Bernard s’adonnait même au durcissement de la règle de saint Benoit, pourtant déjà austère, en y ajoutant : « qui ne travaille pas, ne mange pas » et « nous éviterons de parler, même pour dire des choses bonnes ». L’abbaye prospéra rapidement, à tel point qu’à la fin du XIII siècle elle devint l’épicentre d’un ordre monastique puissant : l’ordre de Tiron qui comptait 22 abbayes filles et 80 prieurés en France, mais également aux royaumes d’Angleterre et d’Écosse.
Saint Bernard eut le plus long procès de canonisation de l’histoire de la chrétienté. En effet, entre sa mort, survenue en 1117, et sa canonisation, 744 ans se sont écoulés ! Deux raisons à cela : l’opposition de Saint Bernard au pape et le fait qu’aucun miracle ne fut constaté sur sa tombe.
Successivement abbaye au XIIème siècle, puis collège au XVIIème et enfin collège royal et militaire sous Louis XVI, ce patrimoine tomba en désuétude après la Révolution française et fut racheté par Stéphane Bern en 2013. Aujourd’hui ce lieu abrite un musée retraçant son histoire depuis sa création et offre au visiteurs la possibilité de flâner dans un jardin d’un hectare entièrement restauré par le célèbre paysagiste Louis Benech.
