Cardiotaphe de François de Coëtquen
Musée de Dinan
Dinan, France
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🇫🇷

Cardiotaphe de François de Coëtquen, 2e moitié du XVIe siècle
Plomb, 20 x 18 cm x 7.5 cm
Coll. Musée de Dinan (1961.158), don de 1908
© Ville de Dinan
Texte : Elsa Le Borgne, médiatrice culturelle, musée de Dinan.
Le cardiotaphe de François de Coëtquen est un étui en plomb qui conserve un cœur momifié. Sous l’Ancien Régime, selon une tradition aristocratique appelée dilaceratio corporis, le cœur des puissants personnages du royaume était parfois séparé du reste du corps, lors des funérailles. Le cœur était ensuite embaumé à l’aide de plantes comme du romarin, du genévrier ou de l’anthemis. Il était glissé dans un sac de tissu, puis placé dans un étui de plomb. Cette pratique, réservée à l’élite, témoigne du statut de François de Coëtquen, puissant seigneur breton du XVIe siècle, qui sert le roi de France comme capitaine des 100 lances et commande le ban et l’arrière-ban de plusieurs évêchés bretons. François de Coëtquen fut chevalier de l’ordre de Saint-Michel et épousa, en 1517, Françoise de Malestroit, issue d’une autre grande lignée.
Quand François meurt, le 6 mars 1557, son corps est inhumé dans l’église des Jacobins à Dinan, nécropole de l’aristocratie locale. Son cœur, quant à lui, est prélevé et embaumé, pour être déposé à l’intérieur de l’église de Plouasne, dans la sépulture de son épouse Françoise de Malestroit. Cette double sépulture permet à la famille de multiplier les lieux de mémoire, les prières et les cérémonies funèbres, contribuant ainsi à la rédemption de l’âme du défunt, le cœur étant le siège de l’âme, selon Thomas d’Aquin. L’étui en plomb pèse 4,5 kg. Il est orné des armoiries de la famille de Coëtquen et d’un phylactère portant l’inscription : CI-GIST FRANCOIS DE COESQUEN SIEVR DUDIT LIEV. Il présente également une date : le 6 mars 1557, jour de la mort de François.
En mai 1905, lors de travaux dans l’ancienne église de Plouasne, l’étui est mis au jour par des ouvriers. Le maire de la commune confie alors la relique à Paul Delhommeau, érudit dinannais et inspecteur d’école. Il documente scientifiquement la découverte. Il identifie le cœur comme celui de François de Coëtquen grâce aux inscriptions et publie un article dans les colonnes de L’Union Malouine et Dinannaise. Henri George Antoine, marquis du Hallay-Coëtquen, descendant direct de la famille, exprime, ensuite, sa volonté de voir l’objet confié au musée de Dinan, installé alors dans l’ancien château restauré par ses ancêtres. En 1908, le cardiotaphe de François de Coëtquen entre, ainsi, officiellement dans les collections du musée de Dinan. Une vitrine spécifique est créée à cette occasion. L’objet est exposé dans la chapelle du donjon jusqu’aux années 1980, puis mis en réserves.

Cardiotaphe de François de Coëtquen, 2e moitié du XVIe siècle
Coll. Musée de Dinan © Ville de Dinan
