RÉSIDENCE # 03/01

🇫🇷

François Hubert Drouais, Portrait de Buffon, huile sur toile, 1761
Coll. Musée & parc Buffon, Montbard, inv. 98.3.1 © photo X. Spertini

Note : 5 sur 5.

Texte : Tony Fouyer, directeur, et Alicia Leclercq, agent d’accueil et de médiation, musée & parc Buffon, Montbard.

François Hubert Drouais (1727-1775) réalise cette huile sur toile en 1761, apparemment à la demande même du naturaliste Georges-Louis Leclerc de Buffon, plus connu sous le nom de comte de Buffon. Il est alors âgé de 54 ans et est l’intendant du Jardin et du Cabinet d’histoire naturelle du Roi – futur Jardin des Plantes de Paris – depuis plus d’une vingtaine d’année. Membre de l’Académie française depuis 1753, il entame la publication du neuvième tome de son ouvrage, l’Histoire Naturelle.

Ce portrait est la seule peinture officielle du savant bourguignon et deviendra par la suite la source de très nombreuses gravures et reproductions. On y voit Buffon représenté à partir du buste, le corps légèrement tourné vers la gauche. Avec un discret sourire, il semble fixer de son regard sombre le spectateur. Il se tient debout, la main droite négligemment enfoncée dans sa poche de culotte tandis que la gauche repose à l’intérieur de son gilet. Du même bras, il serre contre lui un chapeau noir. La poignée de son épée d’académicien est également visible à son côté. Il est ici représenté avec la coiffure qui le caractérise, ses cheveux blancs étant bouclés en trois rouleaux sur les côtés et attachés par un ruban de velours noir à l’arrière. Il porte une cravate blanche, une chemise visible par les dentelles des manches et du jabot, un gilet en drap de soie dorée ornée d’un décor de fleurs blanches et doublée de fourrure blanche, une veste de velours rouge elle-aussi doublée de fourrure, le tout agrémenté de brandebourgs d’or. Loin d’être un costume choisi uniquement pour ce portrait, Humbert-Bazile, le dernier secrétaire de Buffon, précise dans ses mémoires qu’il connut toujours Buffon avec cette apparence.

Mis à part l’épée, aucun attribut ne permet d’indiquer son statut de savant et de philosophe. De même, l’arrière-plan du portrait, placé dans l’ombre, reste très sobre. Ce fond volontairement estompé et sa posture nonchalante, comme s’il avait été pris sur le vif, contrastent ainsi avec le luxe brillant de son costume. Par cette œuvre, Drouais met en valeur le statut d’homme de cour de Buffon plutôt que d’homme de sciences, tout en laissant transparaître la personnalité de son sujet, connu aussi bien pour ses dentelles et ses coiffures que pour son parler ordinaire et son attitude parfois bourrue.

Le tableau est présenté au Salon de 1761 – Diderot en fera d’ailleurs une critique – avant d’être placé dans le salon de l’hôtel particulier de Buffon, à Montbard. Il y retrouve celui de sa femme, Marie-Françoise de Saint-Belin Malain. Après la Révolution française, le tableau est exposé dans la Salle des Séances de l’Assemblée. Il est ensuite récupéré par l’arrière-petit-neveu de Buffon, Henri Nadault de Buffon, avant qu’il ne connaisse plusieurs années d’errance. Il finira par être préempté pour le compte de la ville de Montbard lors d’une vente aux enchères, le 30 mars 1998, puis intégré aux collections du musée Buffon, où il est désormais exposé.

Le portrait de Madame de Buffon a fait l’objet d’une précédente contribution dans notre série de Trésors de peinture.