Microscope de type Cuff
Musée & parc Buffon
Montbard, France
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🇫🇷

Microscope de type Cuff dans sa boîte d’origine
Première moitié du XVIIIe siècle
Fabriqué à Londres, Angleterre puis exporté en Europe
Laiton, acier et acajou
Coll. Musée Buffon © Musée & parc Buffon, Montbard
Texte : Tony Fouyer, directeur, et Alicia Leclercq, agent d’accueil et de médiation, musée & parc Buffon, Montbard.
Contribution publiée le 21 mars 2025.
Inventé au XVIIe siècle, le microscope connaît un développement technique très rapide au siècle suivant. L’intérêt scientifique et de recherche supplante le simple attrait qu’engendre la curiosité. L’acier et le laiton remplacent le bois et le carton des premiers exemplaires. Les échanges entre savants et artisans se multiplient pour créer un outil à la fois esthétique, pratique et efficace à l’heure où les critiques sur les instruments scientifiques sont particulièrement virulentes.
Ce microscope de type Cuff, en parfait état de marche, a été acquis par la ville de Montbard en 2002. Fixé sur un socle en acajou, le canon du microscope, gradué, est maintenu à la verticale par un pied à coulisse en laiton. L’objet est accompagné d’une boîte de transport et d’une myriade d’accessoires, installés dans un petit tiroir doublé de velours vert. On y retrouve ainsi des sets de lentilles de diverses tailles, 8 languettes numérotées en ivoire dans lesquelles sont incrustées 4 lamelles, certaines déjà préparées, des petites boites d’observation en verre ou en ivoire permettant de contenir graines ou petits animaux, une tige en acier avec pointe et pince pour maintenir les objets observés, etc. Deux fentes sont percées dans la plaque de maintien du microscope pour permettre de changer la disposition de la tige – ou d’ajouter un second miroir concave. Le miroir placé sous le canon est amovible pour mieux capter la lumière.
Le microscope de type Cuff est inventé vers 1740 par le fabricant londonien John Cuff (1708-1772). Il est notamment reconnu pour sa facilité d’usage. C’est également un des premiers microscopes composés ou « double », comme l’indique sa publicité de 1744 : « Description d’un microscope double d’une nouvelle construction auquel on a jouté plusieurs inventions très utiles ». Il fait suite aux versions plus anciennes réalisées par Edmund Culpeper et tente d’en améliorer les défauts. Au début du XVIIIe siècle, le marché est en effet dominé par les microscopes de ce type, dont le canon central est maintenu par trois pieds incurvés. Les pieds en question gênent le positionnement des lamelles. Dépourvu de dispositifs adéquats, il ne permet pas d’observer les objets opaques.
Le Cuff est quant à lui plus stable et plus pratique à installer que les microscopes tripodes car il est possible de faire coulisser l’optique le long d’un axe. Il permet également des manipulations plus rigoureuses et précises puisqu’il peut s’adapter à la forme de l’objet observé. Le miroir placé au-dessous de la lentille permet de réfléchir la lumière et d’éclairer la lamelle par le dessous sans craindre de fausser les observations par la chaleur ou la lumière changeante d’une bougie. Sa fine vis latérale adoucie les mouvements du canon ce qui limite les secousses et offre davantage de précision de visée. Ces nouveaux dispositifs ne l’empêchent cependant pas de posséder quelques défauts. Il n’est pas possible d’incliner son canon et son pouvoir de résolution est très faible. Certaines aberrations chromatiques et sphériques le rendent difficile à utiliser pour des observations de précision scientifique.
Ce type de microscope est reproduit à plusieurs reprises sur des illustrations reprenant le travail de naturalistes et savants. On le retrouve par exemple sur la vignette réalisée par Jacques de Sève dans le volume II de L’Histoire naturelle, générale et particulière. On y voit quatre hommes installés autour d’une table dans un riche intérieur. Buffon y est représenté assis, l’épée au côté, en pleine discussion avec Needham, qui porte l’habit ecclésiastique. Un homme qui pourrait être Daubenton se tient debout, l’œil dans le canon du microscope, devant une bougie protégée par un paravent. La quatrième personne pourrait être un des deux autres collaborateurs de Buffon cités comme présent lors de ces expériences, Guéneau de Montbeillard ou Dalibard. Ce type de microscope est également visible sur un portrait de Daubenton, réalisé en 1785 par Alexandre Roslin et conservé au musée d’Orléans (voir ici) dont le musée Buffon expose une copie – peinte au XIXe siècle par Ligeret du Cloiseau.

Jacques de Sève, vignette « expériences au microscope », Histoire naturelle, vol. 2.
© Musée & parc Buffon, Montbard
