TRÉSOR DE SCULPTURE # 01

🇫🇷

Note : 5 sur 5.

Texte : Agathe Mathiaut-Legros, Directrice des Musées et du Patrimoine de la Ville d’Autun

Le projet muséographique du futur musée d’Autun offre l’occasion de reprendre l’étude et la restauration d’une œuvre majeure de l’art au temps des ducs de Bourgogne : la Vierge à l’Enfant attribuée à Claus de Werve, dite « Vierge Bulliot » ou « Vierge d’Autun ».

Cette sculpture polychrome du deuxième quart du XVe siècle a été commandée par Nicolas Rolin, chancelier de Philippe le Bon, pour orner l’une des chapelles de son église de baptême, Notre-Dame-du-Châtel, située sur la place Saint-Louis d’Autun et aujourd’hui complètement disparue. Elle voisinait avec l’œuvre de Jan Van Eyck La vierge au chancelier Rolin, conservée au musée du Louvre. Lors de la destruction de l’édifice en 1793, la statue fut mise à l’abri, puis cédée à Jacques-Gabriel Bulliot dans la seconde moitié du XIXe siècle. Elle entra dans les collections de la Société éduenne en 1918 et fut donnée à la Ville d’Autun en 1954 pour intégrer les collections du musée.

L’histoire de cette sculpture, haute de 117 cm et pesant 110 kg, a connu bien des aléas. Repeinte à deux reprises depuis sa création, elle porte de nombreuses traces de dévotion et sa surface a été assombrie par la cire, la fumée et la poussière. Elle a été anciennement cassée en deux et très abîmée, probablement lors de la destruction de l’église à la Révolution. Son remontage date sans doute de la première moitié du XIXe siècle, avant qu’elle ne rejoigne les collections de la Société éduenne. Tous ces aléas lui confèrent aujourd’hui un aspect hétérogène et parfois assez différent de l’aspect original : recollage, comblements plus ou moins fidèles de parties manquantes, fragments retaillés, repeints anciens et retouches plus récentes de polychromie… Depuis 1990, les restaurations visent progressivement à retrouver l’aspect initial de la sculpture et notamment sa polychromie.

Le chantier actuel est engagé au centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), en lien avec le musée du Louvre. Il vise notamment à dégager la polychromie d’origine, qui date de sa création, vers 1430-1440. Le manteau doré, les pièces de vêtement et particulièrement les bordures à motifs, le motif de brocards appliqués sur la robe (motif en relief d’aigles aux ailes déployées), les carnations de la Vierge et de l’Enfant pourront ainsi retrouver leurs couleurs d’origine.